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Quand l’achat d’une maison tourne au cauchemar!

le mercredi 17 mai 2023
Modifié à 10 h 57 min le 16 mai 2023
Par Sylvain Daignault, Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Après bien des tourments et des inquiétudes, Ronald Arès et Liliane Kupina sont bien heureux d’avoir retrouvé leur maison. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)

Dans la plupart des cas, une offre d’achat déposée sur une propriété, quand elle est acceptée, est immuable. Mais le milieu de l’immobilier est complexe et réserve parfois son lot de surprises. Parlez-en à Liane Kupina et Ronald Arès de la rue Howard à Longueuil. 

Les enfants partis, elle, ancienne employée chez Hydro-Québec, et lui, architecte en données informatiques, trouvent la maison bien grande et caressent depuis longtemps le rêve de s’établir en Estrie.

Été 2021 : le couple a le coup de foudre pour une propriété située à Saint-Armand, une belle des années 1930 en bordure du lac Champlain. Le couple dépose une offre d’achat conditionnelle à la vente de leur maison. Et, ça tombe bien, quelques jours plus tard, un acheteur fait une offre d’achat sur leur maison de Longueuil.

«Pour nous, notre maison était vendue, la maison de nos rêves achetée. Nous partons en vacances rassurés en nous disant que nous ferons nos boîtes à notre retour en juillet», raconte Mme Kupina. 

Notons que dans les deux cas, les offres d’achat ont été déposées et acceptées, mais personne n’était encore passé chez le notaire.

72 heures
À peine arrivés en Irlande, Liliane et Ronald reçoivent un message vocal de l'agent d'immeuble des propriétaires desquels ils ont acheté la maison. «C’est un ultimatum. Il nous a dit que nous avions 72 heures à l’heure précise que nous avons pris  l’appel pour lui envoyer la lettre de confirmation de l’évaluation de la banque», poursuit Mme Kupina, qui ajoute que le prêt avait déjà été accepté, une formalité dont le courtier avait été mis au courant par leur agent par courriel.

Le couple contacte en catastrophe son agent immobilier, qui ignore tout de cette histoire. «Il était aussi surpris que nous», relate M. Arès. 

Leur agent tente en vain de contacter l'agent des vendeurs. Mais par texto, celui-ci lui répond qu’il part en vacances dans un lieu sans réseau. La représentante de la banque tente aussi de rejoindre le courtier, mais sans succès. 

Mais voilà! L’évaluateur envoyé par la banque de M. Arès et Mme Kupina à la maison de Saint-Armand a essuyé dans un premier temps un refus de la part des occupants. L’évaluation a donc été repoussée, de même que l’envoi des documents à la banque. 

«La banque a essayé de confirmer avec le courtier des vendeurs par téléphone et laissé un message vocal afin de l’informer que tout était beau et que la lettre suivrait. Mais il n’a pas répondu à ses messages», s’insurge encore Mme Kupina. 

Malgré tous les efforts concertés de la banque et de l’agent immobilier du couple, la vente est annulée.

Cette nouvelle les bascule dans le vide. Comme ils ont accepté l’offre d’achat de leur propriété, ils considèrent leur maison vendue. Ils se retrouveront sans domicile à leur retour au Québec.

Désespéré et inquiet, le couple de Longueuillois tente quand même d’apprécier son voyage.   

«Un jour, nous visitions un château et j’ai dit à la blague à Liliane que nous pourrions peut-être vivre ici», ajoute en riant M. Arès qui a dû, en plus, soigner des pierres aux reins et la COVID durant le voyage.   

Recul inattendu 
Quelques jours plus tard, leur agent les informe d’une nouvelle qui, en temps normal, aurait été considérée comme catastrophique : «Il nous a dit que les acheteurs de notre maison ne voulaient plus l’acheter», relate Mme Kupina. 

«Cela a été une véritable bénédiction! Jamais je n’ai été aussi heureuse de déposer mes valises à notre retour!» conclut-elle.

Explications
Selon l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), qui encadre les pratiques des courtiers, «une promesse d’achat est un engagement ferme qui ne peut être annulée par l’une ou l’autre des parties, à moins qu’une clause à cet effet soit prévue».

Selon les explications de l’OACIQ, il peut arriver à celui qui a signé une promesse d’achat, comme c’est le cas du couple longueuillois, de recevoir un avis de 72 heures.

«Lorsqu’un courtier immobilier reçoit une seconde promesse d’achat alors que son client (le vendeur) a déjà accepté une première promesse d’achat, il doit en informer immédiatement le premier promettant acheteur, détaille l’Organisme. Si les conditions de la seconde promesse d’achat sont rencontrées avant celles de la première, le courtier du vendeur doit transmettre un avis de 72 heures au premier acheteur. Ainsi, ce dernier a 72 heures pour enlever ou rencontrer ses conditions sinon, c’est le second acheteur qui aura la propriété.»

C’est ce qui s’est produit pour M. Arès et Mme Kupina.

Toutefois, «si un courtier doit s’absenter au cours d’une transaction ou ne peut être raisonnablement disponible, il a l’obligation de se faire remplacer auprès de ses clients», précise l’OACIQ.

@ST:Leçon
Mme Kupina raconte son histoire dans un manuscrit, La maison qui ne voulait pas être vendue

«Le but de ce livre est de dénoncer ces pratiques légales aux clients qui pensent naïvement avoir acheté une maison lorsqu'ils apposent leur signature sur le contrat et que le prêt a été accepté à la banque», explique-t-elle. 

Pour Mme Kupina, s’il y a une leçon à tirer de toute cette histoire, «c’est que seuls les documents notariés nous protègent quand vient le temps d’acheter ou de vendre une maison». 

Liliane Kupina raconte son histoire dans un manuscrit envoyé à quelques éditeurs. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)