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Capsules historiques

Quand les femmes d'ici armaient les Alliés contre Hitler

le mercredi 08 mars 2017
Modifié à 14 h 51 min le 24 février 2020

Peu nombreux sont ceux qui savent que des milliers de femmes de Longueuil et des environs ont activement participé à l'effort de guerre durant la Seconde Guerre mondiale. De 1939 à 1943, des milliers de travailleuses d'une usine de Longueuil appartenant à la compagnie Fairchild Aircraft ont mis la main à la pâte pour la fabrication de plus de 600 avions Bristol Bolingbroke Mark IV, un appareil qui a joué un rôle clé pour la défense du Canada durant le conflit. Surnommé Boly, le Bolingbroke Mark IV était un avion-patrouilleur maritime utilisé par l'Aviation royale canadienne. Son rôle était d’effectuer des patrouilles côtières afin de contrer les sous-marins allemands, les fameux U-Boots, ainsi que d'effectuer des missions de reconnaissance et d’entraînement. L'appareil inspiré du bombardier britannique Bristol Blenheim possède une place de choix dans l'histoire de l’industrie aéronautique manufacturière québécoise, étant le premier avion canadien fabriqué entièrement en métal. Fairchild Aircraft La compagnie Fairchild Aircraft, dont le siège social est situé à Farmingdale, dans l’État de New York, ouvre une filiale canadienne à Longueuil en 1930, sur le chemin du Bord-de-l’Eau. Au cours des premières années, l’usine de Longueuil produit principalement des hydravions destinés à la photo aérienne et au transport des personnes et du matériel dans les régions nordiques. Mais lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, le Canada, loin des lieux de combats, devient, avec les États-Unis, l'arsenal des pays alliés. L’usine Fairchild de Longueuil en profite pour développer une industrie de guerre et prend de l’expansion en engageant de plus en plus de personnel pour la fabrication des bombardiers Bolingbroke. L'usine se dote alors d’une base d’hydravions en face de l’usine comprenant des quais, un chemin cimenté, des grues pour soulever les appareils et un yacht pour les réparations. Derrière l’usine, elle dispose également d’un aéroport de quatre pistes de 580 mètres de longueur et de 60 mètres de largeur. Durant les années qui suivent la guerre, la compagnie connaît cependant une dure récession, la tentative de reconversion de son usine en une fabrique de maisons usinées n'ayant pas le succès escompté. Elle ferme définitivement ses portes en 1950 et vend ses bâtiments à la boulangerie Weston. Ces installations n’existent plus aujourd’hui. Main-d'œuvre féminine Au maximum de son activité, la Fairchild de Longueuil emploie 4500 travailleurs, dont en majorité des femmes. Cette période de notre histoire est marquée par l'arrivée massive des femmes dans les usines de guerre, surtout après 1942, alors qu'une partie de la main-d'œuvre masculine est appelée sous les drapeaux. Ainsi, sur une population totale de 11 millions, seulement quelque 600 000 femmes canadiennes occupent des emplois permanents au début de la guerre. Ce chiffre doublera, passant à 1 200 000 pendant le conflit. En 1943-1944, le niveau d'emploi a atteint son maximum alors que 439 000 femmes sont actives dans le secteur des services, 373 000 dans l'industrie manufacturière et 4000 dans la construction. Grâce à leur taille plus petite et à leur meilleure dextérité manuelle, ces travailleuses excellent dans les travaux de précision des domaines de l'électronique, de l'optique et de l'assemblage. Musée de l'aviation de Montréal Le Bristol Bolingbroke Mark IV tient présentement la vedette au Musée de l'aviation de Montréal. Fondé en 1998, le Musée, connu jusqu'à tout récemment comme le Centre canadien du patrimoine aéronautique (CCPA), est un organisme privé sans but lucratif voué à la préservation et à la promotion de l’héritage aéronautique canadien, avec un intérêt particulier pour le patrimoine québécois. En plus de ses activités muséales, le bâtiment compte une galerie d’art, un centre de documentation, des ateliers pour la restauration d’aéronefs et la fabrication de répliques.