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Québec réunifié : elle se bat pour ramener son mari au Québec

le dimanche 22 octobre 2023
Modifié à 10 h 11 min le 19 octobre 2023
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Sonia Ouellette et Jose Maria Torres Olan ont uni leur destinée en janvier 2022. Une semaine plus tard, ce dernier était expulsé. (Photo: gracieuseté)

Le 26 janvier 2022, au palais de justice de Longueuil, Sonia Ouellette épouse Jose Maria Torres Olan, un ressortissant mexicain au Québec depuis 2019. Mais au lieu de partir en voyage de noce, Jose est expulsé du Canada une semaine plus tard. Depuis, Sonia se bat avec énergie pour que son mari puisse revenir au Québec. Elle a même cofondé le collectif Québec réunifié pour aider les gens dans la même situation.  

«En juillet 2021, nous nous sommes rencontrés sur un chantier, raconte Mme Ouellette. J’étais signaleuse routière et lui travaillait sur le chantier. Ça a été le coup de foudre instantané!»

Sonia Ouellette qualifie de déraisonnables les délais pour les regroupements familiaux. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault) 

Trois mois plus tard, les deux tourtereaux vivent ensemble. Mais des nuages menacent le bonheur des deux amoureux. «Jose était au Québec depuis trois ans et était en attente de son statut. Et malheureusement, la décision a été prise de le retourner au Mexique.»

C’est le cœur gros que le nouveau marié monte dans l’avion en destination du Mexique le 3 février 2022. «On lit partout que le Québec manque de main-d’œuvre. Jose avait un bon emploi dans la construction. Il participait à la société. Il n’était pas à la charge de personne. Dans son petit village au Mexique, il travaille pour 15$ par jour», indique-t-elle.

Parrainage
Le 24 mai 2022, Québec a reçu la demande de parrainage de Mme Ouellette. En résumé, celle-ci s’engage à être totalement responsable de Jose durant trois ans, ce qui ne lui fait pas peur, car l’ancien employeur de son époux est prêt à le reprendre dès son retour au pays.

 

Mais il y a un problème : «Les délais étaient alors de douze mois. Aujourd’hui, au Québec, les délais sont de vingt-sept mois!» lance Mme Ouellette en précisant que ce délai dans les autres provinces est de dix mois.

Mme Ouellette a approché ses députés locaux, mais sans succès. 

Québec réunifié
Petit à petit, la combattante a rencontré des gens dans la même situation. Puis, le collectif Québec réunifié est né. 

«Nos familles souffrent énormément de cette séparation. Nous avons fait des manifestations, nous avons collecté des données sur un grand nombre de personnes vivant cette situation poursuit-elle. Notre collectif est également allé à l’Assemblée nationale du Québec et nous avons reçu une motion de refus en moins de 24 heures. Le gouvernement ne veut pas nous rencontrer.»

Plus de 36 800 familles québécoises sont dans la situation de Sonia et Jose. Et le quota fixé est de 10 600 regroupements familiaux par année. «Ces délais excessifs ont de lourdes conséquences. Des mères accouchent seules, des pères manquent les premières années de leurs enfants», relate-t-elle.    

Marche de l’amour sans frontière
Au lieu de célébrer Noël en famille, Sonia Ouellette et d’autres personnes dans la même situation entreprendront le 24 décembre une marche de Montréal à Québec. «Nous allons marcher ces 270 kilomètres pour dénoncer les délais déraisonnables en matière de parrainage», soutient Mme Ouellette.

Et que fera-t-elle une fois à Québec? «Au premier ministre Legault, je vais lui souhaiter un beau temps des Fêtes en famille. Mais moi, je ne serai pas avec mon mari.»

Après une pause, sur le ton de la confidence, elle ajoute : «Mon mari s’en veut de me faire vivre ça. Mais je lui dis que ce n’est pas lui, c’est le gouvernement du Québec qui nous fait vivre ça.»