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Opinion

Qu’est-ce que le trouble développemental du langage ?

le mardi 16 octobre 2018
Modifié à 5 h 27 min le 16 octobre 2018
Au Québec, on estime qu’environ 9% des enfants commençant l’école présentent un trouble de langage. À 12 ans, plus de 70% d’entre eux auraient encore des difficultés persistantes sur le plan du langage (Ordre des orthophonistes et des audiologistes du Québec, 2014). Même si l’incidence des troubles de langage est élevée, cette problématique demeure peu connue du public. Pourquoi en est-il ainsi? Selon un article de Rice paru cette année chez Orthophonie et audiologie Canada, la terminologie serait le principal obstacle aux efforts de sensibilisation. En effet, les termes «dysphasie», «trouble primaire du langage» et «trouble d’apprentissage à base langagière», pour n’en nommer que quelques-uns, ont largement circulé dans les dernières années. Ces termes ont été utilisés de manière interchangeable alors qu’ils représentaient une même problématique. Un groupe d’experts international nommé CATALISE, qui comprenait des orthophonistes, des psychologues et des enseignants, a donc été créé afin de remédier à la situation. Ils ont analysé de façon systématique plusieurs termes permettant de poser un diagnostic clinique. C’est le terme «trouble développemental du langage (TDL)» qui est ressorti comme étant la meilleure solution terminologique. Selon le groupe CATALISE, le TDL se définit comme l’ensemble des problèmes de langage pouvant avoir des impacts sur la communication ou sur les apprentissages au quotidien. Ces problèmes, peu portés à se résorber d’eux-mêmes, surviennent en dépit d’une condition biomédicale connue. Bien que certains parents ou intervenants craignent que le terme «trouble» ne soit associé à une stigmatisation négative, il peut comporter certains avantages. Tel que le mentionne Rice (2018), il a l’avantage d’être conséquent avec la terminologie d’autres troubles existants tels que le trouble du spectre de l’autisme et le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Qui plus est, il est également relié au terme «trouble de langage» du DSM-5. L’utilisation d’un même terme peut également faciliter la communication et la sensibilisation entre les professionnels, les familles et le grand public. Des initiatives, comme la campagne Raising Awareness of Developmental Language Disorders au Royaume-Uni, ont adopté la terminologie du TDL. Et vous, aviez-vous déjà entendu parler du TDL?

 

Édith Lambert-Bonin Orthophoniste et coordonnatrice de la Clinique pédagogique du collège Charles-Lemoyne