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Santé

Recherches à l’UdeS: pour de meilleurs soins pour les personnes atteintes de cancer

le vendredi 30 novembre 2018
Modifié à 15 h 35 min le 30 novembre 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

RECHERCHE. Au-delà du développement de traitements médicaux, de nombreuses solutions peuvent être apportées pour améliorer la qualité des soins et services que reçoivent les personnes atteintes de cancer tout un long de leur parcours. C’est ce sur quoi se penchera la nouvelle Chaire de recherche sur l’amélioration de la qualité et la sécurité des soins aux personnes atteintes de cancer qu’accueille l’Université de Sherbrooke (UdeS) et le Centre de recherche Charles-Le Moyne – Saguenay-Lac-Saint-Jean sur les innovations en santé (CR-CSIS). Dominique Tremblay, professeure de l’École des sciences infirmières à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS et chercheuse au CR-CSIS, en est la titulaire. L’humain «Les recherches comme celles de Dominique portent sur les personnes, sur l’humain, a présenté la directrice du centre de recherche Maryse Guay, à propos de sa collègue de longue date, une «infirmière de terrain» de l’Hôpital Charles-Le Moyne qui a poursuivi en parallèle ses études doctorales et postdoctorales.. Est-ce que la personne atteinte d’un cancer a l’impression qu’elle est bien accompagnée, soutenue? A-t-elle l’impression que l’information circule bien parmi les professionnels? Dominique prend en charge ces questions et apporte des solutions très concrètes qui vont améliorer la qualité de vie de ces personnes.» Parmi les objectifs des travaux de la chaire figure celui de cibler les problèmes auxquels sont confrontés les patients et de trouver des solutions réalistes pour chacun des milieux. «C’est important de s’assurer qu’on se centre sur les perceptions et préférences des personnes touchées par le cancer, a évoqué la professeure Tremblay, en conférence de presse le 28 novembre. Ce sont eux qui ont la meilleure connaissance du parcours.» «Il y a un certain fonctionnement en silo dans le système de santé, a-t-elle poursuivi. Comment on va s’assurer, à l’intérieur des travaux, que les gens ne tombent pas dans les failles du système? On se bat contre ça.» Le développement d’outils pratiques, la formation de la relève scientifique et clinique ainsi que la diffusion claire et rapide des résultats sont autant de visées des projets à venir.
Une personne sur deux sera atteinte d’un cancer et une personne sur quatre en décèdera, selon les plus récentes statistiques
Les projets de la chaire s’inscrivent dans la continuité des travaux de Dominique Tremblay, qui ciblent des forces et pistes de solutions sur lesquelles il importe de miser, notamment les infirmières pivots, un meilleur travail en réseau et l’importance d’offrir des soins coordonnés. «Avec tout un réseau de partenaires, j’ai conçu des stratégies d’échange permettant de bien saisir les enjeux et les préoccupations des personnes atteintes de cancer et de leurs proches, a-t-elle expliqué. La chaire permettra de canaliser ces échanges.» Don de 1 M$ La Fondation Hôpital Charles-LeMoyne remettra 1 M$ sur cinq ans pour soutenir les travaux de la chaire. Selon la directrice de la Fondation Nathalie Boudreau, l’avancement des soins passe inévitablement par un soutien massif à la recherche. [caption id="attachment_60561" align="alignleft" width="521"] Le vice-recteur à la recherche et aux études supérieures Jean-Pierre Perreault; Maryse Guay; Dominique Tremblay; Nathalie Boudreau; Pierre Cossette; et le doyen de la Faculté de médecine de l’UdeS Dominique Dorion[/caption] «Cet investissement de la Fondation pour le Centre de recherche est majeur, certes! Mais il est assurément le legs le plus précieux que l’on puisse offrir aux générations futures.» Elle inscrit d’ailleurs ce don dans le grand virage qu’a opéré la Fondation depuis le lancement de sa campagne de financement au printemps, soit de créer un réel impact pour la communauté et de soutenir des projets qui élèvent les pratiques pour le bénéfice du savoir et du mieux-être. «Personnaliser davantage les interventions auprès des patients et leurs proches, former des professionnels hautement qualifiés, optimiser les soins offerts; autant de résultats tangibles qui permettent de mobiliser les donateurs qui veulent poser un geste concret et porteur pour leur communauté», a-t-elle ajouté. Le recteur de l’UdeS Pierre Cossette a remercié la Fondation pour cet appui visionnaire qui «fait une énorme différence pour le développement de la recherche en santé sur la Rive-Sud, recherche qui a des retombées directes pour les patients». Aux yeux de la directrice du centre de recherche, le lancement d’une chaire «est un moment important. Ça démontre que notre milieu croit en ce qu’on fait, en la pertinence de nos recherches pour améliorer le système de santé», a soutenu Maryse Guay.    

Objectif: collaboration

L’une des clés majeures pour assurer une continuité et un traitement personnalisé des soins constitue, selon Dominique Tremblay, la collaboration et la coordination entre les nombreux médecins, spécialistes et intervenants appelés à agir auprès des personnes atteintes de cancer. Actuellement, cette collaboration repose en grande partie sur le leadership de certains médecins. «Ça nous prend des gagnants, mais il faut aussi trouver des façons pour les encourager, avoir des outils d’évaluation rapides, former les infirmières à mieux travailler avec les médecins», évoque-t-elle. À ce titre, les infirmières pivots, auxquelles Mme Tremblay s’est intéressée dans ses travaux, peuvent apporter beaucoup. L’infirmière pivot devient, au sein d’une équipe, la référence pour les patients – dont elle connait le parcours. «Par définition, les infirmière connaissent bien le système de santé, elles sont bien outillées pour accompagner les personnes.» Améliorer les soins de santé aux personnes touchées par le cancer passe également par une meilleure équité d’accès aux soins et services et par la réduction des délais à chaque étape du parcours. La professeure souligne que si les délais pour détecter un diagnostic se sont améliorés, il en est autrement dans les cas de récidive ou de nouveau cancer. Les patients se sentent délaissés à la fin du processus. «On nous dit: on est mis dans le papier bulle par l’équipe de cancérologie, mais quand nos traitement sont finis, ce n’est pas fini. Il reste des effets secondaires, des enjeux de retour au travail, les liens avec la famille se refont différemment. Il faut donc voir comment ils pourront retourner en première ligne, libérer du temps pour ceux qui ont un besoin de traitement aigu.»