Actualités

Redéveloppement: des démarches sont en branle

le mardi 10 novembre 2020
Modifié à 17 h 00 min le 05 novembre 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Des démarches ont déjà été entreprises au sein de la Ville afin d’entamer la réflexion sur la modification réglementaire pour encadrer la densification.

À lire aussi: Des voix s'élèvent pour une redéveloppement plus harmonieux | André Forcier lance un (deuxième) cri du coeur pour Ville Jacques-Cartier

«On est très préoccupés par cette situation, ça fait plusieurs mois qu’on réfléchit à cette question au cabinet de la mairesse», a indiqué le conseiller Éric Bouchard le 20 octobre.

La mairesse Sylvie Parent considère essentiel de brosser le portrait des bonnes pratiques dans d’autres villes avant d’agir. «C’est un enjeu très sensible, qu’il ne faut pas prendre à la légère», a-t-elle signifié au Courrier du Sud.

Les présidents des Comités consultatifs d’urbanisme (CCU) des trois arrondissements se sont récemment rencontrés, à l’initiative de Nathalie Boisclair, qui préside celui de Saint-Hubert. Des discussions sont aussi en cours avec le directeur de l’urbanisme. «Mon objectif est que nous collaborions afin que l’ensemble du territoire soit visé par les changements et fasse l’objet d’une réflexion sur notre vision à long terme», a expliqué Mme Boisclair.

Le président du CCU de Greenfield Park, Robert Myles, constate que le phénomène commence à poindre dans son arrondissement.

«La réalité peut être différente d’un arrondissement à l’autre, mais on veut établir un plan de match.» «Il doit y avoir une densification harmonieuse des paysages architecturaux», fait valoir la présidente du CCU du Vieux-Longueuil Monique Bastien.

Unanimes sur l’«urgence d’agir», les élus de Saint-Hubert entreprendront la modification réglementaire dès novembre. Mme Bastien lance plutôt un appel à la patience, car ces modifications doivent suivre certaines étapes et faire l’objet de consultations.

Au-delà des modifications réglementaires, la conseillère municipale Colette Éthier croit que des changements doivent être apportés sur le terrain.

«Ça nous prend des inspecteurs pour faire respecter les règlements et il faut que la culture à l’interne suive la volonté de changement.» La Ville devrait aussi envisager que les permis de démolition soient émis par les CCU, suggère-t-elle.

La réglementation en place 

La Ville est tenue de délivrer les permis de construction aux demandes conformes à sa réglementation. Celle-ci prévoit certaines dispositions afin d’encadrer les constructions, pour limiter le nombre d’étages, par exemple.

Des amendements peuvent être apportés à ces règlements. Dans chaque arrondissement, un comité consultatif d'urbanisme (CCU) constitué d’élus, de citoyens et de fonctionnaires, émet des recommandations quant aux modifications réglementaires.

Il se penche sur le zonage, les plans d'implantation et d'intégration architecturale (PIIA), les dérogations mineures, entre autres. À Longueuil, cette réglementation date du début des années 2000, rappelle la Ville.

«Depuis, la rareté grandissante des terrains a pu favoriser la reconversion de terrains accueillant des maisons unifamiliales en duplex et en triplex.» Une longue démarche est en cours depuis trois ans afin de réviser le Plan d’urbanisme de la Ville. Selon le conseiller municipal Éric Bouchard, la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable travaille sur ce dossier. «En 2021, il y aura une règlementation à cet effet.»

Les bienfaits de densifier

Le Plan métropolitain d’aménagement et de développement de la Communauté métropolitaine de Montréal, adopté en 2011, a établi des seuils de densification auxquels les villes doivent se conformer.

Densifier contribue à réduire l’étalement urbain et les coûts des municipalités en infrastructures, et à augmenter le nombre d’habitations sur le marché immobilier, entre autres.

La densification n’est pas sans effet sur les rôles d’évaluation, relève la conseillère Nathalie Boisclair. Au cours des dernières années, la valeur des terrains autour des pôles de transport collectif a augmenté et celle des maisons a diminué. Un facteur qui peut expliquer le nombre de transactions immobilières où le terrain est dans la mire, et la maison démolie.  

« On respecte les règles »

Les deux constructeurs contactés par Le Courrier du Sud affirment respecter les règles en vigueur.

«Ce que les villes me demandent, je l’applique. Je n’ai pas le choix», dit simplement Alain Lessard, à la tête de Gestion et Construction Alain Lessard. Forcément, les exigences varient d’une ville à l’autre.

«À Saint-Lambert, il y a plus de restrictions», donne-t-il en exemple. Constructions Archi-Maître, particulièrement présent à Longueuil, confirme aussi respecter la réglementation municipale et les normes qui régissent la construction.

«Jamais Archi-Maître n’a démoli ou construit un bâtiment sans préalablement obtenir tous les permis des différents services municipaux visés», mentionne l’entreprise, par l’entremise de son avocat.

Embellir les quartiers

Alain Lessard, qui construit des unités s’ajoutant au marché locatif, rappelle que ses projets contribuent à réduire l’actuelle pénurie de logements.

Quant aux critiques à l’égard de l’harmonisation du quartier, il fait valoir que ses constructions remplacent souvent de «vieilles maisons qui ne fittent plus dans un secteur. Si le secteur est vieux et laid, je l’embellis et l’améliore.»

«Je ne vais pas cogner sur des maisons que ça n’aurait pas de sens de démolir», soutient-il. Cela dit, il va généralement de l’avant lorsqu’on l’approche pour vendre une habitation. Concernant la récupération des matériaux, M. Lessard explique qu’au moment de la démolition, les matériaux sont triés et acheminés vers des centres de récupération. Certains équipements en bonne condition peuvent être vendus sur Kijiji ou donnés.