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Éducation

Réforme des commissions scolaires: Carole Lavallée réclame une vaste consultation

le mardi 26 novembre 2019
Modifié à 11 h 09 min le 25 novembre 2019
Par Vanessa Picotte

vpicotte@gravitemedia.com

La réforme du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge «n’a rien à voir avec la réussite scolaire et les besoins actuels du milieu de l’éducation», tranche la présidente de la Commission scolaire Marie-Victorin (CSMV) Carole Lavallée. Elle estime que le ministre Roberge «se donne tous les pouvoirs» avec ce projet de loi qui vise l’abolition des commissions scolaires et de l’élection des commissaires. Dans un mémoire déposé à la Commission de la culture et de l’éducation qui terminait ses travaux le 13 novembre, la CSMV demande de «surseoir au projet de loi 40 et de procéder à une vaste consultation». «Nous sommes rendus-là dans le monde de l’éducation et ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu une grande consultation, soutient Carole Lavallée, en entrevue au Courrier du Sud. On pourrait faire valoir les besoins criants des commissaires et du système. Nous ne sommes pas entrés dans le projet de loi car il contient tellement de choses grossières qui devraient être corrigées. Nous ne demandons pas que le projet de loi soit changé ou modifié. Ce que nous demandons, c’est une vaste consultation.» Celle qui a été députée du Bloc Québécois dans l’ancienne circonscription de Saint-Bruno–Saint-Hubert de 2004 à 2011 dénonce également que les audiences publiques aient été «faites en cachette, sur invitation». Estimant qu’il s’agit d’un «débat de structures», Carole Lavallée croit qu’une consultation permettrait d’abord aux citoyens de prendre la parole sur leur vision de l’école de l’avenir. «Après ça, on parlera de structures. Elles viennent en renfort à l’existence d’une organisation et pas le contraire. Dans le projet de loi, on met la charrue avant les bœufs», affirme-t-elle. Enjeux particuliers ignorés Carole Lavallée souligne également que la CSMV fait face à des réalités particulières qui rendent difficile la comparaison avec les autres commissions scolaires de la Montérégie. «Nous ne nous sentons pas concernés, car ce sont des commissions scolaires qui ont beaucoup moins d’élèves et qui ont un pourcentage négligeable d’élèves issus de l’immigration. Disons que nous avons un pied à Montréal et un orteil dans la Montérégie.» Vue la «croissance rapide» de la CSMV, le grand enjeu est la construction de nouvelles écoles sur son territoire, au rythme de deux par année. «Le fait de pouvoir négocier d’égal à égal avec les villes du territoire, parce que la présidence est élue au suffrage universel, est l’avantage le plus précieux», ajoute-t-elle. Discrimination entre anglophones et francophones Comme la Fédération des commissions scolaires du Québec, Carole Lavallée dénonce par ailleurs le caractère discriminatoire du projet de loi 10, qui abolit les élections scolaires partout au Québec, mis à part dans les communautés anglophones. «Le ministre dit qu’il abolit les commissions scolaires car certaines sont dysfonctionnelles, mais la commission scolaire qui est dysfonctionnelle, c’est la English-Montréal, qui, elle, est anglophone. Ce n’est pas logique!» Le président de la Commission scolaire Riverside Dan Lamoureux est du même avis que sa collègue de la CSMV. Il déplore ce projet de loi qui place les anglophones et les francophones sur deux paliers différents. «Nous appuyons cette grande demande de consultation qui est extrêmement importante, explique M. Lamoureux au Courrier du Sud. Nous demandons à ce que le projet de loi soit retiré dans l’attente d’un processus d’état général du système d’éducation.»       Quel est le rôle d’un commissaire scolaire ? • Onze commissaires sont des administrateurs élus par la population au suffrage universel et représente chacun une circonscription.

  • La présidence est également élue au suffrage universel pour représenter l’ensemble du territoire.
  • Le conseil des commissaires est aussi formé de quatre parents provenant du comité de parents, pour un total de seize commissaires.
  • Les commissaires décident des orientations de la commission scolaire et s’assurent de la gestion efficace des ressources humaines, financières et matérielles.
  • Le conseil des commissaires assure une répartition équitable des ressources au sein des différentes écoles sur son territoire.
  • Le conseil privilégie en tout temps la réussite scolaire, promeut l’école publique et accompagne les parent et les écoles.
(Source: Commission scolaire Marie-Victorin)   Qu’est-ce que le projet de loi 40 ? Le projet de loi 40 vise à abolir les élections scolaires et transformer les 72 commissions scolaires en centres de services. Par ce projet promis aux dernières élections, la CAQ entend revoir l’organisation et la gouvernance des commissions scolaires. L’actuel conseil des commissaires serait remplacé par un conseil d’administration constitué de seize membres non rémunérés: huit parents, quatre personnes issues de la collectivité et quatre représentants scolaire. Le projet de loi modifie également la composition des conseils d’établissement des écoles ainsi que certaines de leurs fonctions. Le ministre Jean-François Roberge estime que le gouvernement pourrait économiser 45 M$ en quatre ans avec cette nouvelle structure. Il entend réinvestir cette somme dans les services fournis aux élèves.   Ils ont dit «La réforme Roberge ne réglera rien en éducation. Les priorités du réseau public demeurent la persévérance et la réussite scolaire, la valorisation du personnel, les infrastructures, la pénurie de main-d’œuvre, l’accessibilité et l’équité pour tous les élèves du Québec. La réforme Roberge est surtout un brassage de structure stérile.» - Carole Lavallée, présidente de la CSMV   «Ce projet de loi centralise les décisions dans le bureau du ministre. Quoi que ce dernier en dise, c’est une perte de pouvoir de la population, des parents et de tout le réseau de l’éducation. C’est aussi une perte de «leur» commissaire qui, élu au suffrage universel, les accueille, les guide, les oriente et défend leur cause.» - Benoit Laganière, vice-président de la CSMV   «C’est un grand recul pour la démocratie et le Québec. Quand un pays commence à reculer, il faut se poser de grandes questions. Certains pays essaient encore d’obtenir le droit de vote… et nous, nous laissons aller ce droit. Pendant qu’on s’occupe de la structure, on ne travaille pas pour la réussite de nos enfants.» - Nicole Leblanc, vice-présidente de l’exécutif de la CSMV   «La réforme du ministre soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réelles solutions, notamment en matière de représentativité équitable des parents et des autres payeurs de taxes qui n’ont plus d’enfants à l’école, mais qui ont à cœur l’éducation.» - Paule Froment, commissaire à la CSMV   «Les solutions? Il faut d’abord informer la population de façon qu’elle s’approprie les enjeux de l’éducation. Il faudrait aussi consulter la population par un livre blanc. Il faudrait aussi mettre en place un vote par Internet et/ou un scrutin en même temps que celui des municipalités, comme on le fait dans le reste du Canada.» - Michel Rocheleau, commissaire à la CSMV