Réforme des commissions scolaires: Carole Lavallée réclame une vaste consultation
La réforme du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge «n’a rien à voir avec la réussite scolaire et les besoins actuels du milieu de l’éducation», tranche la présidente de la Commission scolaire Marie-Victorin (CSMV) Carole Lavallée. Elle estime que le ministre Roberge «se donne tous les pouvoirs» avec ce projet de loi qui vise l’abolition des commissions scolaires et de l’élection des commissaires. Dans un mémoire déposé à la Commission de la culture et de l’éducation qui terminait ses travaux le 13 novembre, la CSMV demande de «surseoir au projet de loi 40 et de procéder à une vaste consultation». «Nous sommes rendus-là dans le monde de l’éducation et ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu une grande consultation, soutient Carole Lavallée, en entrevue au Courrier du Sud. On pourrait faire valoir les besoins criants des commissaires et du système. Nous ne sommes pas entrés dans le projet de loi car il contient tellement de choses grossières qui devraient être corrigées. Nous ne demandons pas que le projet de loi soit changé ou modifié. Ce que nous demandons, c’est une vaste consultation.» Celle qui a été députée du Bloc Québécois dans l’ancienne circonscription de Saint-Bruno–Saint-Hubert de 2004 à 2011 dénonce également que les audiences publiques aient été «faites en cachette, sur invitation». Estimant qu’il s’agit d’un «débat de structures», Carole Lavallée croit qu’une consultation permettrait d’abord aux citoyens de prendre la parole sur leur vision de l’école de l’avenir. «Après ça, on parlera de structures. Elles viennent en renfort à l’existence d’une organisation et pas le contraire. Dans le projet de loi, on met la charrue avant les bœufs», affirme-t-elle. Enjeux particuliers ignorés Carole Lavallée souligne également que la CSMV fait face à des réalités particulières qui rendent difficile la comparaison avec les autres commissions scolaires de la Montérégie. «Nous ne nous sentons pas concernés, car ce sont des commissions scolaires qui ont beaucoup moins d’élèves et qui ont un pourcentage négligeable d’élèves issus de l’immigration. Disons que nous avons un pied à Montréal et un orteil dans la Montérégie.» Vue la «croissance rapide» de la CSMV, le grand enjeu est la construction de nouvelles écoles sur son territoire, au rythme de deux par année. «Le fait de pouvoir négocier d’égal à égal avec les villes du territoire, parce que la présidence est élue au suffrage universel, est l’avantage le plus précieux», ajoute-t-elle. Discrimination entre anglophones et francophones Comme la Fédération des commissions scolaires du Québec, Carole Lavallée dénonce par ailleurs le caractère discriminatoire du projet de loi 10, qui abolit les élections scolaires partout au Québec, mis à part dans les communautés anglophones. «Le ministre dit qu’il abolit les commissions scolaires car certaines sont dysfonctionnelles, mais la commission scolaire qui est dysfonctionnelle, c’est la English-Montréal, qui, elle, est anglophone. Ce n’est pas logique!» Le président de la Commission scolaire Riverside Dan Lamoureux est du même avis que sa collègue de la CSMV. Il déplore ce projet de loi qui place les anglophones et les francophones sur deux paliers différents. «Nous appuyons cette grande demande de consultation qui est extrêmement importante, explique M. Lamoureux au Courrier du Sud. Nous demandons à ce que le projet de loi soit retiré dans l’attente d’un processus d’état général du système d’éducation.» Quel est le rôle d’un commissaire scolaire ? • Onze commissaires sont des administrateurs élus par la population au suffrage universel et représente chacun une circonscription.
- La présidence est également élue au suffrage universel pour représenter l’ensemble du territoire.
- Le conseil des commissaires est aussi formé de quatre parents provenant du comité de parents, pour un total de seize commissaires.
- Les commissaires décident des orientations de la commission scolaire et s’assurent de la gestion efficace des ressources humaines, financières et matérielles.
- Le conseil des commissaires assure une répartition équitable des ressources au sein des différentes écoles sur son territoire.
- Le conseil privilégie en tout temps la réussite scolaire, promeut l’école publique et accompagne les parent et les écoles.