Sports

Réussir sous pression

le vendredi 10 août 2018
Modifié à 11 h 09 min le 10 août 2018
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

CROSSFIT. À la suite d’une fracture du fémur, Stéphanie Roy a dû cesser de pratiquer le hockey et le soccer de compétition. En 2012, elle s’est donc tournée vers le crossfit. Depuis, elle gravit les échelons de ce sport devenu sa nouvelle passion. L’athlète de Brossard a décroché son deuxième titre mondial lors des Crossfit Games qui se déroulaient du 1er au 5 août au Wisconsin. Les 20 meilleurs au monde de chaque catégorie participent annuellement aux Crossfit Games. L’année dernière, Stéphanie Roy avait été sacrée championne du monde chez les femmes de 35 à 39 ans, titre qu’elle s’est de nouveau approprié cette année chez les 40 à 44 ans. Dès la première journée de compétition, la Brossardoise s’est emparée du premier rang. Au cumulatif, elle a amassé 778 points, soit 50 de plus que sa plus proche rivale. «Ça s’est super bien passé dans la majorité des compétitions, affirme-t-elle. Il y a de petites erreurs que j’ai faites et que je vais revoir. Elles m’ont coûté des positions ici et là. Mais overall, je suis satisfaite. J’avais comme objectif de tout donner, peu importe le résultat.» C’est la concentration mentale qui a été difficile pour l’athlète qui, contrairement à l’année dernière, était la favorite pour remporter le titre mondial. «Cette année, il fallait que je gagne. En 2017, j’y allais en sachant que je pouvais bien faire, mais sans savoir si je pouvais gagner. Je me suis moi-même mis de la pression, ce qui n’est pas nécessairement une bonne chose. C’est probablement le meilleur challenge, mentalement, que j’ai eu depuis que je fais du crossfit», avoue-t-elle. Son entraîneur Michael Fitzgerald, avec qui elle travaille depuis deux ans, l’a accompagnée et appuyée tout au long de la compétition. C’est sans parler de ses deux entraîneurs en préparation mentale, avec qui elle était en contact tout au long de la semaine. «À ce niveau-là, toutes les filles sont bonnes. Celle qui réussira à être la plus constante possible et à gérer la pression finira première», note la native de la Côte-Nord. L’âge, pas un problème Pour participer aux Championnats régionaux en mai - une autre compétition d’envergure - Stéphanie devait se classer parmi les 20 meilleures au Canada… tous âges confondus. Elle a terminé 4e. Bien que l’âge ait certainement un impact sur le degré de fatigue, c’est avant tout la détermination qui permettra de se distinguer, selon elle. «J’ai toujours cru que si tu tiens à quelque chose, que tu mets le temps et les efforts, tu peux réussir. On dit souvent que l’âge est juste un numéro, mais c’est sûr qu’un homme de 40 ans n’a pas le même taux de testostérone qu’un jeune de 20 ans, par exemple.» «Au bout de la fin de semaine, je suis plus maganée que les plus jeunes, mais j’arrive quand même à tenir mon bout», ajoute-t-elle. La vie d’une championne du monde de crossfit est calculée au quart de tour. Sommeil, suppléments et nutrition sont prioritaires. Il n’est pas rare que l’athlète doive refuser une invitation à une sortie. «Je ne me souviens pas c’est quand la dernière fois que j’ai bu une goutte d’alcool, lance-t-elle. Mais je ne considère pas que ce sont des sacrifices parce que c’est ce qui me drive.» «Dans ce sport, il faut que tu t’engages à 100% dans toutes les sphères. Le crossfit évolue; c’est de plus en plus fort. Si tu te prépares à moitié, le résultat va être à moitié.» Rester au sommet Maintenant qu’elle a atteint le plus haut titre, Stéphanie Roy compte bien rester au sommet. «Je veux rester là. Je ne peux pas demander plus et je ne veux surtout pas faire moins. C’est ça qui est difficile. L’année prochaine, des plus jeunes vont monter dans ma catégorie d’âge. Chaque année, c’est différent, la compétition est nouvelle», affirme-t-elle. Là où le crossfit se différencie des autres sports, c’est que les athlètes ne savent pas quelles seront les épreuves avant le jour de la compétition. «Toute l’année, on s’entraîne mais on ne sait pas ce qu’il y aura comme compétition. C’est ça, le crossfit, c’est de l’inconnu.» Stéphanie ne prend part qu’à quelques compétitions pendant l’année parce que «c’est dur sur le corps et ça change le rythme d’entraînement». Pour l’instant, la seule compétition à laquelle elle est certaine de participer au cours des prochains mois aura lieu en janvier, à Miami.