Culture

Roman Amanda & Oméril: Une grand-mère inspirante malgré elle

le mercredi 31 août 2016
Modifié à 0 h 00 min le 31 août 2016
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Texte du Brossard Éclair

LITTÉRATURE. L'auteur Yvon Thibault a toujours ressenti une certaine curiosité à l'égard de sa grand-mère paternelle. Une femme sérieuse, peu chaleureuse, qui n'avait rien d'une mamie réconfortante, mais tout pour faire un excellent personnage de roman.

Amanda & Oméril raconte l'histoire des grands-parents de l'auteur. Les noms demeurent les mêmes et une photo prise à l'époque de leur mariage fait la couverture. Ainsi, aucun doute possible!

Le récit est campé au tournant du siècle 20e siècle et n'a rien de très joyeux, à commencer par Amanda, source d'inspiration et point de départ de cette œuvre.

«Quand j'étais petit, j'étais bien impressionné par ma grand-mère. Elle venait nous voir une fois par année. Elle était habillée sévèrement, en noir. Elle avait un visage très sérieux, de petits yeux noirs. Elle ne souriait pas, ne riait jamais, ne nous embrassait pas», se remémore celui qui a aussi écrit Le château de Beauhranois.

Ses premières démarches auprès de sa famille afin d'en savoir plus sur cette mystérieuse femme n'ont toutefois pas été fructueuses. «On ne me disait pas grand-chose. Qu'elle était "fine"… », alors que les commentaires étaient plus généreux à l'égard de son grand-père, drôle et fort.

À force de discussions et de recherches généalogiques, M. Thibault en a appris davantage sur le couple, qui a notamment connu une dure séparation. «Amanda était une femme contrôlante. Elle a vendu leur commerce et la famille lui en a toujours voulu.»

Afin de parfaire son personnage, M. Thibault a même fait quelques recherches sur les personnes contrôlantes, en allant chercher de la documentation sur le sujet au CLSC. «La personne devait penser que c'était pour moi que je demandais tout ça!»

Même si quelques détails relèvent de la fiction, les principaux événements et péripéties que relate le roman sont véridiques. Comme le déménagement aux États-Unis, à la recherche de meilleurs emplois. Dans le cas d'Amanda et Oméril, le voyage a été peu payant et le couple est revenu s'installer à Sherbrooke.

«Depuis 1837-1838, les Canadiens français étaient nombreux à migrer vers les États-Unis parce qu'ils n'avaient pas accès, ici, à des emplois payants», relève M. Thibault, qui s'est rendu à Manchester, au New Hampshire, pour y consulter les archives de la Société d'histoire des Canadiens français.

À travers le récit du couple, c'est donc aussi un pan de l'histoire du Québec qui est traité, en toile de fond. C'est d'ailleurs dû à la Grande Dépression qu'Amanda et Oméril sont déménagés à Montréal, dans le «Faubourg à la m'lasse», où Yvon Thibault a grandi.