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Sa photo se taille une place parmi les meilleures au monde

le mardi 02 février 2021
Modifié à 11 h 08 min le 02 février 2021
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

C’était une journée comme une autre au studio LachancePhoto. Des parents venaient pour une séance photo avec leurs enfants. Inspirée par les regards perçants du père de famille et de l’un de ses fils, Stéphanie Lachance a suivi son instinct: en deux minutes, elle avait un bijou entre les mains. Voilà qu’aujourd’hui son cliché se retrouve parmi les 10 finalistes de la catégorie Portrait de la World Photographic Cup. Comparable aux Jeux olympiques de la photographie, cette compétition regroupe 38 pays qui s’affrontent pour ramener la Coupe. La photographe native de Brossard est l’une des quatre représentantes canadiennes, la seule Québécoise, sur les 60 finalistes toutes catégories confondues de la compétition. Lorsqu’elle a appris que son portait avait été sélectionné parmi les 10 meilleurs au monde, elle était sous le choc. «Je suis partie à crier, j’avais l’air d’une folle», se souvient-elle en riant au bout du fil avec Le Courrier du Sud. La finale, qui couronnera les récipiendaires des prix or, argent et bronze de chaque catégorie, aura lieu virtuellement le 19 avril. Stéphanie Lachance croit en ses chances de se retrouver sur le podium. «Je vise haut, mais je ne veux pas la jinxer, lance-t-elle. Le calibre est vraiment impressionnant. J’ai hâte de savoir le résultat, je ne me peux plus», ajoute-t-elle. La photographe professionnelle a déjà remporté plus de 20 prix internationaux jusqu’à maintenant, dont sept avec ce portrait. Il lui a notamment valu la première place et le titre de photographe de l’année au prestigieux Wedding and Portrait Photographers International (WPPI), en 2020. Intensity [caption id="attachment_107507" align="alignright" width="416"] Titrée Intensity, cette photo de Stéphanie Lachance se retrouve parmi les 10 finalistes de la catégorie Portrait de la World Photographic Cup. (Photo: Stéphanie Lachance de LachancePhoto)[/caption] Le portrait est titré Intensity en référence à l’intensité des regards du papa Gursharanjit Singh et de son fils, Bhagat Singh. Comme c’est le cas pour 99% de ses photos, elle a été réalisée avec la lumière naturelle. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle n’a pas été l’objet d’une longue séance. «Le papa, j’ai toujours trouvé qu’il avait des yeux intenses, qu’il avait l’air d’un sage sur une montagne avec sa barbe. Un homme modeste, super gentil, avec un grand cœur», raconte-t-elle. «Ça faisait quelques années que je n’avais pas vu le petit garçon, poursuit-elle. Je l’avais photographié quand il était tout petit. Quand il est rentré dans le studio, j’ai vu ses yeux. J’ai dit : oh my god. Son regard m’a vraiment marquée. Je devais absolument prendre une photo.» Deux minutes plus tard, c’était chose faite. Le cliché était «parfait». «Ça peut être difficile d’avoir deux expressions qui sont parfaites pour une photo», soutient-elle. Celle-ci véhicule la douceur paternelle. On y voit la complicité et la fierté du père envers son fils, selon la photographe. Les enfants Stéphanie Lachance ne fait que des portraits, principalement d’enfants. C’est ce qui la passionne. Dans son studio de Chambly, pas question d’enfiler un chandail blanc et de crier cheese. Il lui est arrivé de recruter ses sujets lors de ses emplettes au Walmart ou dans l’allée des croustilles à l’épicerie. «Ce ne sont pas des mannequins qui sont dans mes photos, fait-elle savoir. J’ai l’œil, surtout avec les enfants, pour voir ce que ça va donner en photo. C’est vraiment spécial. J’ai comme un don pour ça, je pense.» Stéphanie Lachance se qualifie de photographe artiste. Lors de ses séances, elle propose aux enfants des idées d’habillement, en plus de les peigner et de les guider. «J’adore les enfants. Ils sont vulnérables, n’ont pas de scrupule, explique-t-elle. Ils sont vraiment eux-mêmes devant ma caméra. C’est comme si, quand on regarde les photos, on voyait leur âme.»    

Tout a commencé au Japon

Stéphanie Lachance a découvert l’art de la photographie au début des années 2000, alors qu’elle habitait au Japon. Elle y est restée six ans. «J’ai acheté une caméra et je n’ai plus jamais arrêté, se souvient-elle. Je photographiais tout ce qui bougeait, à tous les jours.» «Je prenais beaucoup de gens dans la rue, des sans-abris. Je prenais une photo ordinaire, ensuite je les coiffais, je les habillais, je les maquillais et je prenais une autre photo. Je faisais des avant-après de femmes.» C’est à son retour au Québec, en 2008, qu’elle s’est lancée à temps plein dans la photographie, à son compte. En 2013, elle a construit son studio, qui est une extension de sa demeure.  

Faire ressortir le meilleur

Pour ses portraits, pour la plupart des femmes, Stéphanie Lachance cherche à faire ressortir le meilleur de chaque sujet. «Chaque fois qu’elles sortent d’ici, elles sont satisfaites et repartent avec une meilleure estime d’elles-mêmes. Ça me fait vraiment plaisir», affirme-t-elle. «Tout le monde est beau. Les femmes sont toutes belles. Je ne fais pas de retouches à en plus finir. Tout est dans la pose et dans la lumière», conclut-elle.