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S'attaquer à la «bilinguisation» des institutions publiques

le lundi 06 juillet 2015
Modifié à 0 h 00 min le 06 juillet 2015
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

FRANÇAIS. La «bilinguisation» des institutions publiques est l'une des principales causes de l'anglicisation au Québec, avance le Mouvement Québec français (MQF). Avec Impératif français, la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) et quelques politiciens, l'organisme appuie la mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire dans son combat contre l'usage de l'anglais aux séances du conseil municipal.

:«La seule façon de protéger le français, de lui donner du prestige et d'assurer sa pérennité est que nos institutions fonctionnent en français», a signifié le directeur général de MQF, Éric Bouchard, lors d'une conférence de presse devant l'hôtel de ville de Longueuil, le 6 juillet.

Le français compris par tout le monde

Selon le président d'Impératif français, Jean-Paul Perreault, la façon dont le président de l'arr. de Greenfield Park, Robert Myles, traduit systématiquement ses interventions au conseil municipal est une pratique d'isolement. M. Perreault considère le français comme langue d'inclusion et de cohésion, puisque c'est autour de cette «valeur commune» que peuvent se réunir tous les Québécois, incluant les communautés anglophones et allophones.

«Ce qui est dit en français s'adresse à tout le monde. C'est inutile de répéter ou de radoter tout ce qui aurait dû être compris par tout le monde, s'est-il indigné. Quand un conseiller municipal s'adresse en anglais, il lance le message qu'au Québec, vous pouvez imposer l'anglais, que l'anglais est une langue officielle, mais ce n'est pourtant pas vrai! Le Québec a une seule langue officielle.»

Un statut qui ne s'applique plus et un vide juridique

En 1977, lors de l'adoption de la loi 101, 89 institutions municipales étaient dotées d'un statut bilingue puisque plus de 50% de leur population avait l'anglais comme langue maternelle. Aujourd'hui, 46 de ces municipalités, incluant l'arr. de Greenfield Park, ne répondent plus à cette exigence. Selon le Recensement 2011 de Statistique Canada, 33,8% de la population de l'arrondissement est anglophone.

De plus, rien n'indique dans la loi qu'il est autorisé ou non de parler anglais dans les institutions municipales, ce que l'expert en matière linguistique Éric Bouchard décrit comme un «vide juridique».

«Si M. Myles persiste, Mme St-Hilaire pourra redemander au législateur responsable des municipalités, le gouvernement du Québec, de légiférer en ce sens, indique-t-il. Le gouvernement devra légiférer ou dire à la municipalité: "vous devez agir pour régler la situation".»

Défendre la normalité

Si plusieurs ont salué le «courage» de Mme St-Hilaire qui s'est dite irritée par le bilinguisme employé par M. Myles, ils soutiennent que ce discours ne devrait pas avoir à être tenu.

«Est-ce normal qu'il faille faire preuve de courage pour défendre la normalité?», a questionné le président de la SSJB, Maxime Laporte. La porte-parole de MQF, la comédienne Lucie Laurier, a aussi abondé en ce sens. «C'est une aberration qu'en 2015, on ait besoin de se réunir pour défendre ce qui devrait aller de soi, défendre notre langue commune», a-t-elle commenté.

«Les accusations de racisme, on ne peut plus tolérer ça, a-t-elle ajouté, en lien avec les messages d'intimidation qu'a reçus Mme St-Hilaire sur Facebook. On a le droit d'être ce que l'on est.»

La députée de Taillon, la péquiste Diane Lamarre, s'est dite déçue que le gouvernement libéral n'ait pas dénoncé les messages d'intimidation adressés à la mairesse. Dans une telle situation, «le gouvernement devrait prendre position pour défendre les élus», estime-t-elle.

Une vie démocratique pour tous, croit Denis Trudel

Le candidat du Bloc québécois dans la circonscription de Longueuil – Saint-Hubert, Denis Trudel, souhaite que l'esprit de la loi 101 soit respecté. Que la connaissance du français soit davantage répandue favoriserait une vie démocratique pour tous.

«Ça m'a attristé d'apprendre que des personnes n'avaient pu écouter les débats des chefs lors des dernières élections provinciales, parce qu'ils ne comprenaient pas le français, a-t-il donné en exemple. Ils se mettent en dehors de la société, de la vie démocratique alors que l'on veut les inclure dans le grand tout qu'est le Québec.»