Sports

Shawn Delierre se démarque sur la scène mondiale du squash

le vendredi 01 avril 2016
Modifié à 0 h 00 min le 01 avril 2016
Texte du Brossard Éclair

SANI-SPORT. En 1995, le Brossard Éclair écrivait qu'une famille de sportifs de Brossard, les Delierre, rayonnait sur la scène du squash québécois et canadien.

Le père Jean, chez les seniors, et ses fils David, 14 ans, Shawn, 12 ans, et Jason, 9 ans, s'entraînaient au Sani-Sport de Brossard et étaient dominants dans leur catégorie d'âge.

Aujourd’hui, 20 ans plus tard, les Delierre sont encore des as de la raquette, mais pour Shawn, maintenant âgé de 33 ans, c'est plus sérieux. Meilleur joueur du pays, il est au 53e rang du circuit professionnel mondial (PSA World Tout), a été 35e joueur mondial en 2013, a été médaillé d'or aux Jeux panaméricains de Toronto l’été dernier et, insatisfait de son rang mondial, il compte retourner dans le top 40.

Plus longs matchs de l'histoire

Le mince athlète au visage d'adolescent, flexible et inépuisable, a le don de retourner les balles impossibles, si bien qu'il a été impliqué dans trois des cinq matchs les plus longs de l'histoire du squash professionnel, dont celui qui détient le record, un éléphantesque duel de 170 minutes disputé en janvier 2015, alors qu'un match de deux ou trois sets prend normalement de 25 à 50 minutes.

«C'est peut-être dû à mon style. J'aime ralentir le jeu; je ne suis pas le frappeur le plus puissant mais il n'est pas facile de m'achever. C'est aussi dû aux interférences entre joueurs, qui obligent souvent l'arbitre à faire reprendre les échanges», explique Shawn, en entrevue au Brossard Éclair après la compétition Montreal Open disputée au club sportif MAA, au centre-ville de Montréal, au début du mois. Delierre a été éliminé de cette compétition par un Malaisien classé 34e joueur mondial, au lendemain d'un match de 102 minutes l’opposant à un Anglais.

«J'avais des crampes pendant le match contre le Malaisien, à la suite du duel de la veille. Je veux retourner dans le top 35 mais j'ai mal planifié mon début d'année, avec 8 tournois en 2 mois. C'est un peu trop; 6 ou 7 aurait été bien.»

Coup de cœur en France, coup dur au Brésil

«J'ai beaucoup voyagé depuis que j'ai quitté Brossard à l'âge de 14 ans, poursuit Delierre, qui habite aujourd’hui à Montréal. À cette époque, j'étais attiré par l'élite mais j'étais tellement compétitif, je pensais que ça serait trop difficile. Je rivalisais avec mon frère David et mon père et je prenais très mal la défaite, allant jusqu'à pleurer parfois.»

Tout a changé quand il a déménagé à Toronto à l'âge de 15 ans. «J'affrontais les meilleurs joueurs juniors à Toronto et Calgary et je me suis mis à représenter la Canada, tous frais payés, à travers le monde. Après avoir joué contre les meilleurs mondiaux et avoir frayé près du top 8, à 18-19 ans, j'ai décidé d'y gagner ma vie avec les commandites et du luxe, mais aussi avec de la discipline et beaucoup d'adaptation, dans des pays aux mœurs très variés.»

Son coup de cœur a été un tournoi à Mulhouse, en France. «Dans un stade multisports avec des estrades de 360 degrés, il y avait trois terrains vitrés disposés aussi à 360 degrés et les spectateurs pouvaient suivre trois matchs importants en même temps.»

Un moment difficile? «Les Jeux panaméricains, au Brésil, en 2007. Fâché contre moi, j'ai lancé ma raquette au sol et les spectateurs l'ont pris personnel. J'avais beau tenter de leur faire comprendre que ma colère était contre moi, les hués augmentaient et à la fin du match, il a fallu m'escorter pour quitter le terrain.»

C'est tout le contraire quand il joue au Canada. «Alors que les spectateurs brésiliens crient et encouragent leur joueurs à tout rompre, comme au soccer, les Canadiens sont tellement polis que c'est toujours calme. Au Québec, ça encourage un peu plus.»

L'exception a été les Jeux panaméricains de Toronto en 2015. «C'était un concours par équipe et j'ai remporté le match décisif contre le 28e mondial devant une foule partisane. C'était le moment de ma carrière.»

Il tient à gagner le prochain championnat canadien, qui se tiendra du 4 au 7 mai à Toronto, en plus de gagner 15 à 20 places au classement mondial. «Un joueur de squash peut être efficace jusqu'à 36-37 ans, à condition d'être discipliné. Je suis à l'entraînement à tous les jours dès 7h30. Quelques gains à des tournois importants devrait me ramener où je veux être», conclut-il.