Culture

Six ans à faire durer le plaisir à l’improviste

le mercredi 15 août 2018
Modifié à 17 h 26 min le 15 août 2018
Par Jonathan Tremblay

jtremblay@gravitemedia.com

Le Barachico de la populaire rue Saint-Charles accueille son lot de clients quotidiens. Il s’anime toutefois davantage les jeudis soirs à l’occasion des rendez-vous hebdomadaires de la Ligue d’impro du Pierrot (LIP). Il y a maintenant six ans que cette ligue a vu le jour. Établie lors de sa première édition au défunt Mon ami Pierrot du boul. Taschereau, c’est aujourd’hui sur l’artère principale du Vieux-Longueuil qu’elle se réunit. La création de la ligue émane d’un désir et d’un besoin d’avoir un endroit pour faire montre de son talent hors de Montréal, «sans avoir à aller jusqu’à Granby». [caption id="attachment_55624" align="alignright" width="288"] Guillaume Provost[/caption]   «La LIP, c’est la continuité de la ligue d’impro du cégep Édouard-Montpetit (EMI)», explique le président, organisateur, ancien joueur et vénéré arbitre Guillaume «Poulet» Provost. Ce sont trois joueurs qui ne voulaient pas nécessairement jouer à Montréal, mais qui ne voulaient pas non plus arrêter l’impro.» Au départ, la ligue n’avait lieu que l’été. Maintenant, ils sont une trentaine, divisés en cinq équipes, sur trois saisons. Une passion ressentie Marc-André Perras, Joanna Ugdonne et Alexis Poulain, − également associé aux Mardis du rire−, en sont les fondateurs. Guillaume Provost a plus tard repris les rênes de l’administration. L’enseignant en éthique et culture religieuse a fait de l’improvisation pendant 17 ans. Il suffit de le côtoyer une seconde saisir l’intensité de sa passion, qu’il souhaite éventuellement intégrer à ses cours. «Quand tu vas voir un spectacle d’humour, tu as des attentes. Mais en impro, tu te dis: "Qu’est-ce qu’ils vont faire?" Ça ouvre une grande porte sur le plan artistique. En tant que metteur en scène, je peux jouer avec la tension de la foule», explique l’arbitre.
«L’impro, c’est un art ouvert à tous. Tout le monde y trouve sa place.» -Guillaume Provost
De l’absurde, de la tristesse, du drame, de l’humour; tout y est, et la qualité aussi. «Comme joueur, il y a un moment où tu arrives à trouver une recette avec des personnages. Certains soirs, tu peux faire des passes à tes joueurs et d’autres, décider de scorer, image-t-il. Les joueurs présentent des archétypes de la société. C’est agréable de constater les liens avec le quotidien.» Confortable Charles Ferland est joueur de la LIP depuis le tout début. Il l’apprécie entre autres en raison de la diversité des joueurs et de son emplacement. «La ligue conserve le même noyau, mais se renouvelle chaque saison, indique le vétéran. Ce qui est bien au Barachico, c’est l’absence de décorum – sans scène, sans séparation avec le public. Mais les gens sont respectueux. On est à l’aise à jouer à Longueuil.» «Le public est généreux ici. Ça n’arrive pas toujours à Montréal. Je ne dirais pas que ce sont mes pantoufles, mais c’est confortable», ajoute-t-il. Une foulée diversifiée Une trentaine de spectateurs se sont entassés lors du dernier match précédant les séries, le 2 août. Si on s’attendait à une salle remplie de jeunes hipsters rive-sudois, il n’en était rien. La pièce pouvant accueillir quelques dizaines de personnes contenait des gens de tout âge, incluant parents et amis. «C’est ce que la ligue a permis pour les parents de la Rive-Sud qui ne veulent pas traverser le pont pour aller voir leur enfant performer», observe «Poulet». Le plus vieux mais le plus constant des partisans, André Lebuis, 66 ans, est fidèle à la ligue depuis quatre ans. «Un de mes amis qui m’a amené ici. Je suivais la Ligue nationale d’improvisation à la télévision dans le temps car j’avais des amis qui jouaient.» «J’aime ça parce que tu vois comment les joueurs arrivent à réagir dans des situations et tu les imagines réagir à de vraies situations», continue l’électricien-soudeur aujourd’hui à la retraite. Pour l’occasion, les parents, l’oncle et la tante du capitaine des jaunes, Marc-Antoine Plouffe, s’étaient réunis pour l’encourager. Ce dernier a même mérité la deuxième étoile. «On aime assez l’impro. On le suit depuis le secondaire et le cégep, se souvient son père Michel Plouffe. Comme parents, on l’a exposé à tout, mais il a toujours été plus artistique.» Lors de ce match à cinq contre cinq, les jaunes étaient opposés aux turquoises pour l’obtention de la première place au classement. Le match s’est soldé par la marque de 7 à 5 en faveur des jaunes. Les trois étoiles du match 1res étoiles Alexandre Gélinas-Bastien et Louis-Philippe Ferland 2e étoile Marc-Antoine Plouffe 3e étoile Bianca Cinquegrana À la finale, le 30 août, Guillaume Provost prévoit tripler le nombre de spectateurs.