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Sogerive et Agaparc fusionnent et s’octroient plus d’indépendance

le jeudi 31 janvier 2019
Modifié à 16 h 02 min le 31 janvier 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

ADMINISTRATION. L’opposition de Longueuil s’inquiète que les organismes paramunicipaux responsables de la gestion de la marina et du terrain de golf Parcours du Cerf se délient du conseil municipal, qui s’est vu retirer le pouvoir de nommer la majorité des administrateurs de ces instances. La nouvelle Société Rive et Parcs de Longueuil, fruit de la fusion de Sogerive et Agaparc, a modifié ses règlements lors d’une réunion du conseil d’administration, le 28 janvier. Par voie de communiqué le 30 janvier, le directeur général du Parcours du Cerf Éric Lafrenière informe que deux personnes représentant les usagers et quatre résidents de Longueuil auront la possibilité de se proposer comme membre de la corporation. Ainsi, le conseil d’administration sera dorénavant composé de six membres choisis par la corporation, deux membres nommés par le conseil municipal et un membre choisi par la Chambre de commerce et d’industries de la Rive-Sud (CCIRS). Actuellement, les conseillers municipaux de l’opposition Steve Gagnon et Benoît L’Écuyer font partie des administrateurs. Auparavant, le conseil municipal de Longueuil choisissait huit des neuf membres du C.A. Le dernier administrateur était au choix de la CCIRS. «C’est une façon plus actuelle, transparente et participative, qui permettra à des personnes compétentes qui utilisent nos services de s’impliquer pour le bien de la collectivité», relève le président du C.A. Daniel Beauchesne. Ce changement est le résultat d’une analyse pour améliorer le fonctionnement de l’organisation. Au terme de recherches sur les organismes paramunicipaux similaires à la Société Rive et Parcs de Longueuil, M. Beauchesne a constaté que les modifications envisagées allaient dans le sens de ce qui est en vigueur un peu partout au Québec. «Le modèle de fonctionnement que l’on avait depuis 1991 n’était plus vraiment moderne. La nomination d’un C.A. par des partis politiques, ça ne se fait plus», soulève-t-il. Daniel Beauchesne admet que la nouvelle façon de faire devrait offrir plus de stabilité à l’organisation, alors que les changements d’administration à la Ville pouvaient entraîner un roulement des administrateurs. «C’était un peu  spécial», laisse-t-il savoir. «Je n’ai aucun agenda politique. La seule chose qui m’importe est de bien gouverner», ajoute-t-il, soulignant que le Parcours du Cerf, qui a subi d’importants travaux et planifie un agrandissement, génère des profits. Par ailleurs, donner la chance à des usagers et résidents de s’impliquer au sein de l’organisation est aussi une façon de la démocratiser, croit-il. Les candidats seront choisis selon leurs compétences et les besoins de la corporation, en matière de droit ou de comptabilité par exemple. Il voit également d’un bon œil la fusion de Sogerive et Agaparc, une seule gestion pouvant se traduire par un C.A. plus fort, plus de revenus et plus de moyens. Dans le périmètre comptable de la Ville? Le chef de l’opposition Xavier Léger déplore que la décision ait été prise «en catimini», sans consultation auprès du conseil municipal. Les deux élus de Longueuil Citoyen qui siègent au C.A. auraient été avisés seulement quelques jours plus tôt. M. Beauchesne se défend pour sa part d’avoir envoyé les avis de convocation en bonne et due forme. La décision a par ailleurs été prise à l’unanimité, souligne-t-il. Xavier Léger croit que la «défense des intérêts publics doit être protégée par la gouvernance des organismes paramunicipaux». Il a jugé «ironique» que cette instance qui se déclare indépendante demeure dans le périmètre comptable de la Ville. Au moment d’approuver le budget de la Société Rive et Parcs de Longueuil, M. Léger a d’ailleurs exprimé sa dissidence. Les organismes inscrits dans le périmètre comptable de la Ville incluent leurs propres états financiers dans ceux de l'administration municipale. Développement économique Longueuil, le Conseil des arts et le Réseau de transport de Longueuil sont de ces organismes. «S’il est assez indépendant pour se gérer, peut-être qu’il ne devrait plus être dans le périmètre comptable de la Ville, a-t-il laissé entendre. Compte tenu que ce sont les citoyens qui absorbent le coût du compte de taxes du club de golf, dans mon livre à moi, le conseil est financièrement imputable. Nous devrions avoir encore un mot à dire.» Il a aussi rappelé que Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L) a revu en décembre le processus de nomination de ses administrateurs, de sorte que le conseil municipal ne nomme désormais que trois des onze membres du conseil d’administration. Depuis janvier 2017, une majorité des membres du C.A. étaient nommés par le conseil municipal, incluant ainsi DASH-L dans le périmètre comptable de la Ville. «En perdant la capacité de nommer la majorité des administrateurs, des citoyens perdent la capacité d’exercer une réelle influence sur le développement de notre aéroport, de la marina et du golf, qui sont des atouts majeurs», juge le chef de l’opposition, rappelant les responsabilités de ces organismes à l’égard de la Ville. «Est-ce une nouvelle façon de faire à Longueuil? On laisse aller les choses qui nous appartiennent? On donne les clés?, a-t-il questionné. C’est inquiétant.» Reddition de compte Le conseiller municipal Éric Beaulieu a relevé le caractère indépendant des organismes municipaux, qui sont «profitables à certains égards, et qui ont des redditions de compte aussi». «La Ville n’est pas en train de donner les clés», a-t-il signifié. Il a rappelé que deux membres de l’opposition siègent au conseil d’administration de l’organisme paramunicipal. Des membres que les gens de l’opposition «ont choisis et imposés, a insisté M. Beaulieu. Si vous êtes surpris de la décision, je suis assez étonné. Parlez-vous entre vous.» Le conseiller Steve Gagnon a précisé que l’actuel conseil a décidé de seulement deux des administrateurs, les autres ayant été nommés par le précédent conseil municipal.