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Stationnement pour handicapés : beaucoup d’incompréhension et de préjugés

le lundi 01 février 2021
Modifié à 9 h 25 min le 30 novembre 2021
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

«Je ne veux presque plus sortir en voiture», laisse tomber Elange Jean Pierre, en entrevue au Courrier du Sud. C’est que la mère d’un jeune enfant autiste est souvent la cible d’insultes et de critiques lorsqu’elle se stationne dans un espace réservé aux handicapés, et ce, même si elle possède une vignette à cet effet.

«Presque chaque fois que je me stationne dans un emplacement réservé, quelqu’un me dit que je n’ai pas le droit de me stationner-là, raconte Mme Jean Pierre. Souvent, on m’insulte ou on me crie des bêtises. Une fois, un policier est même venu me voir pour me demander qui était la personne handicapée avec moi et quand je lui ai dit qu’il s’agissait de mon fils, il m’a demandé de lui montrer mon certificat d’attestation parce qu’il ne me croyait pas.»

Autorisation du médecin

Elange Jean Pierre possède pourtant une vignette de stationnement pour handicapé en bonne et due forme. Elle l’a obtenue après qu’un médecin ait rempli le formulaire d’évaluation obligatoire pour toute personne ne se déplaçant pas en fauteuil roulant ou n’étant pas détentrice d’un permis de conduire de la condition P – soit devant conduire un véhicule muni de commandes manuelles.

«Mon fils, qui est non verbal, peut partir en courant n’importe quand et je dois lui tenir la main tout le temps, raconte Mme Jean Pierre. C’est pourquoi je dois pouvoir me stationner le plus près possible de la porte d’un commerce, pour limiter le danger.»

Des conditions strictes

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) rappelle que toute personne handicapée peut se procurer une vignette de stationnement, et ce, à titre de conductrice ou de passagère d'un véhicule. Cette vignette est accompagnée d'un certificat d'attestation que le titulaire doit toujours conserver avec lui. Pour avoir droit à une telle vignette, la personne doit avoir un handicap occasionnant une perte d'autonomie ou compromettant sa santé et sa sécurité lors des déplacements sur de courtes distances, comme pour se rendre d'un espace de stationnement aux portes d'un commerce.

«Pourquoi ne pas parler poliment avec le conducteur ou attendre de voir s’il va accrocher sa vignette avant de l’insulter?»  

– Elange Jean Pierre

La SAAQ précise au Courrier du Sud que la vignette ne peut être accrochée au rétroviseur lorsque le véhicule est en mouvement et ne doit l’être que «lorsque le véhicule est stationné dans un espace réservé aux personnes handicapées».

Cette interdiction est en lien avec l’article 442 du Code de la sécurité routière qui stipule que «Nul ne peut conduire un véhicule routier ou une bicyclette lorsqu’un passager, un animal ou un objet est placé de façon à obstruer la vue du conducteur ou à gêner la conduite du véhicule».  

 

Manque de ressources

Elange Jean Pierre déplore le manque de ressources pour les personnes handicapés et leurs parents. «Surtout pour les handicaps qui ne sont pas physiques, comme celui de mon fils», précise-t-elle.

«Mon fils n’a pas accès à un service de garde adapté, même s’il fréquente une école spécialisée, déplore la mère monoparentale. Son père a donc dû modifier son horaire de travail pour pouvoir venir le garder chez moi tous les matins avant qu’ils ne viennent le chercher pour l’école.»

Elange Jean Pierre souhaite ainsi lancer une offre de service de garde pour les enfants lourdement handicapés ainsi qu’un service de répit pour leurs parents.

«Le Centre 4 poches étant le seul organisme offrant des services du genre, il est débordé; mon fils est sur leur liste d’attente depuis 2018, raconte-t-elle. Et Autisme Montérégie, qui offre lui aussi des services, a perdu plusieurs employés partis travailler comme préposés aux bénéficiaires à cause de la pandémie.»

Elle a ainsi amorcé les démarches pour enregistrer son organisme, qu’elle nommera Répit Absolu, auprès du gouvernement.