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Stratégie nationale de la main-d’œuvre 2018-2023: 1,3 G$ sur cinq ans pour faire face aux nouvelles réalités du marché du travail

le mercredi 11 juillet 2018
Modifié à 13 h 40 min le 11 juillet 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

D’ici dix ans, plus de 1,3 million de postes seront à pourvoir au Québec. C’est entre autres à cet enjeu que veut répondre la Stratégie nationale de la main-d’œuvre 2018-2023, dévoilée le 22 mai par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS). Ce plan de plus de 1,3 G$ sur cinq ans vise notamment le développement d’une main-d’œuvre qualifiée pour faire face aux nouvelles réalités du marché. La Stratégie définit quatre grands chantiers sur lesquels miseront le gouvernement et ses partenaires: disposer de suffisamment de travailleurs (802 M$); améliorer la flexibilité et l’agilité dans le développement des compétences (394,7 M$); avoir une meilleure connaissance des besoins actuels et futurs du marché du travail et les diffuser (77,9 M$); et adapter les milieux de travail (63,1 M$). «La plus grande part du budget servira à intégrer en emploi le plus grand nombre possible de personnes en mesure d’occuper un poste, notamment les personnes immigrantes, ainsi qu’à soutenir les employeurs dans leur adaptation aux transformations au marché du travail», expose le porte-parole du ministère du Travail Vincent Breton. Une quinzaine de mesures ciblent particulièrement les personnes immigrantes, que ce soit en facilitant l’accès au recrutement international ou en mettant en place un système de déclaration d’intérêt pour la sélection des personnes immigrantes. De plus, «la transformation rapide du marché du travail pourrait favoriser la croissance des entreprises et la création d’emplois à plus haute valeur ajoutée, ajoute le porte-parole. Pour ce faire, il faut que les conditions d’exercice de ces emplois soient favorables et en phase avec les nouvelles réalités sociales.» Évolution du marché De nombreuses mesures prévoient l’accompagnement des entreprises et des travailleurs dans leur adaptation à l’évolution du marché du travail. Le gouvernement s’engage entre autres à soutenir plus d’entreprises avec les services publics d’emploi; à offrir des séminaires de sensibilisation des employeurs aux nouvelles conditions du marché du travail; à compenser les frais de recrutement et d’installation des travailleurs qui s’implantent dans une autre région; à soutenir les travailleurs saisonniers; à développer les compétences numériques des travailleurs et des chômeurs; et à favoriser le développement des compétences de la main-d’œuvre du secteur de la santé et des services sociaux. Développer l’offre de formation continue en ligne du secteur bioalimentaire et favoriser la formation qualifiante des travailleurs en emploi dans les PME s’ajoutent aux volontés du gouvernement. Pertes économiques Dans un contexte où le taux de chômage est faible – 3,9% en Montérégie au mois de mai –, le défi se trouve du côté du recrutement. «On estime qu’en 2017, le nombre de postes vacants de longue durée (plus de 90 jours) entraîne une perte économique de plus de 400 M$ en revenus d’emplois, soit 0,1% du produit intérieur brut (PIB) du Québec», précise la Stratégie. Parmi les domaines qui seront particulièrement en demande au cours des prochaines années figurent les sciences, les technologies et le génie. Toutefois, «ces défis touchent autant la main-d’œuvre spécialisée et hautement qualifiée que les emplois moins spécialisés, tels que ceux des journaliers et des manœuvres, ou ceux du commerce de détail et de la restauration», décrit la Stratégie.   Top 5 des postes vacants en avril en Montérégie 1. Manutentionnaires: 1025 postes
  1. Manœuvres dans la transformation des aliments, des boissons et des produits connexes: 941 postes
  2. Vendeurs – commerces de détail: 737 postes
  3. Autres manœuvres des services de transformation, de fabrication et d’utilité publique: 658 postes
  4. Autres préposés aux services d’information et aux services à la clientèle: 587 postes
Selon le site Placement en ligne   Une intervention «nécessaire», selon la FCCQ La Stratégie nationale sur la main-d’œuvre est nécessaire, croit la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ). «Il faut des actions concrètes, livrées avec conviction et fermeté, autrement le Québec se dirige inéluctablement vers une croissance plus faible», a déclaré le président-directeur général de la FCCQ Stéphane Forget. Selon la Fédération, les principaux défis du Québec en matière de main-d’œuvre sont la démographie et les compétences.