Survivre à une décharge de 14 400 volts

Les brûlures causées lors d’un incendie ou par électrisation entraînent d’importants traumatismes physiques. Frappé par une décharge électrique de 14 400 volts en 2013, Marc Henry demeure un survivant, notamment grâce aux soins obtenus à l’Unité des grands brulés du CHUM.

Le monteur de ligne d’Hydro-Québec oeuvrait dans une nacelle dans le secteur Melocheville à Beauharnois lorsque l’accident s’est produit, en juillet 2013.

« Le courant était pour s’enlever dans les instants suivants, raconte-t-il. Mais je n’avais pas la tête à l’ouvrage cette journée-là; 9 jours avant, j’avais appris que j’étais atteint d’un cancer de la glande thyroïde, le même qui avait causé le décès de ma mère. J’aurais dû rester chez moi. Ce métier-là exige que tu aies la tête à 100 % à ta tâche, sinon... »

Électrisé d’une décharge de 14 400 volts qui a passé d’une main à l’autre, Marc Henry a rapidement été secouru par ses collègues, ainsi qu’un premier répondant qui circulait alors dans le secteur. Il a aussitôt été conduit par ambulance à l’Hôpital du Suroît.

« J’étais sûr que j’allais mourir là, se souvient-il. Je trouvais ça juste plate de ne pas pouvoir dire adieu à mes proches. Mais du même coup, dans les premiers instants, la première chose que je me suis dit, c’est que ça ne faisait pas si mal que ça. Rendu à l’hôpital, lorsqu’on m’a informé que je pouvais être transféré à l’Unité des grands brûlés, le stress est tombé; c’est là que ça a commencé à faire mal. » 

Victime de brûlures au 4e degré aux deux mains, le monteur de ligne a également subi des déchirures aux muscles des épaules, en plus de subir des dommages au cœur.

« J’ai passé trois semaines à l’Unité des grands brûlés, j’ai subi deux ou trois interventions, puis j’y suis retourné par la suite pour subir des greffes de peau à mes deux mains. »

Marc Henry a pu échanger avec la préventionniste du Service de sécurité-incendie de Salaberry-de-Valleyfield, David Carrier, lors de notre rencontre. (Photo – Denis Germain)

Soins spécialisés

Située au 9e étage du CHUM, l’Unité des grands brûlés traite les victimes de brûlures graves provenant de l'Ouest du Québec. « Toutes les victimes d’une électrisation son automatiquement traitées à l’Unité, indique Marie-Josée Chalifour, de la Fondation des pompiers du Québec pour les grands brûlés. Les brûlures internes sont plus compliquées à traiter. »

Sont aussi considérés comme des grands brûlés les gens qui témoignent de brûlures au 3e degré sur plus de 10% de leur corps, ou au 2e degré sur plus de 30% de leur corps. 

L’Unité accueille annuellement entre 280 et 350 patients. « Depuis 30 ans, on n’a jamais baissé sous les 280 patients », note Mme Chalifour.

Des séquelles permanentes

Pour Marc Henry, les effets de ces brûlures ont perduré et se font toujours sentir à ce jour. « J’ai été deux ans et demi à passer au couteau aux 3-4 mois », dit-il en riant. C'est sans compter l'intervention subie pour l'ablation de sa glande thyroïde.

À 59 ans, il n’éprouve plus aucune sensation dans ses mains, qui sont devenues plus fragiles en raison des nombreuses greffes de peau. « Je dois faire attention parce qu’il arrive que je me coupe et que je ne m’en aperçoive pas. Alors je porte des gants pour n’importe quelle tâche que j’ai à accomplir. »

Retraité depuis 2017, il ne peut transporter de lourdes charges en raison de la capacité de ses épaules. Mais il peut fonctionner normalement, en général.

Il invite néanmoins les gens à la prudence, surtout à l’égard des lignes électriques. « À l’Unité, j’ai vu des personnes qui se sont approchées de trop près et qui ont perdu un bras, une jambe. Ça brise des vies. »