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Tarification et monopole: le REM suscite des inquiétudes à Longueuil

le mardi 27 mars 2018
Modifié à 16 h 48 min le 27 mars 2018
Par Sarah Laou

slaou@gravitemedia.com

TRANSPORTS. Alors que les travaux du Réseau express métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) s’amorcent, les questionnements se multiplient pour les municipalités du Grand-Montréal, dont Longueuil, qui s’inquiètent notamment de la facture et des conséquences occasionnées par le monopole du REM. En plus de s’être opposée à l’entente avalisée par l'Agence régionale de transport métropolitain (ARTM) sur les bassins de non-concurrence du REM, Longueuil conteste le mécanisme de tarification de la Caisse de dépôt. La Ville redoute l'explosion des coûts à long terme et reproche «des projections opaques» sur 20 à 30 ans. «Lorsque nous évaluons les coûts de ce projet, dans nos pires scénarios, nous prévoyons une augmentation de plus de 30% pour la municipalité. Ce pourcentage nous amène bien au-delà des estimations de la Caisse, expose le conseiller municipal de Longueuil et vice-président du comité exécutif Éric Beaulieu. Qui paiera la facture? C’est une question légitime. Nous souhaiterions avoir de vrais chiffres pour les inscrire à nos budgets. Pour l’instant, nous n’avons aucune assurance.» Facture La Caisse de dépôt assure de son côté que les coûts occasionnés par le REM seront plafonnés pour les municipalités et «qu’il n’y aura pas de mauvaises surprises» à long terme. «Le financement que nous proposons est une tarification à paliers régressifs, qui se calcule en fonction de l’achalandage, assure le directeur relations médias chez CDPQ Infra Jean-Vincent Lacroix. Même si la fréquentation atteint les 170%, les municipalités seront plafonnées à 60 M$ d’aujourd’hui, ce qui représente une contribution de 4 à 6% pour l'ensemble des réseaux de transport dans leur budget. Et c’est un seuil qui ne variera pas dans le temps.» La Caisse de dépôt a également mentionné qu’elle s'engageait à ce que le coût du REM soit «comparable» à celui des réseaux existants. Clause de non-concurrence En vertu de l’entente conclue entre le REM et l’ARTM, la Caisse prévoit donc de s’approprier des territoires, privilégiant ainsi le rabattage des autres services de transport en commun vers les gares du REM. Une entente qui a suscité la grogne de plusieurs banlieues du Grand-Montréal. Sur cet autre point qui suscite l’inquiétude des villes, la Caisse assure que l'objectif n'est que «d'optimiser les trajets des usagers en évitant les frais inutiles et la congestion». «Il y a beaucoup de trafic actuellement sur le pont Champlain, précise Jean-Vincent-Lacroix. Le REM va permettre aux usagers d’avoir un service rapide et efficace, en sachant que l’attente aux heures pointes n’excèdera pas deux minutes, soit l’équivalent du métro de Montréal.» Lors d’une entrevue accordée au Téléjournal Montréal de Radio-Canada, le président et chef de la direction de CPDQ Infra, Macky Tall, a même évoqué «le gros bon sens» de cette entente. «Pourquoi mettre des fonds publics dans un autobus qui est plus lent, qui est pris dans le trafic parce qu'il n'y a pas de voie réservée, qui arrive au terminus du centre-ville – qui est déjà à capacité aujourd'hui – lorsque le REM va fonctionner 20 heures par jour, sept jours sur sept? C'est simplement la logique que nous avons reflétée avec cette entente», avait-il affirmé. La CDPQ a toutefois tenu à rassurer en indiquant que des arrangements «à la pièce» pourraient être envisagés avec certaines municipalités. «Certains autobus pourraient avoir accès au pont, a ajouté le directeur des relations médias de la CDPQ. Nous ne sommes pas fermés sur le sujet. Il faudra voir au cas par cas.» Selon l’entente, le monopole du REM sur la Rive-Sud s’étend jusqu’au sud de la route 116, à l’ouest de Saint-Basile-le-Grand, puis aux limites de Candiac. Plus de transparence Le premier ministre, qui appuie les monopoles accordés au REM en plaidant qu’un tel projet ne pourrait voir le jour sans ces bassins de non-concurrence, a invité le 23 mars la CDPQ à plus de transparence et de communication. «Nous recevons bien ces commentaires, a assuré le porte-parole de la Caisse. Nous publions régulièrement des informations sur notre site Internet et nous allons prendre le temps de rencontrer les municipalités. Nous tâcherons de répondre le plus clairement possible à leurs inquiétudes sur la projection des coûts, mais aussi sur les étapes importantes de financement, de conception et de développement du REM.» Rappelons que le REM est un projet de train de banlieue de 7,4 G$, mené par la Caisse de dépôt et financé par Québec, le gouvernement fédéral et Hydro-Québec. Il comprend une grande ligne allant de la Couronne Nord (Deux-Montagnes) à la Rive-Sud (Brossard), en passant par l'île de Montréal, ainsi que deux segments vers l'ouest de l'île, pour un total de 26 stations. Long de 67 km, ce réseau devrait voir le jour en 2021.

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