Culture

The Musical Box: frôler le génie créatif de Genesis

le mercredi 18 avril 2018
Modifié à 10 h 46 min le 18 avril 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

MUSIQUE. Chaque fois que The Musical Box monte sur scène, la magie de la machine à remonter dans le temps opère. Avec Selling England by the Pound renaissent les envolées musicales de Cinema Show ou Dancing with the Moonlit Knight, mais aussi les débuts du rock théâtral qui a fait la renommée de Genesis. La tournée Selling England by the Pound de Genesis a marqué un tournant, en 1974, dans la carrière du mythique groupe britannique. «The Musical Box a tâté le pouls du pré et du post Selling England by the Pound et on peut dire que cette production, c’est le concert fanion du vieux Genesis; c’est la référence directe, la plaque tournante», tranche Sébastien Lamothe, membre fondateur du groupe hommage. Créant un événement dans toutes les villes où il s’arrêtait, le spectacle de Genesis explorait bien au-delà de l’album, reprenant entre autres les grands succès des albums précédents. «C’est vraiment en 1974 que Peter Gabriel est allé plus loin, sur le plan des costumes et des personnages, explique-t-il. Il a développé ses présentations, le visuel du spectacle. Durant Supper’s Ready, un grand classique joué en clôture du concert, c’est là que Genesis a mis le paquet au niveau visuel; au-delà de l’entertainment, joindre l’intensité musicale à des images très fortes, devenues iconiques.» Iconique comme ce masque en fleur de Peter Gabriel. C’est aussi à partir de cette période que Genesis a connu un nouveau souffle, passant de salles de quelques centaines de personnes à des amphithéâtres de milliers de spectateurs. Un ensemble d’éléments qui ont conféré au concert cet aura mythique. «C’est ce qui explique l’intensité de l’expérience sur scène du vieux Genesis. C’est un spectacle qui avait beaucoup d’informations, très chargé à tous les niveaux, créant des tableaux forts, malgré tout, avec peu de moyens», relate celui qui incarne Mike Rutherford sur scène. Authenticité Toujours à l’affut des nouvelles technologies – on accorde à tort les premiers usages du laser sur scène à Pink Floyd, alors que l’initiative revient à la troupe de Peter Gabriel –, Genesis usait de ces moyens pour développer la théâtralité du spectacle, employant notamment les black light qui venaient de faire leur entrée dans le monde du spectacle. Dans un souci d’authenticité, The Musical Box intègre la technologie à la mise en scène…mais la technologie des années 1970, projections de diapositives incluses. «Les artifices ne sont pas modernes. C’est notre marque de commerce, on joue le jeu, on se prête à la difficulté. Les instruments sont aussi de l’époque. On sent qu’il y a quelque chose des années 1970 là-dedans, c’est inévitable. Mais il y a tellement de flair et de génie créatif que ça passe encore.» Sébastien Lamothe s’émeut peu de la technologie actuelle, alors que les mégaproductions d’aujourd’hui, bien qu’impressionnantes, «ne goûtent pas grand-chose». Ce souci d’authenticité a toujours été, depuis plus de 20 ans, le leitmotiv de The Musical Box. C’est l’envie de reproduire et de comprendre une grande œuvre qui pousse d’abord tout musicien à empoigner sa guitare, croit-il. Et puisque «gosser une toune» ne suffit pas, The Musical Box a poussé cette pulsion au maximum.
«On est un peu dans l’ombre du géant d’origine. On essaie de se coller, de s’approcher de ce qu’on considère génial. On a pris les moyens, on en a fait notre mission.» Sébastien Lamothe
Ces moyens, c’est entre autres de faire affaire avec des archivistes, de recenser des photos et vidéos amateurs – souvent fournis par des fans – pour reproduire avec le plus d’exactitude le déroulement d’un spectacle. «On est passé d’un groupe qui essaie d’imiter à un groupe où le pouls de la production ne vit que par la recherche historique. S’il y a un mérite à The Musical Box, c’est cet effort de s’effacer, de comprendre la science derrière l’écriture de cette musique», témoigne Sébastien Lamothe, qui détient un savoir quasi encyclopédique sur la formation anglaise. Beau hasard C’est aussi d’avoir eu la chance de rencontrer les membres de Genesis et d’accéder aux bandes audios originales. Lors d’une visite d’un studio du groupe, le directeur artistique Serge Morissette de The Musical Box a littéralement trouvé par hasard une boîte de carton toute humide contenant les diapositives – pêle-mêle – des images projetées durant Selling England by the Pound et The Lamb lies down on Broadway. Des objets que les membres de Genesis eux-mêmes croyaient perdus. «On nous les a prêtés, à une seule condition: on nous a demandé de les remettre dans le bon ordre… car ils ne le connaissaient pas.» Grâce aux archives, photos et autres documents grapillés un peu partout, au moins 95% de la séquence a été recréée. «The Musical Box est vraiment le gardien du vieux Genesis», conclut Sébastien Lamothe. À L'Étoile Banque nationale le 24 avril