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Transport 2000 change de nom et se met à la page

le lundi 17 juillet 2017
Modifié à 0 h 00 min le 17 juillet 2017

MONTRÉAL. Transport 2000 changera de nom pour devenir Trajectoire Québec et ainsi refléter sa transition vers une organisation plus militante dont l’action se situe à l’échelle provinciale.

«Il n’y a pas de changement de vocation, mais un changement dans notre approche a été amorcé depuis cinq ans», a confié le président de l’organisme, François Pepin, en entrevue avec La Presse canadienne.

«Nous avons étendu beaucoup d’antennes en région et sur l’ensemble du territoire et surtout, on veut mettre davantage l’accent sur la mobilisation des utilisateurs.»

Le changement de nom, qui sera officialisé le 14 septembre, se veut aussi une mise à la page.

«Transport 2000, ça faisait 20e siècle un peu!», a-t-il reconnu en riant.

Du même coup, l’organisme souhaite se détacher d’une image «montréalaise», une perception qui ne reflète pas le travail accompli en région, où la question du transport collectif est de plus en plus cruciale.

«Il y a un vieillissement de la population en région et les jeunes qui sont là ont besoin d’accès aux lieux d’études; ça prend un transport collectif efficace pour aller dans la région d’à côté ou dans la ville-centre la plus proche», fait valoir M. Pepin.

Il souligne que l’utilisation du transport collectif a augmenté d’environ 600 pour cent en région au cours des dix dernières années.

Cette situation est partiellement liée aux difficultés rencontrées dans le transport interurbain, où les opérateurs privés ont abandonné certains secteurs, faute de rentabilité, et où les acteurs locaux se sont mobilisés pour prendre la relève avec des initiatives reposant sur une variété de solutions impliquant des minibus, des taxis ou une collaboration avec les transporteurs interurbains privés.

«À Magog (en Estrie), il y a un service local qui s’est développé et qui comprend une navette vers la ligne interurbaine Sherbrooke-Montréal», explique-t-il.

Il cite également l’exemple de l’Abitibi où l’entreprise Maheu Transport, qui fait la liaison entre la région et Montréal, a conclu une entente avec différentes villes qui permettent aux citoyens d’utiliser le service de Maheu pour se déplacer d’une ville à l’autre en payant un tarif local, les municipalités versant à l’opérateur privé la différence entre ce tarif local et celui entre l’Abitibi et Montréal.

«C’est le genre de solution où, lorsqu’il y a déjà un service, on peut conclure des ententes qui aident tout le monde.

«En Gaspésie, par exemple, vous avez cinq MRC qui se sont regroupées il y a déjà presque 10 ans pour desservir leur région. Elles travaillent autant avec des minibus qu’avec des taxis et d’autres véhicules», explique le président de Transport 2000.

Que les municipalités assument les coûts requis va de soi, selon lui: «Le transport en commun en région est une question de service public et ne doit pas être soumis aux impératifs de rentabilité.»

François Pepin souligne cependant qu’il y a encore de nombreuses lacunes en région, certaines n’étant pas du tout desservies.

«Shawinigan a son réseau, par exemple, et Trois-Rivières a son réseau, mais entre les deux, il n’y a rien. Aller de Shawinigan à Trois-Rivières, c’est difficile même si ce n’est qu’à 35 kilomètres.

«Souvent aussi il y a des endroits, comme dans la région de Saint-Hyacinthe, où les gens qui sont en milieu rural ont du mal à se rendre à la ville-centre. Saint-Hyacinthe fait des efforts pour améliorer son service de transport collectif, mais du moment où l’on sort des limites de la ville, c’est une autre histoire.»

REM et ARTM: répondre aux besoins

Le futur «Trajectoire Québec» ne délaissera pas le dossier montréalais pour autant.

M. Pepin fait valoir que le regroupement des différents modes et organismes de transport collectif de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) sous l’égide de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) sera un bienfait pour les usagers, puisqu’il permettra d’implanter une vision globale et, surtout, d’uniformiser les pratiques, particulièrement en matière de titres et de tarifs.

«Pour l’usager occasionnel, actuellement c’est un vrai cauchemar simplement de savoir quel chemin prendre, quel transporteur utiliser, combien ça coûte, où acheter le titre, quel support prendre, une carte Opus, ou un billet», énumère-t-il avec une certaine exaspération.

Il salue également le projet de Réseau électrique métropolitain (REM), faisant valoir que celui-ci desservira la population de l’ouest de la CMM, qui fait figure d’enfant pauvre en matière de transport collectif, particulièrement dans le secteur nord-ouest de l’île, là où le transport en commun est moins utilisé en raison de son inefficacité.

«L’ouest de l’île, c’est là où le transport en commun est le moins utilisé: sur l’île de Montréal dans l’ensemble, 75 pour cent des gens utilisent le transport en commun pour se rendre au centre-ville, mais dans l’ouest de l’île, c’est 50 pour cent.»

De plus, le lien entre l’aéroport et le centre-ville est attendu depuis de nombreuses années, tout comme la desserte de l’ouest de la Rive-Sud de Montréal par le pont Champlain, présentement assurée par la méthode archaïque d’installation manuelle de cônes.

«Les gens du pont Champlain attendent depuis 1978 parce qu’ils sont tannés de voir les cônes s’envoler au vent quand il ne fait pas beau», fait-il valoir.

L’organisme ne donne toutefois pas un appui inconditionnel au projet et encore moins un chèque en blanc aux promoteurs du REM: «Le REM, on va attendre qu’il arrive. Il reste plusieurs questions», laisse-t-il tomber.