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Transport scolaire: d’importants retards qui inquiètent

le mardi 11 février 2020
Modifié à 13 h 53 min le 14 février 2020

Depuis septembre, il n’est pas rare que l’autobus scolaire du trajet 609 de l’école Félix-Leclerc accuse des retards qui atteignent les 30 minutes, voire une heure, tant le matin que le soir. À quelques reprises, l’autobus n’est tout simplement pas passé. Selon la mère d’un élève de cette école, ces manquements sont inacceptables. À lire aussi: le dur métier de chauffeur d'autobus scolaire Le 11 décembre, l’autobus qui devait passer à 7h50 dans l’arr. de Saint-Hubert, près du parc de la Cité, n’est jamais arrivé. Le garçon de Mélanie Pellerin, âgé de 9 ans, est retourné à la maison, après avoir attendu 40 minutes. C’est une autre maman qui a avisé Mme Pellerin et qui a pu conduire son fils à l’école. «C’est grave. Ce sont des enfants du primaire, de 5, 7, 9 ans! Ils sont pris sur le coin de la rue, et les parents sont déjà partis au travail», relève la maman. Cet incident n’est pas un événement isolé. Selon Mme Pellerin, la situation s’est améliorée au cours des dernières semaines, mais depuis le début de l’année scolaire, elle notait au moins un retard par semaine. Depuis, Mme Pellerin va chercher son fils directement à l’école à la fin des classes pour éviter les mauvaises surprises. Elle déplore également que le trajet 609 – d’au moins une heure – soit particulièrement long. L’école Félix-Leclerc, situé à Saint-Lambert, est un établissement à vocation musicale. Les élèves peuvent provenir d’un peu partout sur le territoire. Mme Pellerin a aussi remarqué que plusieurs chauffeurs se sont succédé au fil des semaines. Même son de cloche du côté de plusieurs parents d’élèves fréquentant l’école secondaire Jacques-Rousseau, qui ont dû se débrouiller pour reconduire leurs enfants étant donné l’annulation du transport scolaire à quelques reprises. Au retour du congé des fêtes, l’autobus du trajet 917 a été annulé à au moins deux reprises. Selon la mère d’un garçon qui fréquente l’établissement, certains élèves ont attendu presqu’une heure à l’arrêt d’autobus. «Ils nous laissent nous débrouiller, mais moi je n’ai pas de voiture et mon fils n’a jamais utilisé le transport en commun, alors qu’est-ce que je dois faire?» s’est questionné la femme qui préfère garder l’anonymat. Avis par courriel Lorsque qu’une situation comme celle-ci survient, les parents touchés reçoivent un courriel les avisant que l’autobus sera en retard ou ne pourra faire le trajet. Selon Mélanie Pellerin, c’est inefficace. «À 8h15, il est trop tard. J’étais déjà au travail. On ne regarde pas forcément toujours nos courriels. Et on ne donnait aucun détail de la raison de cet oubli.» Le conseiller en communication de la Commission scolaire Marie-Victorin (CSMV) Alexandre Kozminski explique que l’envoi massif de courriel est le système «le plus efficace» pour communiquer rapidement avec les parents. «Les délais sont souvent très serrés puisque la décision du transporteur d’annuler un circuit d’autobus, par manque d’effectif, est prise en tout dernier recours. La commission scolaire n’est informée de la situation qu’en soirée, la veille, ou le matin même», précise-t-il. Mme Pellerin a porté plainte à la Commission scolaire Marie-Victorin. Elle refuse de pointer du doigt l’école, qui «a toujours été à l’écoute». Mesures correctives Tant pour l’école Félix-Leclerc que l’école secondaire Jacques-Rousseau, la commission scolaire explique l’absence d’autobus par le fait qu’un «chauffeur habituel a été absent et n’a pu être remplacé à temps par la compagnie». Lorsque ce genre de manquement survient, une rencontre est tenue avec le transporteur «pour comprendre le problème et veiller à ce qu’il ne se reproduise plus», mentionne Alexandre Kozminski. Dans le cas de l’école primaire, le transporteur a embauché deux nouveaux régisseurs afin de superviser les itinéraires des autobus et effectuer un remplacement au besoin. M. Kozminski rappelle aussi les trajets d’autobus «atypiques» de l’école Félix-Leclerc, qui accueille des élèves de tout le territoire. «L’école Félix-Leclerc est située dans une enclave: elle est donc moins facilement accessible pour les automobilistes et les autobus scolaires que d’autres écoles de la CSMV», ajoute-t-il. Quant à l’enjeu de sécurité découlant de ces retards ou absences, «les parents ont la responsabilité d’assurer la sécurité de leur enfant avant qu’ils ne soient à l’intérieur de l’autobus scolaire», indique M. Kozminski.         La pénurie de main-d’œuvre au cœur du problème À la CSMV, on confirme être bien au fait des problèmes de retards et d’annulations dans le transport scolaire. Comme plusieurs industries, celle du transport scolaire est également affectée par la pénurie de main-d’œuvre. «Certains de nos transporteurs peinent à pourvoir tous les postes de chauffeurs nécessaires», explique le conseiller en communication de la CSMV Alexandre Kozminski. Le directeur du Service de l’organisation du transport scolaire de la CSMV Christian Hinse assure toutefois que la situation s’est rétablie dans les dernières semaines, alors que plusieurs chauffeurs ont été formés par les transporteurs. «Les transporteurs ont été pris de court, spécifie M. Hinse. Ils ont été proactifs, mais ça prend un certain temps pour former de bons chauffeurs. La vague de nouveaux chauffeurs est maintenant disponible et c’est ce qui fait en sorte, qu’à très court terme, le problème s’est réglé». Il est d’ailleurs conscient que la situation peut «inquiéter les parents». «La sécurité des enfants priment sur tout, insiste M. Hinse. Nous travaillons main dans la main avec les transporteurs pour offrir un service sécuritaire, convivial et agréable aux enfants. Nous travaillons d’arrache-pied pour trouver des solutions.» Il souligne que depuis le 14 janvier, «aucun retard causé par le manque de main-d’œuvre n’a été constaté sur nos routes». Mise à part le manque de main-d’œuvre, la commission scolaire fait face à de nombreux enjeux concernant le transport scolaire. Le trafic, toujours plus dense, n’est pas à sous-estimer. Le régisseur du Service de l’organisation du transport scolaire Alexandre Doré-Fleury précise que la CSMV transporte plus de 17 000 élèves sur un territoire «très dense», ce qui augmente le défi «de circulation sur le territoire».   (Textes d'Ali Dostie et Vanessa Picotte)