Culture

Trop peu de micros pour la relève

le mardi 19 mai 2015
Modifié à 0 h 00 min le 19 mai 2015
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

CULTURE. Pas facile de se tailler une place comme chanteur de la relève à Longueuil. Il y a peu de petites scènes qui permettent à la jeune génération de se manifester et encore moins de bars ouverts aux performances musicales. Les ingrédients sont donc réunis pour que les jeunes voix longueuilloises… chantent ailleurs.

Le jeune auteur-compositeur de l’arr. de Saint-Hubert Alexandre Gendron partira en tournée cet été. Il s'arrêtera à Saguenay, Québec, Trois-Rivières; en tout, 25 villes. Mais pas Longueuil.

«On veut tellement avoir l'air grandiose. On met beaucoup d'argent sur des gros noms, mais on oublie les jeunes qui essaient de se frayer un chemin, commente le chanteur. Si j'appelle pour faire un spectacle au parc St. Mark, on ne me donne pas d'opportunité. Je serais prêt à chanter gratuitement, pour me faire connaître et parce que j'ai le goût de partager avec ma communauté.»

Loin de pointer du doigt la Ville de Longueuil, Alexandre Gendron croit que ces lacunes à l'égard de la relève musicale seraient davantage dues à «un manque de budget, et non à un manque de volonté».

Même si tous les artistes ne peuvent «s'offrir» le Théâtre de la Ville, il considère tout de même que l'institution artistique accorde du temps à la relève.

L'artiste longueuillois Dominic Boudreau partage ce diagnostic. «Même pour moi, qui fais ce métier depuis des années, c'est difficile d'entrer au Théâtre de la Ville.»

Il s'étonne qu'une ville de l'ampleur de Longueuil compte si peu de places pour des spectacles de la relève. «Dans les festivals, il y a des ouvertures, mais c'est juste une fois par année.»

Le groupe d'origine longueuilloise Les Passagers, installé à Montréal, fait beaucoup de spectacles dans les bars, tant dans la métropole qu'en région. «On n'a pas trouvé de micro à Longueuil. À Montréal, il y a plus d'initiatives de la population, alors que la Ville mise sur des artistes plus connus», ajoute pour sa part Andréanne Muzzo, membre du groupe.

Parmi les quelques rares salles accessibles, le Centre des arts de la scène Desjardins de la Maison de jeunes Kekpart offre depuis 2007 une scène aux artistes émergents. «Karkwa et Ingrid St-Pierre sont venus à leurs débuts. Il y a aussi le rappeur Kaya qui chante souvent ici», détaille la directrice des locations, Marie-France Lamarche.

«L'art, ça touche tous les jeunes. Je ne connais pas un jeune qui n'aime pas la musique. On a décidé de miser là-dessus, notamment avec des projets de prévention», ajoute-t-elle.

Un «manque criant»

Selon le président du C.A. du Conseil montérégien de la culture et des communications (CMCC), Sylvain Massé, Longueuil souffre ni plus ni moins d'un «manque criant de tous plateaux culturels confondus. C'est triste à mourir. Même avec le futur complexe culturel, il y aura encore un déficit».

M. Massé ne mâche pas ses mots pour exprimer son «profond malaise» à l'égard des lacunes en termes de diffusion à Longueuil, alors que la relève y est pourtant «foisonnante».

Il est d'avis que la solution ne serait pas tant d'aménager une nouvelle salle, étant donné la gestion et les coûts engendrés, mais plutôt d'octroyer des permis aux bars et restaurants existants qui désirent offrir des spectacles. Car les consommateurs qui cherchent ce type de spectacles et d'ambiances se tournent inéluctablement vers Montréal.

«Tout le monde y gagnerait: les artistes, les commerces, les citoyens. Il faut que les propriétaires aient accès à des permis», insiste M. Massé.