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Un bilan positif pour la première fête nationale au parc Michel-Chartrand

le lundi 08 juillet 2019
Modifié à 17 h 45 min le 05 juillet 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

L’annonce de la tenue de la fête nationale au parc Michel-Chartrand – et surtout celle de la fin des célébrations sur la rue Saint-Charles et au parc de la Cité – n’avait pas manqué de faire réagir. Aux yeux des organisateurs, le pari aura été gagné. «C’était fantastique, s’exclame la présidente de  la Corporation de la Fête nationale du Québec à Longueuil Doris Guérette. C’était absolument extraordinaire d’occuper un parc comme celui-là, l’un des plus beaux au Québec, avec différentes activités un peu partout, la tyrolienne au-dessus du lac…» Les activités familiales et le spectacle de Mes Aïeux auront attiré en tout 20 000 personnes. En comparaison, 8000 à 10 000 festivaliers se joignaient en moyenne aux célébrations de la rue Saint-Charles, relève la présidente. En 2016, la Corporation s’était réjouie d’un bilan record de 30 000 festivaliers en deux jours. Au parc de la Cité, les foules étaient généralement considérables. Un parc «central» Malgré le succès de l’événement, des Longueuillois ont néanmoins exprimé le regret de ne plus pouvoir fêter la Saint-Jean-Baptiste sur la rue Saint-Charles ou dans l’arr. de Saint-Hubert. Doris Guérette a même eu vent d’une pétition qui pourrait demander le retour du spectacle au parc de la Cité. Jusqu’à maintenant, rien n’est décidé pour l’an prochain. «Lorsque la décision de tenir cet événement au parc Michel-Chartrand a été annoncée, il avait déjà été convenu de faire un bilan qui alimentera la réflexion quant au choix du site pour les prochaines éditions, affirme le porte-parole de la Ville de Longueuil Louis-Pascal Cyr. Le sujet sera donc discuté l’automne prochain.» L’idée de tenir les festivités en alternance aux parcs Michel-Chartrand et de la Cité, proposée entre autres par des élus, n’emballe pas Doris Guérette. Des citoyens risqueraient de se tromper d’endroit, estime-t-elle, à moins de redoubler d’efforts de publicité. À son avis, le parc Michel-Chartrand est idéal, facilement accessible, tant des résidents de l’arr. de Saint-Hubert que de celui du Vieux-Longueuil. «C’est central. Il ne doit pas y avoir d’animosité entre le Vieux-Longueuil et Saint-Hubert. Et il ne faut pas en privilégier un plus qu’un autre. Il faut être sage.» Elle rappelle aussi que le Réseau de transport de Longueuil offrait gratuitement un service de navettes. «Rentable, mais...» L’enjeu financier avait été le premier motif à la fusion des événements de la fête nationale. Cette année, l’organisation a bénéficié d’un soutien de 120 000$ de la Ville de Longueuil. Depuis plusieurs années, l’administration municipale remettait 65 000$ à chacune des deux organisations responsables. La Ville a assuré un soutien logistique, en prêtant des équipements matériels et en impliquant divers services comme les travaux publics et le service des loisirs. Doris Guérette rappelle aussi que les cachets qu’exigent les artistes augmentent considérablement pour le soir de la fête nationale. «En dernier, on n’était plus capable d’avoir de grosses vedettes dans le Vieux-Longueuil», soutient-elle. La formule privilégiée cette année a aussi facilité le travail auprès des partenaires. Elle croit néanmoins qu’il sera plus facile de les convaincre dès l’an prochain, avec en poche le succès de la première édition de cette formule. «Ç’a été rentable, mais ce sera encore mieux avec plus de partenaires.» Malgré les défis financiers, exiger un prix d’entrée – comme c’était le cas au parc de la Cité – n’est pas la solution, croit Mme Guérette. «La Saint-Jean, c’est la fête de tous les citoyens. Il faut essayer de trouver des moyens. C’est au gouvernement et aux villes d’essayer d’offrir ces activités sans que les citoyens aient à débourser.» 23 ou 24? Si Doris Guérette croyait que cette année serait sa dernière à la tête de la Corporation, le succès l’aura convaincue de poursuivre l’an prochain. «Nous pouvons encore nous améliorer. Il y a tellement de possibilités!» lance avec emballement celle qui s’implique bénévolement pour la cause depuis 12 ans. Parmi les points à améliorer, déplacer le spectacle le 23 plutôt que le 24 pourrait rallier encore plus de gens, reconnait-elle. «Le 24, ça se termine plus tôt, car les gens travaillent le lendemain. Si on peut, l’an prochain, on fera le spectacle le 23 et les activités familiales le lendemain.» La Corporation n’avait d’autres choix que d’opter pour le 24 cette année. «Quand la décision a été prise que ça se faisait au parc Michel-Chartrand, on devait trouver une scène plus grosse et tout était déjà loué pour le 23.» Et les commerçants? La rue Saint-Charles aura forcément été plus tranquille cette année, en cette première longue fin de semaine de juin. Le propriétaire de la crèmerie La Diperie a noté une baisse de l’achalandage. «C’est certain que les activités familiales et les repas gratuits donnés aux enfants par St-Hubert nous amenaient beaucoup de clients, a partagé Antony Joseph Akoury. Une chance que la météo était de notre côté.» Un son de cloche similaire du côté du restaurant L’Gros luxe. «On n’a pas été très occupés, mais on s’est bien débrouillés», a relevé le gérant Gabriel Aubin Ryan. Il juge tout de même dommage que «collectivement», la rue Saint-Charles ait perdu cet événement rassembleur. «Jusqu’à la dernière minute, les gens pensaient qu’il y aurait quelque chose sur la rue.» Cette formule n’a toutefois pas fait que des malheureux. À la Pâtisserie Rolland, c’est plutôt l’effet inverse qui s’est produit. Avec les kiosques offrant de la nourriture durant les journées de festivités de la rue Saint-Charles, peu de clients passaient la porte du commerce. Cette année, les clients ont afflué toute la journée.     Sécurité: des craintes qui ne se sont pas avérées La tenue d’un événement de cette ampleur avait suscité des inquiétudes, notamment de la part des Amis du parc Michel-Chartrand. Le regroupement de citoyens craignait que ce parc nature considéré majoritairement comme une zone de conservation soit abîmé par les festivaliers. La zone de conservation n’a pas été utilisée pour l’événement. «Les craintes ne se sont pas matérialisées, constate le président du regroupement Yvan Landry. Nous n’avons pas observé de dérangements significatifs.» Plusieurs membres du groupe étaient présents sur le site avant, pendant et après l’événement. M. Landry note que les activités familiales ont été, en un sens, plus perturbantes – en raison des nombreuses installations – que le spectacle en soirée, où il y avait une forte présence policière. Il se désole aussi que le secteur du marais n’ait pas été clôturé, puisqu’il s’agit d’une zone particulièrement fragile et que les gens pouvaient s’y aventurer. Parmi les précautions prises, la Ville de Longueuil indique qu’un cahier de charges concernant les informations relatives à la préservation du parc avait été fourni au promoteur et aux équipes responsables. Un corridor de sécurité et signalisation a aussi été installé. Si l’événement doit se tenir à nouveau au parc Michel-Chartrand, le regroupement citoyen recommande d’éviter le stationnement des voitures sur des espaces gazonnés et de planifier l’ajout de poubelles. Malgré ce bilan relativement positif, les Amis du parc Michel-Chartrand maintiennent leur position: «un parc nature doit demeurer un parc nature, pour le repos et la détente». Du côté du Centre communautaire le Trait d’Union, en charge de l’entretien du parc Michel-Chartrand, on confirme aussi que les festivités se sont bien déroulées. «On était beaucoup sur le site le soir même. On a tout nettoyé, et le lendemain, tout était super beau, explique le directeur général Luc Gouin. Les gens ont été très respecteux.» Doris Guérette confirme que plus d’efforts ont été déployés en matière de sécurité. Une agence externe de sécurité a été embauchée, en plus de la présence de bénévoles, de policiers et de cadets policiers. La Ville ne rapporte aucun débordement ou dommage au parc. Et afin de limiter les déchets de plastique, l’organisation a d’ailleurs convaincu le Service de police d’autoriser la vente de bières en canettes, plutôt que dans des verres de plastique.   Qu’en a pensé le public? «Super tout au long de la journée! Place à la famille, les enfants en ont bien profité!» – Lucie D Séguin «J'ai grandi à Saint-Hubert, à côté du parc de la Cité. J'y ai passé toutes mes Saint-Jean depuis 15 ans. […] Je suis probablement trop nostalgique, mais je m'en fous. Je boycotte l'événement au parc Michel-Chartrand.» – Jade Michaud «Vous devriez garder un événement sur Saint-Charles. C’était vraiment cool.» – Jonathan Dazé «Agréablement surprise! Juste le fait que c'était gratuit me fait pardonner l'injure de l'avoir changé d'endroit. Sans blague, j'ai honnêtement tout aimé. C'était parfait!» – Isabelle Lagadec «Pas la meilleure idée, c’est à revoir l’an prochain.» – Hélène Hétu «J’aimais mieux un spectacle au parc de la Cité, même s’il fallait payer 5$. Et en plus, il y a de la place pour un feu d’artifice.» – Johanne Léveillé «Le 23 aurait été encore mieux. Le 24, on travaille le lendemain matin.» – France Roy «J'y suis allée avec les enfants en après-midi. Il y avait de l'espace, la végétation supprime les îlots de chaleur, tout le monde peut garder son espace vital. C'est vraiment agréable par rapport à la rue Saint-Charles, où il fait chaud et tout est trop collé. Les files d'attentes pour les activités sont trop longues. On aurait pris plus de spectacles pour enfants en après-midi.» – Karine Lapierre «Grosse déception qu’il n’y ait plus rien au parc de la Cité.» – Marianne Guy Propos tirés d’un appel à tous lancé sur notre page Facebook.