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COVID-19

Un Brossardois pris en Inde tente de revenir au pays

le mardi 31 mars 2020
Modifié à 12 h 56 min le 31 mars 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Dédales administratifs, vols annulés, jeu de ping-pong entre les compagnies aériennes, l’ambassade canadienne et autres services n’en finissent plus pour Rémi Tremblay, un Brossardois actuellement coincé en Inde, dans la province de Goa. Par tous les moyens, il tente de rentrer au pays. Il a quitté le Canada au début février; ses billets avaient été achetés en novembre. «Au moment de mon départ, ma plus grande crainte était que mon avion soit attaqué par un missile iranien», relate-t-il. C’est dire à quel point la menace du coronavirus n’était pas encore dans les esprits. Son vol de retour, prévu le 12 mars, a été annulé. Il l’a appris seulement une fois à l’aéroport. «L'armée arrive, bloque les portes et demande aux employés de se barricader. Mon vol a eu un problème technique, donc je retourne à Anjuna (Goa) pour la nuit», raconte-t-il. Dès cet instant, il essaie de contacter Air Canada. Ses tentatives répétées, qui s’échelonnent pendant quatre jours, restent vaines. M. Tremblay se procure alors un billet pour un vol avec Air Turkish: son retour est donc théoriquement prévu le 24 mars. Entre-temps, le gouvernement indien annonce un confinement qui doit durer une semaine. Le vol est ainsi encore annulé et la compagnie aérienne n’offre pas de remboursement, mais un crédit. «Je décide de demander de l'aide au Canada, ce que je ne ferais pas normalement, car je suis un homme qui est capable de se débrouiller et chasser l'ours à mains nues!» soulève-t-il avec humour. L’ambassade canadienne le réfère à des bureaux provinciaux, qui sont fermés. On lui suggère alors de contacter la ligne d’urgence COVID-19, où on l’enjoint de contacter sa compagnie aérienne… laquelle est injoignable. En réussissant à acheter un billet pour un vol prévu le 31 mars, soit après la fin supposée du confinement en Inde, il croit avoir trouvé sa porte de sortie. Mais non. Le 26 mars, le gouvernement annonce un confinement total pour trois semaines. «La tension commence à être lourde ici et je n'ai aucune réponse du gouvernement, aucun moyen de me rendre à l'aéroport, témoigne-t-il à ce moment. Et ce n’est pas faute d'avoir essayé!» Selon un article de Radio-Canada publié le 26 mars, 15 000 Canadiens seraient actuellement en Inde. Direction Mumbai Le 30 mars, des voyageurs ont finalement reçu une indication du gouvernement canadien les invitant à se déplacer à Mumbai. De là, les chances sont plus grandes de trouver un vol en direction du Canada. «Ils ont nous envoyé un courriel pour organiser le déplacement jusqu'à Mumbai avec une compagnie privée», indique le Brossardois. Rémi Tremblay doit trouver où se loger – le prix des chambres d’hôtel a explosé. «Ça ne me dérange pas, mais dans combien de temps il va y avoir des vols? Et il n’y a aucune garantie que j'aie une place, s’inquiète-t-il. En plus, les vols vont être aussi à des prix de fou! On va quand même essayer.» En date du 31 mars, Rémi Tremblay attend une réponse de la compagnie de transport. Climat tendu À ce casse-tête s’ajoute la réalité pas très rose dans la province de Goa, où les provinces et le gouvernement du pays envoient des messages contradictoires à la population. Les services essentiels sont sensés pouvoir demeurer ouverts, mais certains qui le font seraient victimes de répression. «Dans le nord de la province, certaines pharmacies ont décidé de rester ouvertes, mais le monde se fait donner des coups de bâton par la police pour partir», relève le Québécois. Sur sa page Facebook, où il raconte son périple, l’anecdote sur sa sortie à l’épicerie, le 30 mars, témoigne du climat de tension qui règne. Alors qu’il se trouve dans la file d’attente pour entrer dans l’épicerie, un policier lui demande de porter un masque. «Je ne vais pas mentir, j'ai ressenti un peu de stress, admet-il. Il commence à me crier après, parce que je n'ai pas de masque. J'essaie de lui expliquer que j'ai essayé d'en acheter, mais il continue à me crier un peu après. Je regarde autour de moi et je ne suis pas le seul sans masque.» En tant que touriste, il se sent souvent la cible des regards. Rémi se fait un masque avec son gilet. Le policier finit par lâcher prise après l’intervention du propriétaire de l’épicerie. À l’intérieur, il se procure quelques denrées sur des tablettes clairsemées. Beurre d’arachides, croustilles, fromage, boites de conserve… Ce qui aurait coûté une trentaine de dollars au Québec se traduit en une facture d’environ 80$. Des fonds Une page GoFundMe amasse des fonds pour aider Rémi à revenir au pays… et à payer son loyer du mois d’avril. «Le GoFundMe était une farce parce qu’il a eu un problème de visa à Londres [au début de son voyage], donc il se promenait pour trouver de la chartreuse», indique son ami Matt Duvell. Ainsi, ce qui n’était qu’au départ une blague a trouvé une véritable utilité. Les dettes de Rémi Tremblay s’élèvent à plus de 3000$. Jusqu’ici, un peu plus de 3720$ ont été amassés. Pour faire un don : https://www.gofundme.com/f/aider-remi-a-trouver-la-chartreuse?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=p_cp+share-sheet&fbclid=IwAR0Ta8bjmHFET8Ur1gOotp8nDDLN6nf5acyTgWiyjFj1o8-DfESkbdzyo_8