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COVID-19

Un engouement indéniable pour les paniers de légumes frais et l’achat local

le mercredi 06 mai 2020
Modifié à 8 h 15 min le 08 mai 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Les impacts de la pandémie ne sont pas les mêmes d’un agriculteur et marchand à l’autre. Si la main-d’oeuvre pose un enjeu chez certains, les trois entrepreneurs du secteur maraîcher interrogés par le journal jouissent d’une popularité indéniable pour l’achat local et les paniers bios. C’est la première fois que Terre fruitière, ferme biologique de Dunham et fidèle marchand du Marché public de Longueuil, doit «fermer» aussi tôt ses abonnements aux paniers bios: 160 familles iront au marché du chemin de la Savane chercher hebdomadairement ou bimensuellement leur récolte de produits frais. Au point de chute de l’arr. du Vieux-Longueuil, 120 paniers seront régulièrement livrés. Ainsi, avant même que la Terre fruitière ne s’installe au marché à la mi-juin ou à la fin juin, un vent positif souffle sur la ferme. «On aurait pu faire uniquement des paniers [tant la demande était forte], mais nous voulions garder des légumes pour notre clientèle du marché», présente Caroline Pomerleau, propriétaire avec son conjoint Jean-Michel Schiele. À son avis, la campagne de promotion en faveur de l’achat local y est pour quelque chose. «On sent une vague de sympathie pour les agriculteurs et fermiers d’ici et ça répond possiblement à une crainte des gens en ce qui a trait à l’approvisionnement», évoque Mme Pomerleau. La pandémie amène néanmoins son lot de questionnements. «C’est certain que l’on s’est posé des questions: si le marché serait opérationnel, si les clients seraient au rendez-vous, si l’on devra ajuster notre production. Pour l’instant, on a un plan de production, et on le suit.» Le nombre toujours grandissant de clients fidèles à Terre fruitière la rassure toutefois quant à leur présence cet été au marché. «Il y aura peut-être même un achalandage plus accru. Je le souhaite. Je m’aligne pour ça», dit-elle avec enthousiasme. Un engouement qui pourrait «doublement balancer» le départ de ceux qui privilégieraient de faire toutes leurs courses au même endroit, pour limiter les déplacements. Par ailleurs, trouver de la main-d’œuvre n’a pas été un enjeu pour cette entreprise qui compte cinq employés. Une seule personne a dû être remplacée en raison de sa situation familiale. Ce qui est différent toutefois, ce sont les méthodes de travail. Un protocole a été mis en place pour assurer la sécurité des employés. «Les gens ont leur propre outils, puis il y a une zone de désinfection», décrit notamment Mme Pomerleau. Chiffre d’affaires doublé Les affaires vont plus que rondement du côté de Chez Ti-Claude, autre marchand du Marché public de Longueuil. Le propriétaire Claude Charbonneau rapporte que son chiffre d’affaires a doublé ces dernières semaines. Il offre une variété de viandes emballées sous-vides provenant de 70 microfermes de la Montérégie. Depuis le début de la crise, il offre le service de livraison sur la Rive-Sud. Et il ne compte pas y mettre fin de sitôt. «Les gens aiment les produits locaux», justifie-t-il. Pour une première fois, M. Charbonneau a pu vendre ses produits durant la saison froide, ayant installé ses étals à l’intérieur du marché public. Il estime qu’une centaine de clients réguliers se sont ainsi ajoutés. Ni la main-d’oeuvre ni l’approvisionnement auprès des fermes d’élevage, fournisseurs de fleurs et autres producteurs de fruits et légumes ne sont sources d’inquiétudes au sein de cette entreprise familiale. Main-d’oeuvre Les Entreprises Lacoste, dans l’arr  de Saint-Hubert, est l’un des fournisseurs pour les Fermes Lufa, qui distribue annuellement des milliers de paniers bios. L’engouement pour ces paniers est indéniable, remarque-t-on. Les préoccupations concernent plutôt la main-d’œuvre: l’entreprise peut habituellement compter sur une équipe de 10 employés. Actuellement, il n’y en a que quatre. «Et on a de la misère à trouver, admet le propriétaire Yvon Lacoste. Les gens ont peur d’être contaminés ou d’être contagieux. Ils sont réticents à travailler.» Il a dû retarder sa production de tomates et concombres, craignant ne pouvoir fournir à la demande. Par ailleurs, le projet d’agrandissement de ses installations le tiendra fort occupé. «Cette année, on bâtit, alors on accepte que notre production diminue. Si c’est plus difficile cette année, on travaillera plus l’an prochain», commente-t-il, serein.