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Un enseignant suspendu pour son vidéoclip de hip-hop

le samedi 27 novembre 2021
Modifié à 0 h 00 min le 28 novembre 2021
Par Paula Dayan-Perez

pdayan-perez@gravitemedia.com

Chad Ashe dans le vidéoclip pour sa chanson Wahala. (Photo : Capture d'écran - YouTube)

«I don’t want wahala» [je ne veux pas de trouble] chante Chad Ashe, musicien de hip-hop et enseignant d’une école secondaire à Châteauguay, dans le vidéoclip de sa chanson Wahala. Mais du wahala, comme on dit en nigérien, des problèmes, il en a eu. Le 12 novembre, M. Ashe a été suspendu avec solde de son emploi à la Commission scolaire New Frontiers pour 10 jours à la suite d’une plainte portée contre son vidéoclip.

C’est le motif qu’on lui a donné pour le suspendre, allègue-t-il.

Dans la vidéo publiée le 27 août sur YouTube, on voit M. Ashe – qui est le fils de la célèbre chanteuse et ancienne conseillère municipale de Brossard Sylvie DesGroseilliers – dans la cour d’une maison avec une femme, parfois dans la piscine. Ils flirtent et boivent du champagne en maillot de bain. Plus tard, ils se promènent dans les champs.

«Il n'y a pas de négativité, il n'y a pas de gros mots [dans la chanson], rien de ça. C’est la même chose dans la vidéo. Il n'y a rien qui puisse être considéré comme nuisible», exprime l’enseignant, qui trouve la plainte, tout comme la suspension, sans fondement. 

«J'ai l'impression d'être ciblé, par je ne sais pas encore qui, à cause de la popularité que j'ai parmi les élèves parce que je suis un artiste interprète, et parce que je ne ressemble pas à un enseignant conventionnel, dit-il. Je ressemble plus à un rappeur qu'à un professeur.»

Celui qui enseigne l’anglais, les mathématiques et la géographie, entre autres, dit soupçonner qu’un enjeu de racisme est aussi derrière cette histoire. «Si on avait vu la vidéo et que je ressemblais à Justin Bieber et non à Chris Brown, je ne pense pas que j'aurais eu les mêmes problèmes», dit-il, en ajoutant que ce n’est pas la première fois qu’on lui fait des «étranges, vagues accusations» depuis qu’il est enseignant.

Capture d'écran du vidéoclip intitulé Chad Ashe & D3an - Wahala. (Photo : YouTube)

Selon M. Ashe, la commission scolaire ne lui a pas expliqué quel aspect de la vidéo est considéré problématique. Il dit avoir participé à une première audience le 18 novembre, où on l’a informé qu’une enquête était en cours. Le 25 novembre, il participera à une autre audience, où les résultats de l’enquête seront dévoilés, explique-t-il.

Un dossier en cours

Questionnée par le journal, New Frontiers avait initialement refusé d’émettre un commentaire. Par contre, le 26 novembre, le directeur général de la commission scolaire Rob Buttars a affirmé dans un courriel que la situation avec M. Ashe a été signalée à la suite de «préoccupations parentales». Il n’a pas confirmé si le vidéoclip est la cause de la suspension.

«Nous travaillons avec M. Ashe pour examiner les préoccupations soulevées et nous travaillons à résoudre la situation dans le meilleur intérêt de toutes les personnes concernées», ajoute M. Buttars.

Pour sa part, M. Ashe assure avoir contacté son syndicat, car il veut se défendre. «[La commission scolaire] va devoir expliquer pourquoi elle a pris une décision aussi drastique, alors que ça pourrait nuire à ma carrière. Parce que parfois, il suffit d'accuser quelqu'un.»

Le président de l’association des enseignants de Châteauguay Valley, Nick Ross, a également refusé de commenter, car l’enquête est encore en cours.

Chad Ashe travaillait à l’école secondaire Gabrielle-Roy dans le cadre d’un programme de jumelage avec le Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries lorsque la plainte a été effectuée. Avec ses élèves qui participent au programme Option-études, il était prévu de retourner à l’école secondaire Howard S. Billings pour la deuxième moitié de l’année.