Chroniques
Opinion

Un Gala sur fond de controverse

le mercredi 23 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 23 mars 2016

Le Gala du cinéma québécois, ex-Soirée des Jutra, a vécu, dans les dernières semaines, un tsunami de paroles controversées, de tweets incendiaires et d’échanges corsés entre certains médias et le monde culturel.

Mais la controverse a commencé bien avant, soit le 26 janvier, alors que certains médias ont déploré le fait que les nominations faisaient état d’une reconnaissance trop grande pour le cinéma «d’auteur» par rapport au cinéma «commercial ou grand public». À preuve, les films Le Mirage et La Guerre des tuques étaient écartés de la course des meilleurs films.

Lors de ma dernière session à l’UQAM, j’ai posé une question à mes étudiants: Mommy, de Xavier Dolan, est-il du cinéma d’auteur ou du cinéma commercial? Une étudiante particulièrement allumée a lève la main et a dit à tous: «C’est quoi ça? Pourquoi cataloguer? Du bon cinéma, c’est du bon cinéma. Tous les films sont écrits par des auteurs, et tous veulent un statut commercial!»

Dans ce débat entre le milieu du cinéma et le coloré Vincent Guzzo qui dit à qui veut l’entendre que le cinéma québécois n’est pas assez «commercial», rien n’est blanc ou noir.

Pourquoi Mommy a tout raflé en 2015 et que dimanche soir dernier, la même chose s’est produite avec La passion d’Augustine (mon film préféré des dernières années), deux films d’émotion à cheval entre les deux pôles? C’est un peu comme la sémantique de la musique populaire et la musique dite «classique». Comme si la musique populaire ne pouvait pas être «classique» et que la musique dite «classique» ne pouvait pas être «populaire»…

Hommage à un homme audacieux

Petit clin d’œil de Longueuil: le monde du cinéma a honoré François Dompierre lors du Gala, dans un hommage très senti.

S’il en est un qui a transgressé les frontières, c’est bien lui. À titre d’exemple, cette soirée baroque qu’une bande de jeunes producteurs avait organisé dans un cinéma du Vieux-Longueuil, le mythique Charlot de la rue Saint-Charles, en janvier 1976. Une soirée entièrement dédiée à Jean-Sébastien Bach, menée de main de maître par François Dompierre.

Du Bach dans un cinéma! Il fallait être audacieux et un peu fou, à l’époque, pour faire ce qui pouvait être considéré d’hérétique par les tenants de la musique classique! Pourtant, la salle était bondée et l’événement avait attiré le regard des journalistes... C’était bien probablement la première fois qu’on parlait de Jean-Sébastien Bach dans Échos-Vedettes!

C’est dire que les frontières des genres ne devraient pas exister!

Thérèse David

www.theresedavid.ca