Actualités
Société

Un jeune Dominicain reçoit une jambe artificielle grâce à un couple de Longueuil

le mardi 24 septembre 2019
Modifié à 14 h 53 min le 24 septembre 2019

Céline Petitclerc et Yves Dansereau résident huit mois par année en République dominicaine, où ils aident les plus démunis en leur fournissant notamment de la nourriture grâce à la banque alimentaire qu’ils ont fondée. Il y a un peu moins d’un an, ils ont fait la rencontre d’Alexandre, un petit Dominicain qui allait bouleverser leur vie. En 2018, alors qu’ils effectuaient une distribution de denrées auprès d’une famille, Céline et Yves aperçoivent un petit garçon dont le handicap physique leur met les larmes aux yeux. «Un petit garçon est venu vers moi en boitant sur une jambe, explique Céline Petitclerc. Ça m’a beaucoup touchée. Il avait l’air si malheureux. J’ai aussitôt dit à mon mari qu’il fallait faire quelque chose. En plus, le père venait de subir un important accident de travail et la famille allait devoir se débrouiller pratiquement sans ressources pendant 18 mois. Le papa nous a même confié qu’il ne savait pas comment il allait faire pour nourrir sa famille et qu’il pensait sérieusement au suicide. Il fallait vraiment poser un geste!» Le couple multiplie dès lors les démarches pour tenter de trouver de l’aide pour Alexandre au Québec. La tâche s’avère cependant difficile. [caption id="attachment_79220" align="alignnone" width="3300"] Céline Petitclerc et Yves Dansereau[/caption] «Mais finalement, après avoir visionné des images de lui, le Centre de réadaptation en déficience physique de Montréal du CIUSSS [Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux] du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal a accepté de lui fabriquer une prothèse transtibiale. On était aux anges!» Avec l’assistance virtuelle de la coordonnatrice des aides techniques Véronique Lavoie et de son équipe ainsi que de la technicienne en prothèses Josée Dubois, Céline et Yves prennent eux-mêmes les mesures et les moules pour la prothèse d’Alexandre à partir de la République dominicaine. En janvier 2019, Alexandre reçoit ainsi sa prothèse des mains de Céline et Yves, venus la récupérer à Montréal. «Alexandre était extrêmement content, confie Mme Petitclerc. Il a toujours vécu avec cette condition physique alors la prothèse, c’était complètement nouveau pour lui. Avant, c’était un petit garçon très introverti qui ne souriait pas du tout. Il ne parlait pratiquement pas et encore moins à nous. Depuis, il a complétement changé.» «Nous avons gardé contact avec lui et sa famille, qui est toujours bénéficiaire de notre banque alimentaire, explique Yves Dansereau. Alexandre peut maintenant marcher pour aller à l’école, s’amuser avec les autres enfants et même jouer au basketball. Il a une vie réellement transformée! Nous sommes heureux d’avoir pu contribuer à son autonomie afin qu’il puisse vivre normalement et retrouver la joie de vivre et sourire à nouveau.» [caption id="attachment_79222" align="alignnone" width="1280"] Alexandre[/caption] Touchés par ce geste, les employés de l’hôpital se sont même cotisés afin d’offrir trois paires de souliers à Alexandre. Un engagement profond L’engagement humanitaire de Céline Petitclerc et Yves Dansereau commence en 1996, alors qu’ils sont gestionnaires d’un projet de construction d’école primaire en Haïti. Mais bien qu’ils aient toujours eu envie d’aider les gens, c’est à l’approche de leur retraite, en 2010, que le tout a pris un nouveau sens. Voulant faire «quelque chose de significatif», Céline et Yves décident ainsi de troquer leur horaire de «9 à 5» dans un bureau pour partir en République dominicaine. «Nous avons décidé de prendre notre retraite pour faire du travail humanitaire afin d’aider les enfants et les gens dans le besoin, explique Mme Petitclerc. Au début, nous voulions construire des écoles mais nous nous sommes rendu compte que le principal problème est la pénurie alimentaire, qui touche grandement le pays.» En 2014, ils mettent sur pied Mission Alpha International, un organisme de bienfaisance destiné à venir en aide aux communautés défavorisées du pays. La banque alimentaire créée par l’organisme dessert les populations vulnérables du nord de la République dominicaine, près de la ville de Sosua, à 24 km de Puerto Plata. Un panier de nourriture est distribué à chaque famille une semaine par mois. Tous les sacs de denrées contiennent les essentiels, soit du riz, des oignons, des fèves, des pâtes, des cubes de bouillon et de l’huile pour la cuisson. Besoins criants Depuis le début du projet, la Mission est venue en aide à près de 400 familles et 1000 personnes. Actuellement, 70 familles sont parrainées par l’organisme. Le couple souhaiterait augmenter ce nombre à 125 ou 150 d’ici la fin de l’année, un objectif très ambitieux. Selon l’évaluation de Céline et Yves, il y aurait environ 200 familles dans le besoin dans le secteur touché par leur organisme. «Le gouvernement fait ce qu’il peut pour aider, mais la pénurie alimentaire est un immense problème, expliquent-ils. Notre banque alimentaire est seule dans pratiquement tout le pays et nous sommes très loin de pouvoir aider tous ces gens. Le plus vieux bénéficiaire que nous avons rencontré avait 99 ans et avait toujours vécu dans une situation précaire. Il y a parfois quatre générations qui vivent dans la même maison. Nous avons même rencontré une famille avec 21 enfants. Ils ne peuvent pas nourrir tout ce monde. Les besoins sont criants!» Afin de bonifier ses services, l’organisme a récemment mis sur pied un atelier de gestion des finances. Une façon d’outiller de façon durable et significative ces familles. «La très grande majorité des familles vivent au jour le jour et ont une grande difficulté à gérer leurs finances. Pour les familles qui vivent dans la précarité, chaque peso compte, explique M. Dansereau. Il ne suffit pas de seulement leur donner de la nourriture, nous voulons qu’ils puissent devenir pleinement automnes.» Orphelinat Deux fois par mois, la banque alimentaire offre également des denrées à un orphelinat. Et Céline et Yves se sont donné comme mission d’organiser une fête d’anniversaire à chacun des 27 enfants qui y vivent. «On fait des cupcakes pour tout le monde et on écoute un film de Disney en mangeant du maïs soufflé, explique Yves Dansereau. C’est vraiment un beau moment. C’est quelque chose d’important pour nous de leur donner un peu de bonheur. Ils ont une vie difficile et tous les enfants devraient pouvoir s’amuser de temps en temps. Nous savons que c’est important pour eux. C’est incroyable la réaction quand ils nous voient arriver!» Jardins communautaires Si la mission de l’organisme est principalement d’offrir une aide alimentaire, elle ne se limite pas uniquement à ça. Mission Alpha International a également supervisé la construction de jardins communautaires afin de combler une partie de la sous-alimentation chez les personnes les plus démunies. Grâce aux récoltes produites, le jardin communautaire permet aux familles de varier leur alimentation. Il s’avère un beau complément à la distribution alimentaire. Situé dans le village de Bella Vista, le jardin est composé de 21 parcelles de terre individuelles et communautaires et produit une grande variété de légumes tels que des tomates, des concombres, des piments, des aubergines, des céleris, des betteraves et des oignons. Afin de permettre aux familles de cultiver la terre, l’organisme offre gratuitement des semences ainsi que l’équipement et les outils de jardinage nécessaires. Des dons d’ici L’organisme Mission Alpha International est financé exclusivement avec des dons provenant du Québec. Céline et Yves reviennent au pays quatre mois par année, durant lesquels ils participent à des événements caritatifs au profit de l’organisme ou montent des kiosques lors de festivals afin d’amasser des dons. S’il a encore de la famille et de nombreux amis au Québec, le couple considère un peu la République dominicaine comme sa deuxième maison. «Nous n’avons pas d’enfants, alors les enfants que nous aidons là-bas sont un peu comme les nôtres. Nous sommes choyés, nous avons une très grande famille», racontent-ils à la blague. Pour en savoir plus sur l’organisme Mission Alpha International ou pour faire un don: www.mai-iam.org.   «La République dominicaine, c’est plus que des tout-inclus» Le Québec et la République dominicaine entretiennent un lien particulier, alors que des milliers de vacanciers d’ici s’y rendent chaque année. Mais pour Céline Petitclerc et Yves Dansererau, le pays est bien plus que des tout-inclus où on boit des margaritas sur de belles plages de sable fin. «Le pays compte près de 10,3 millions de personnes et environ 37% d’entre eux vivent sous le seuil de la pauvreté. Il y a un problème là-bas. C’est très bien les vacances, je ne blâmerai jamais personne pour ça, mais il faut avoir conscience qu’au-delà des murs de l’hôtel, il y a des familles et des jeunes enfants qui souffrent.»