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Un joueur du CS Longueuil victime de racisme sur le terrain

le mercredi 17 octobre 2018
Modifié à 15 h 12 min le 17 octobre 2018
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

SOCCER. La saison du CS Longueuil s’est terminée sur une note plutôt amer le 14 octobre, alors que le milieu de terrain Daivy Makunza a été victime d’une insulte raciste de la part d’un joueur du FC Lanaudière à la 108e minute de jeu. Makunza allait disputer un ballon aux abords de la surface de réparation adverse lorsqu’il est projeté au sol; une faute a été appelée. «L’arbitre siffle et il y a un attroupement, notre joueur prend un premier coup de pied, il se relève, et là, il reçoit une insulte raciste, relate l’entraîneur du CS Longueuil Anthony Rimasson, en entrevue avec Le Courrier du Sud le 16 octobre. Je crois que c’était en anglais; “you look like a monkey”.» À la suite de l’incident, Daivy Makunza sort du terrain, hors de lui. «Il me regarde avec des yeux complètement exorbités et la larme à l’œil en me disant “Anthony, tu n’as pas entendu? Il est hors de question que je me laisse faire”», raconte M. Rimasson. «Il m’a ridiculisé devant tout le monde, a commenté Makunza, en entrevue avec Just eSoccer après le match. Il ne m’a pas respecté… ni moi ni ses coéquipiers noirs.» Le directeur technique du Club de soccer Longueuil a insisté sur la nécessité de sanctionner le joueur responsable. «Ça fait 40 ans que je suis sur le terrain et je n’ai jamais entendu de tels propos. Malheureusement, il y en a énormément sur tous les terrains. Par mon rôle d’éducateur, je ne veux pas qu’on reste là-dessus et je veux absolument que cette personne soit sanctionnée de manière exemplaire», a-t-il ajouté. Le FC Lanaudière réagit Au moment où l’incident s’est produit, le FC Lanaudière n’a pas sanctionné le joueur en question. Le lendemain, l’Association régionale de soccer (ARS) de Lanaudière publie un communiqué de presse, où elle explique avoir fait «une enquête de la situation» et conclut que le joueur «avait fait une remarque verbale raciste au cours de cet échange». «Les membres du FC Lanaudière et de l’ARS Lanaudière ont une tolérance zéro pour tout commentaire discriminatoire ou raciste envers qui que ce soit et cette position est inébranlable», pouvait-on lire dans le communiqué. L’équipe a donc décidé de suspendre immédiatement le joueur de toutes les activités du club, et ce, pour une durée indéterminée. «Le club souhaite présenter des excuses officielles à toutes les personnes touchées par l’incident et a demandé au joueur de faire de même», était-il écrit. «Je pense que Lanaudière a bien réagi à posteriori, a pour sa part mentionné Anthony Rimasson. Je pense qu’ils auraient également dû réagir sur le moment en évinçant le joueur et en faisant ce qu’on avait demandé à la fin du match, c’est-à-dire que ce joueur fasse un mot d’excuse. Malheureusement, il est parti. Mais maintenant il faut aller plus loin. Ce n’est pas un homme qui doit remettre les pieds sur le terrain de sitôt.» Combattre le fléau Anthony Rimasson a dit regretter que «l’équipe ne soit pas sortie du terrain à ce moment-là». «Trop souvent, on cautionne et banalise ça. On laisse tomber parce que ça ne vaut pas le coup… mais oui, ça vaut le coup parce que c’est anormal et personne ne doit subir ça. Et encore, je vous fais grâce des propos que les arbitres féminines peuvent entendre sur le terrain. Elles subissent de la discrimination au même titre que la discrimination raciale», a-t-il conclut. La PLSQ se prononce Le 16 octobre, la Première ligue de soccer du Québec (PSLQ) s’est prononcée sur la situation en publiant un texte sur son site Internet. «Tel que le stipule la FIFA, les actes qui ont pour but de rabaisser, discriminer ou dénigrer une personne en raison de sa race, couleur, langue, religion ou origine ethnique n’ont pas leur place sur un terrain de soccer – lieu inclusif et sans frontières par excellence où se mêlent et se côtoient des gens de tous les horizons», pouvait-on lire. Le commissaire de la ligue Kambiz Ebadi a annoncé infliger une suspension de 15 matchs à purger dans la Coupe PLSQ et la PLSQ en 2018 et 2019 au joueur concerné, dont l’identité restera anonyme.