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Un médicament, plusieurs prix selon les pharmacies

le mardi 16 avril 2019
Modifié à 17 h 48 min le 16 avril 2019
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Peu de gens savent que les médicaments prescrits par un médecin ne coûtent pas le même prix d’une pharmacie à l’autre. Une Candiacoise au courant de cette réalité qui s’est tournée vers une pharmacie postale témoigne, tandis qu’un pharmacien de Saint-Constant explique ce phénomène. Johanne Duplain est courtière en assurance collective. Elle sait donc que le coût des médicaments diffère dans les pharmacies. «C’est vraiment méconnu. Quand je rencontre des clients, ils ne le savent pas du tout», dit-elle. Mme Duplain ajoute que souvent les grandes surfaces offrent des prix moins élevés. La résidente de Candiac a pour sa part choisi une pharmacie postale, soit Picard et Desjardins, l’une des seules basées au Québec. Il s’agit d’une option plus simple et moins chère à son avis. «Il faut créer un profil en ligne, puis ils nous contactent pour avoir toutes les informations nécessaires», explique-t-elle. Les médicaments prescrits sont commandés en ligne et envoyés par la poste aux patients. Les pharmaciens offrent aussi des services téléphoniques. Ils ont pignon sur rue dans un petit espace et peuvent donner des services en personne. «Ils n’ont pas autant de choses à payer que des pharmacies à grande surface, c’est sûr», indique Mme Duplain. Ces économies se répercutent sur le prix de la facture. Prix Plusieurs éléments influencent le prix des médicaments. Mathieu Jannelle, pharmacien-propriétaire de la bannière Uniprix à Saint-Constant, explique que les honoraires des pharmaciens, le loyer, la main-d’œuvre et les services d’entretien sont des facteurs à considérer. Les assurances du patient font aussi varier le prix de ses médicaments. Néanmoins, M. Jannelle croit que de plus en plus de gens sont au courant de la variation des prix de la médication. Il considère que l’instauration de la facture détaillée en septembre 2017 contribue entre autres à informer les patients. Celle-ci contient les honoraires professionnels du pharmacien, le montant assumé par le Régime général d’assurance médicament et la marge bénéficiaire du grossiste, le cas échéant. Des informations supplémentaires peuvent apparaître selon le régime d’assurance. Magasiner son pharmacien Pour M. Jannelle, «au-delà du prix des médicaments, il y a le service offert par les pharmaciens qui diffère». Il suggère de magasiner son pharmacien. Selon lui, il n’est pas dit que si un client paie sa médication moins cher, il aura un service aussi dévoué. Certaines personnes ont besoin de conseils réguliers et ceux-ci sont gratuits, soutient-il. Si quelqu’un téléphone pour avoir le prix de médicaments prescrits, le pharmacien est rarement en mesure de le donner. «Il y a plusieurs choses à considérer, comme le dossier du patient et ses assurances, mais en personne, nous pouvons faire une soumission sans problème», dit-il. Celui-ci ajoute qu’en général, les sièges sociaux des bannières de pharmacies connaissent les prix de la concurrence et que cela peut influencer le coût des médicaments, même si ce n’est pas le cas pour sa pharmacie. Transparence De son côté, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) tente de sensibiliser les professionnels sur la transparence des prix depuis plusieurs années. L’OPQ a publié une étude à ce sujet en 2014, dans lequel il proposait une modification au Code de déontologie et plus de sensibilisation auprès des pharmaciens. «Depuis la publication de ce rapport, un règlement est venu imposer la remise d’une facture détaillée en pharmacie. Nous aurions pu espérer que cela améliore la situation cependant, ce n’est pas ce que nous constatons sur le terrain», affirme Julie Villeneuve, directrice des communications à l’OPQ. Elle ajoute tous les détails sur la facture peuvent causer de la confusion. «L’objectif recherché derrière cette facture était légitime. Maintenant, nous ne sommes pas convaincus que le moyen choisi pour l’atteindre était le meilleur», dit Mme Villeneuve. Cette dernière indique que le Code de déontologie est toujours en attente de modification. Comparaisons  Une étude publiée par le magazine Protégez-vous en 2017 indiquait que 30 comprimés de Lipitor, un médicament pour l’hypercholestérolémie, pouvait coûter 15,98$ par mois chez Brunet et 37,10$ chez Familiprix. Selon cette enquête, Costco, Uniprix et Proxim faisaient partie des pharmacies offrant des prix plus bas, en général. Le Reflet a fait la comparaison avec les médicaments commandés en ligne. Sur le site de la pharmacie Picard & Desjardins, celle à laquelle fait appel Johanne Duplain, 30 comprimés de Teva-Venlafaxine XR de 37,5 mg, des médicaments pour la dépression ou l’anxiété, se vendent 7,69$ tandis que la facture est de 18,49$ chez Uniprix.