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Un Oscar pleinement mérité pour Spotlight

le jeudi 10 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 10 mars 2016
Par Pascal Cloutier

pascal_cloutier@gravitemedia.com

Spotlight a remporté le prix le plus important de l’année au cinéma: l’Oscar du film de l’année. Le réalisateur Tom McCarthy a su mettre en images une histoire vraie qui nous impressionne beaucoup.

Avant même d’encenser la production, son réalisateur, sa distribution et la manière dont nous est rendu le scénario de Josh Singer et Tom McCarthy, ce qui nous déstabilise le plus, c’est cette histoire complexe et effrayante à la fois.

Le clergé et le diocèse de Boston qui cachent systématiquement les agissements criminels de ses membres, c’est terriblement inquiétant. Prédateurs sexuels connus par l’administration qui les cachait dans les différentes paroisses, les ecclésiastiques se servaient à même la population de jeunes garçons pour assouvir leurs bas instincts. L’histoire avant toute chose est scandaleuse.

«Spotlight: édition spéciale», de son titre français, raconte cette histoire du point de vue d’une équipe d’enquête du Boston Globe. Ce groupe, à qui on donne le nom de Spotlight, a à sa tête Walter «Robby» Robinson (Michael Keaton), un chef d’équipe expérimenté au jugement sans faille, du moins presque, qui voit à gérer les ressources qu’on met à sa disposition pour aller au fond des choses.

La synergie de Spotlight peut aussi compter sur l’énergique Mike Rezendes (Mark Ruffalo), l’efficace Sacha Pfeiffer (Rachel McAdams) et le discret Matt Carroll (Brian d’Arcy James) pour enquêter et vérifier ses sources. Méticuleux, débrouillard et très professionnel, le quatuor doit toujours se référer au nouvel éditeur (Liev Schreiber) ainsi qu’à son assistant (John Slattery) pour avancer dans leur travail.

C’est que ces gens vivent avec une pression énorme provenant directement du Cardinal de Boston (Len Cariou) et de la population. Population qui chérit la religion catholique et voue une véritable admiration à ceux qui la propagent.

Témoin de l’enquête, le spectateur se sentira privilégié de revivre chaque étape importante de cette enquête. On comprendra que les événements du 11 septembre 2001, survenus à la même époque, auront fait de l’ombre à cette histoire invraisemblable.

Vraiment un très bon film sans artifice où chaque acteur se fait valoir comme jamais.

33

Étoiles: ** et demie

33, de la réalisatrice mexicaine Patricia Riggen, rappelle ce sauvetage extraordinaire de 33 mineurs chiliens, prisonniers à près de deux kilomètres sous la terre pendant 69 jours. Ça se passait en 2010.

Plusieurs se souviendront des reportages qui nous provenaient en direct de San José et qui suivaient la situation d’heure en heure. On apprenait bien des détails concernant la vie privée de ces travailleurs prisonniers dans le ventre de cette montagne au cœur d’or.

Parmi eux, des leaders naturels comme Mario Sepulveda (Antonio Banderas), des personnages hauts en couleur comme Edison Pena (Jacob Vargas) et des travailleurs courageux comme Darío Segovia (Juan Pablo Raba).

Il y avait aussi ceux à l’air libre qui désiraient libérer les prisonniers de la mine à tout prix. Le président Pinera (Bob Gunton) y a vu une occasion en or de sauver ses compatriotes et de placer le patriotisme chilien à l’avant-plan. Le ministre des Mines, Laurence Golborne (Rodrigo Santoro) s’est donné sans compter pour qu’on ramène à la surface chacun des employés de la mine. De son côté, Maria Segovia (Juliette Binoche), la sœur d’un des mineurs captifs, s’est investie malgré le froid qui existait alors entre elle et son frère.

Ce film relate la force de ces hommes et de ces femmes qui n’ont pas désespéré. Une production mal dirigée qui a certainement consacré la majeure partie de ses moyens pour le salaire de la distribution. Le résultat final ressemble plus à un film de télévision qu’à une production pour le grand écran.