Culture

Un rêve nommé Canari pour deux réalisateurs de la région

le lundi 19 septembre 2022
Modifié à 10 h 27 min le 19 septembre 2022
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

(Photo gracieuseté)

Avec leur court métrage d’animation Canari, les réalisateurs Pierre-Hugues Dallaire, de Longueuil, et Benoit Therriault, de Chambly, ont réalisé un rêve. Les deux acolytes qui partagent 15 ans de métier ont d’ailleurs dévoilé leur œuvre au public du Festival international du film de Toronto (TIFF), le 12 septembre.

«Tout au long de notre parcours, c’était notre rêve de raconter des histoires originales, relate Pierre-Hugues Dallaire. On a longtemps fait de la pub en 3D et on essayait toujours de trouver toutes les excuses possibles pour intégrer des courts métrages ici et là. Mais c’était très difficile, car l’animation 3D prend énormément de travail et de temps.»

Dans le cas de Canari, 18 mois de travail à partir du moment où toute l’équipe derrière le court métrage de 12 minutes a commencé à s’y consacrer. Mais dix ans entre la première impulsion à l’origine de ce film et sa réalisation. 
Le film suit Sonny, un garçon qui travaille dans une mine de charbon souterraine. Il est chargé de s’occuper du canari employé pour détecter le méthane, un gaz mortel qu’il perçoit plus rapidement que les humains (les canaris ont déjà été utilisés pour cette fonction dans les mines). 

Pour se distraire, Sonny apprend au canari à faire le mort, ce qui alarme les mineurs et permet au garçon et à l’oiseau de sortir de la mine et de profiter du soleil. Mais le jeu prendra malheureusement une autre tournure.

(Photo gracieuseté)

Y croire

Le décor de la mine, c’est Thomas Michael, l’un des trois scénaristes, qui l’a trouvé. Un voyage dans une mine de sel en Pologne, dans laquelle sont sculptés des tunnels et des personnages l’avait inspiré. Quant au récit, il est apparu… spontanément.

«Je me suis réveillé à trois heures du matin, et j’avais à peu près toute l’histoire en tête. J’ai tout pris en note sur mon téléphone pour ne pas oublier», raconte Pierre-Hugues Dallaire.

Benoit Therriault a dessiné les premières esquisses.  

«On cherchait des idées qui allaient porter. L’idée de Canari était forte, on y a cru beaucoup.»
-Benoit Therriault, coréalisateur du film

Et ils n’ont pas été les seuls. 

«Des amis y ont tellement cru qu’ils sont venus nous rejoindre et ont abandonné leur emploi pour venir faire le projet avec nous, témoigne M. Dallaire, plein de reconnaissance. Des gens extrêmement talentueux que l’on a croisés tout au long de notre parcours. On s’est adressé aux meilleurs et plusieurs ont accepté!»

Benoît Therriault et Pierre-Hughes Dallaire. (photo: gracieuseté)

RodeoFX, un important studio montréalais spécialisé dans les effets spéciaux, a produit le film. 

Défi sans mots

La décision de réaliser un film sans dialogue s’est imposée dès le départ pour les deux réalisateurs qui appréciaient cette formule dans d’autres courts métrages. 

«Mais la plupart du temps, c’était dans des films plus court que 12 minutes, précise M. Dallaire. On s’est souvent posé la question, durant le processus, si les gens allaient trouver ça bizarre de voir les mineurs être aussi proches l’un de l’autre sans se parler.»

«Il fallait être intelligent dans les choix de mise en scène, poursuit M. Therriault. C’était un autre degré de challenge : comment raconter dans la clarté, dans ce que le geste peut vouloir dire. C’était trippant d’explorer différents styles de narration.»

D’un point de vue visuel et esthétique, tout commence par des dessins 2D, auxquels se greffent la conception de personnages et la direction artistique. Une mission accomplie notamment grâce aux production designer Gabriel Gomez et Pedro Conti.

L’univers doit ensuite être réinterprété en trois dimensions, ce qui a été réalisé «par une équipe vraiment exceptionnelle», estime Pierre-Hughes Dallaire.

 

Des rats et du rêve

Outre les courts métrages de l’Office national du film (ONF) visionnés lorsqu’il était enfant, c’est une visite au Musée de la nature, à Ottawa, qui a donné la piqûre de l’animation au jeune Pierre-Hugues Dallaire.

«C’était une exposition sur les vermines. Il y avait une console interactive et c’étaient les rats qui déclenchaient Le chat colla, de Cordell Barker, qui est un réalisateur incroyable de l’ONF. C’est fou à dire, mais ç’a été une de mes portes d’entrée. Déjà, à huit-neuf ans, je rêvais de faire ça.»

Le rêve n’est pas bien loin non plus de ce qui a donné à Benoît Therriault le goût de l’animation.  Aux créations de Disney qui ont marqué sa jeunesse et à sa passion du dessin s’est ajouté son amour des œuvres de Steven Spielberg, qui l’inspiraient à faire ses propres films.