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Un vent de fraîcheur… et de prudence !

le mardi 12 mai 2015
Modifié à 0 h 00 min le 12 mai 2015
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

POLITIQUE. L'élection d'un gouvernement majoritaire du Nouveau Parti démocratique (NPD) en Alberta, qui met fin à un règne de 35 ans du Parti progressiste-conservateur, a de quoi réjouir les députés néodémocrates de la Rive-Sud. Cette victoire leur donne espoir en vue des prochaines élections fédérales.

«C'est une nouvelle qui fait du bien! Ça prouve que le pragmatisme l'a emporté sur le dogmatisme», a lancé le député de Longueuil–Pierre-Boucher, Pierre Nantel, au Courrier du Sud. Les députés néodémocrates s'étaient réunis à Ottawa pour suivre de près la soirée électorale albertaine, le 5 mai.

Les députés de la Rive-Sud s'entendent pour dire que la chef du NPD albertain, Rachel Notley, est un puissant facteur expliquant ce balayage. «Elle a mené une campagne exemplaire. Elle a su écouter et rassembler les Albertains», commente la députée de Saint-Bruno–Saint-Hubert, Djaouida Sellah.

Conscient que le NPD albertain n'est pas forcément le même que son homologue fédéral, le député de Brossard–La Prairie, Hoang Mai, est néanmoins confiant. «Ça nous donne des ailes!, illustre-t-il. Mais nous savons que le travail sera long et ardu.»

Le député a aussi rappelé la vague orange qu'a connue le Québec en 2011. «Personne ne croyait qu'on pouvait être élu, mais on a réussi.»

Pierre Nantel démontre également beaucoup d'optimisme. «En 2011, la vague orange n'avait pas eu le temps de se rendre en Ontario, mais là, elle arrive de l'autre bord! Nous sommes sur une super lancée!»

Prudence, prudence

Les prédictions pour les prochaines élections fédérales en regard de ce qu'a vécu l'Alberta doivent cependant être émises avec prudence, selon le professeur au département de sociologie de l'UQAM, Guillaume Dufour.

Le NPD a profité de la division des partis à sa droite et a su saisir le vote à la gauche du Parti progressiste conservateur, explique le professeur. «Au fédéral, le Parti conservateur sait très bien qu'il a un quasi-monopole sur toute la droite morale et économique. Il sait aussi que les Libéraux, le NPD, les Verts et le Bloc se répartissent près de 70% du suffrage exprimé», soulève-t-il.

Ainsi, environ 35% du suffrage exprimé suffit aux conservateurs pour former un gouvernement majoritaire. Une éventuelle victoire conservatrice avec un faible pourcentage d'appui de la population signifierait qu'il y a trop de partis d'opposition. «Il faudra en tirer des leçons», estime le spécialiste.

Tant au fédéral qu'au provincial, le NPD se trouve dans une situation délicate en ce qui concerne l'industrie pétrolière. «La base traditionnelle du NPD [au fédéral] est assez hostile à l'exploitation des sables bitumineux, ce qui crée des maux de tête aux stratèges néodémocrates, note M. Dufour. Le NPD devra trouver le moyen de convaincre les électeurs que sa politique a plus de mordant à l'égard des pétrolières que celles des conservateurs.»

L'effondrement du prix du pétrole n'est peut-être pas totalement étranger à l'arrivée fracassante du NPD au pouvoir en Alberta.

«Les pays ou les régions dont l'économie est peu diversifiée ont tendance à voter avec le pouvoir tant que le pilier économique – ici le pétrole – se porte bien, relate M. Dufour. À partir du moment où la tendance économique s'inverse, on observe des comportements politiques plus volatiles.»

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