Communauté

Un voyage en Bolivie pour neuf jeunes de la Maison de Jonathan

le mercredi 13 mai 2015
Modifié à 0 h 00 min le 13 mai 2015

Neuf jeunes de l’organisme communautaire longueuillois La Maison de Jonathan, qui vient en aide aux jeunes vivants des difficultés tant personnelles, familiales, scolaires que sociales, ont participé à un voyage interculturel de deux semaines en Bolivie, il y a près de deux mois. Choc culturel pour certains, révélation pour d’autres, l’expérience a changé positivement le regard des adolescents sur la vie de jeunes Boliviens comme eux, et même sur leur propre vécu.

Grâce au projet Azimut, qui a été créé et organisé grâce au soutien de l’organisme Oxfam-Québec et de son porte-parole, l’humoriste André Sauvé, les neuf jeunes ont quitté le Québec à la fin février, accompagnés de trois intervenants de l’organisme longueuillois.

Après un long voyage en avion ponctué de nombreux transferts, le groupe s’est posé à La Paz, la capitale administrative bolivienne. Deux jours plus tard, ils ont pris un autre avion jusqu’à la ville de Sucre, la capitale constitutionnelle du pays, où se déroulait la majorité de leur stage.

Une des participantes, Daphney Richer-Lambert, a adoré son voyage, mais a trouvé les déplacements en avion parfois éprouvants. «J’ai fait une crise de panique dans un des petits avions; il n’y avait personne à côté de moi. À l’atterrissage, on a essayé de me calmer, mais je n’entendais plus rien», a raconté la jeune fille au Courrier du Sud.

Trois courts métrages

L’initiative a permis aux jeunes de coréaliser trois courts métrages avec des jeunes Boliviens auxquels ils étaient jumelés.

«Le but de ces vidéos était de faire un échange interculturel et de collaborer avec des jeunes de la région qui vivent des difficultés, comme les jeunes de La Maison de Jonathan», a expliqué une intervenant ayant pris part au voyage, Kim-Alexandra Gagnon.

Les trois vidéos, entièrement réalisées par les jeunes des deux pays, avaient respectivement comme sujet la communication, la cuisine et la danse. «On a appris leurs danses et on a porté leurs vêtements traditionnels, a souligné Daphney. De notre côté, on leur a appris le rigodon et on leur a fait aussi goûter au sirop d’érable; ils ont bien aimé!»

Tout au long du processus de réalisation, les jeunes ont pu toucher autant à la caméra, au montage et à la production de contenu. «Lors du film portant sur la communication, on a pu faire de la radio communautaire. Il y avait une traductrice d’Oxfam qui traduisait du français à l’espagnol», a expliqué un des jeunes voyageurs, Serge Gladu.

La plupart des participants ont su se débrouiller dans leurs communications grâce à une base d’espagnol acquise lors de cours intensifs donnés par Oxfam avant le voyage. «Malgré ça, ce qui était difficile pour nous était la barrière de la langue, mais les jeunes réussissaient à nous comprendre avec des gestes», a souligné Serge.

Un voyage formateur

En plus de visiter les deux capitales du pays, les jeunes ont pu aussi explorer plusieurs villes et villages, notamment El Alto, une ville plutôt pauvre, située en haute altitude. Plusieurs participants se sont dits surpris de constater que contrairement au Québec, où la grande majorité des Amérindiens habitent dans des réserves, les autochtones boliviens sont bien intégrés à la population générale.

«Là-bas, lorsqu’une personne se fait qualifier d’indigène, ça n’a pas le même sens qu’ici, explique Serge. C’est quelque chose de bon, dont ils sont fiers.»

Un autre jeune, Stevens Clitis Gagnon, 15 ans, s’est dit transformé par son expérience à son retour au Québec. «On a écouté un film qui parlait du travail des enfants dans les mines de Bolivie, qui y sont peu payés. Ça m’a touché et je me suis rendu compte qu’on a vraiment une vie facile ici. Je n’ai jamais travaillé, mais dès mon retour, j’ai fait mon CV et il me reste juste à l’envoyer pour trouver un emploi.»

La comparaison entre les conditions de vie au Québec et en Bolivie sautait aussi aux yeux de plusieurs voyageurs, comme l’éducateur de La Maison de Jonathan Dominic Fortugno. «C’est un peuple qui se démerde et qui essaie de se prendre en main. Ils n’ont pas le filet social que nous avons ici; ils doivent donc s’organiser pour survivre.»

Les projets Azimuts d’Oxfam-Québec, dont le voyage en Bolivie était la première mouture, sont destinés à des jeunes de 15 à 17 ans aux prises avec un problème de décrochage scolaire.

Les personnes intéressées à faire des dons pour soutenir le projet peuvent le faire en visitant le site d’Oxfam Québec.

Rens.: www.oxfam.qc.ca