Culture

Une consécration pour Cozic, des artistes hors-normes

le mardi 01 décembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 01 décembre 2015

ARTS VISUELS. Cozic, duo formé des artistes Yvon Cozic et Monic Brassard, a reçu le prix Paul-Émile-Borduas, la plus haute distinction du Québec décerné à un artiste pour l'ensemble de son œuvre en arts visuels. Pour les Longueuillois qui ont consacré leur art à remettre en question les codes établis et à défoncer des portes, cette reconnaissance est fort bien accueillie.

«C'est un très grand honneur, une consécration du travail… Une véritable reconnaissance qui n'a pas toujours été évidente. On a toujours été considérés comme des marginaux», lance d'emblée Yvon Cozic.

Les critiques élogieuses, les commentaires après une exposition apportent inévitablement une reconnaissance et font chaud au cœur, mais le prix Paul-Émile-Borduas souligne, aux yeux des artistes, leur apport à la discipline.

Cozic est aussi le premier récipiendaire de la mention honorifique Ambassadeur des arts remise par le Conseil des arts de Longueuil, qui souhaite ainsi honorer un artiste ou un organisme du territoire qui contribue au rayonnement et à la reconnaissance des arts au Québec et à l’étranger.

Des matériaux à dompter

Pourquoi ne peut-on pas toucher aux œuvres dans un musée? Pourquoi chuchote-on dans un musée? C'est à ces codes que s'est attaqué Cozic, notamment en travaillant avec des matériaux considérés comme moins "nobles": fourrures, corde, plumes, tissus, etc.

«Est-ce que d'entrer la peluche et les fausses fourrures dans un musée leur donne des lettres de noblesse?, interroge Monique Brassard. C'est une façon de dire que l'art n'est pas juste dans les musées, qu'il y a une façon d'exercer son œil à voir de l'art partout.»

Le travail de Cozic est notamment de chercher à détourner le matériau de sa fonction première, le manipuler, le transformer jusqu'à ce l'œuvre se pointe.

«Tant qu'il nous résiste, il nous intéresse, souligne Yvon Cozic. Il faut le dompter. Le matériau exerce une séduction, il nous fait des clins d'œil. On y répond ou on n'y répond pas. Le plaisir, c'est de répondre aux clins d'œil. C'est une invitation à l'aventure.»

Pour ses projets actuels et futurs, le duo a développé le Code Couronne, une création visuelle d'un alphabet. Le littéraire s'immisce ainsi dans l'œuvre, tout comme d'autres disciplines. Pour une exposition à la Maison de la culture en 2016, les artistes songent par ailleurs à y joindre la musique, afin de questionner comment peut s'effectuer la «musicalisation d'une œuvre», souligne Mme Brassard.

Le plaisir, mais pas que du ludisme

Que leur œuvre soit qualifiée de ludique agace un peu les artistes, qui craignent que ça devienne un cliché qui empêche le public d'aller au-delà de cette étiquette.

Tout de même, le ludisme est forcément présent lorsque le public est appelé, par exemple, à déplacer des objets et ainsi à s'approcher du moment de la création. Cozic souhaite également interpeller plus d'un sens avec ses œuvres, en déjouant la «dictature de l'œil.»

«Mais en travaillant à deux, il y a la notion de jeu: le plaisir de lancer un défi à l'autre, qui te répond. Ce dialogue, je crois que ça transparaît», explique Monique Brassard.

Ce travail à deux, sous le seul nom Cozic, constitue une œuvre en soit, une partie intégrante de la création pour questionner de l'ego de l'artiste.

Après plus de 50 ans de travail commun, les deux artistes poursuivent toujours le même objectif, celui de créer des œuvres dans la plus grande liberté possible.