Communauté

Une réflexion s'ouvre sur l'avenir du couvent de la rue Saint-Charles

le lundi 22 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 22 juin 2015

Il y a déjà 27 ans depuis la dernière fois que les Sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie (SSNJM) ont accepté une nouvelle recrue à leur couvent de Longueuil. Face à cette absence de renouveau, elles entament une réflexion sur l'avenir de ce lieu à forte teneur symbolique.

C'est sur la rue Saint-Charles, à l'intersection du chemin de Chambly, que Mère Marie-Rose a installé sa communauté religieuse en 1843. À côté de cette petite maison, qui fait toujours partie du complexe religieux des SSNJM, un plus grand édifice a été bâti en 1851 afin d'accueillir les nombreuses adhérentes. Au sommet de sa gloire, une centaine de femmes postulaient chaque année.

Celles-ci se sont toutefois faites de plus en plus rares, au Québec, dès la fin des années 50, jusqu'à ce que le flot cesse complètement trente ans plus tard. Sans parler des nombreux départs survenus lorsque l'éducation publique est passée aux mains de l'État.

Relève laïque

Les SSNJM se sont déjà départies de plusieurs actifs, dont les couvents de Brossard et d'Outremont. Ce dernier a récemment été revendu par l'Université de Montréal pour en faire des condos. Mais la maison de fondation, qui héberge notamment les archives de la congrégation, représente une autre paire de manches.

«Au Québec, il n'y a pas de relève pour la vie religieuse. Mais la mission ne se terminera pas comme ça. Il y a des laïcs qui s'associent à nous pour poursuivre le travail», affirme d'emblée l'animatrice provinciale des SSNJM, Marie-Paule Demarbre.

Il est selon elle trop tôt pour savoir ce qu'il adviendra du couvent de Longueuil. Mais la congrégation tient à garder ce complexe, non seulement pour son importance symbolique, mais aussi parce qu'il est utilisé par les SSNJM de partout à travers le monde, notamment celles qui œuvrent au Pérou et au Lesotho.

«On ne peut pas dire aujourd'hui ce qui en deviendra, mais nous ne disparaissons pas. Nous sommes toujours en vie et toujours actives», ajoute Mme Demarbre.

Selon l'historien Dominique Laperle, qui a récemment publié un ouvrage sur les SSNJM, la congrégation continue de contribuer de façon importante à la société, notamment en finançant des œuvres culturelles.

Métamorphose de la congrégation

Ce n'est pas la première fois que les SSNJM doivent redéfinir leur avenir avec de nouvelles bases. Selon Dominique Laperle, les sœurs ont dû revoir leur raison d'être et leurs modes de fonctionnement après la Révolution tranquille.

«La crise, en quelque sorte, s'est passée dans les années 1960 à 1980. Le Québec est le seul endroit dans le monde où les communautés religieuses ont dû composer à la fois avec les réformes de Vatican II et celles de la Révolution tranquille. Les SSNJM étaient très investies en éducation, mais avec l'arrivée du ministère de l'Éducation, elles ont perdu le contrôle de leur marque de commerce.»

Selon l'historien, la congrégation s'est rabattue en partie sur l'enseignement privé, mais aussi sur le travail social.

«La plupart des gens ne le savent pas, mais les sœurs allaient dans les hôtels pendant le Grand Prix de Formule 1 pour les sensibiliser à la prostitution.»

Le féminisme des années 80 a aussi imprégné les SSNJM, qui ont produit plusieurs écrits scientifiques et théologiques féministes. Gertrude McLaughlin a notamment milité pour que les femmes puissent devenir diacres, soit l'étape avant la prêtrise.

Pour M. Laperle, qui sera bientôt directeur du pensionnat d'Outremont appartenant aux SSNJM, l'avenir de la communauté religieuse est toutefois ailleurs qu'au Québec.

«Il y a eu quelques entrées aux États-Unis plus récemment, mais c'est dans des endroits comme le Lesotho que ça va mieux pour la congrégation», explique-t-il.