Culture

Une rencontre et des personnages à déchiffrer

le dimanche 22 novembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 22 novembre 2015
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

THÉÂTRE. Le monde de la finance dans lequel baigne l'histoire de la pièce Instructions pour un éventuel gouvernement socialiste qui souhaiterait abolir la fête de Noël peut sembler aride. Mais c'est avant tout à une rencontre entre deux êtres, sur fond de thriller, que sont conviés les spectateurs.

La pièce s'arrête au Théâtre de la Ville, les 25, 26 et 27 novembre. Luc Picard et Sophie Desmarais interprètent Jason et Cass, du texte signé Michael Mackenzie, mis en scène par Marc Beaupré.

«Il y a un propos sur la crise de 2008, mais c'est surtout un drame humain. Il est 4h du matin et le personnage de Jason, un grand financier, est en train de tout perdre. Et il y a cette employée qui arrive, on ne sait pas pourquoi elle est là», résume Luc Picard.

À la première lecture, l'acteur a été séduit par les échanges entre les personnages: des dialogues serrés, «du bon ping-pong».

«La première fois que j'ai lu la pièce, je ne prétends pas avoir tout compris. Ce n'est pas grave si le spectateur ne comprend pas toutes les technicalités. On voit les effets que ça a sur le personnage, on voit qu'il panique, ça suffit.»

Trouver la faille

Lorsque la pièce a été présentée au Théâtre d'Aujourd'hui en 2013, les acteurs et le metteur en scène se sont payé le luxe de trois semaines de travail de table, ce qui est assez exceptionnel en théâtre. Tant le texte original que la traduction d'Alexis Martin ont été analysés, démêlés, remaniés tout en conservant l'essentiel: la rencontre entre ces deux individus.

À la lumière de ses recherches, Luc Picard compare les magnats de Wall Street à des vedettes rock qui «ne dorment pas beaucoup, qui sont sur la coke, qui sont des gens très passionnés et finalement très humains. Ils vivent un stress épouvantable, parce qu'ils peuvent gagner et perdre beaucoup d'argent en une journée. Ce ne sont pas tant des cérébraux, ils comprennent simplement le système».

L'humilité nécessaire

L'acteur que l'on avait plutôt vu au cinéma au cours des dernières années renoue avec plaisir avec la densité des textes qu'offre la dramaturgie, comparativement aux dialogues plus naturalistes du septième art.

«C'est aussi un travail d'humilité, parce que c'est très dur et exigeant», partage-t-il. Si Instructions pour un éventuel gouvernement socialiste qui souhaiterait abolir la fête de Noël se distingue par ses dialogues, il a tout de même dû s'attaquer à quelques bons monologues, puisque son personnage discute au téléphone.

«Une des bases du travail d'acteur est l'écoute. Dans ces cas, je suis obligé d'imaginer les répliques. Ça demande plus d'imagination.»