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Vidéo – Webinaire sur la diversité: la fierté d’être soi

le mercredi 28 avril 2021
Modifié à 15 h 23 min le 30 avril 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Des questions d’élèves du Centre de services scolaire Marie-Victorin ont alimenté une riche discussion sur la diversité entre l’animatrice Isabelle Racicot, le chanteur et acteur Samian, l’écrivaine Kim Thúy et le directeur du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) Fady Dagher. Ils ont tour à tour témoigné des défis et difficultés vécues en raison de leur différence, mais leur message à la jeunesse se voulait autrement plus positif : cette différence peut se traduire en opportunité et devenir une force. Pas moins de 10 000 élèves de 15 écoles secondaires ont assisté en direct le 28 avril ou visionneront en différé ce webinaire. L’idée d’une telle rencontre est née d’une volonté d’établir un dialogue avec les jeunes, alors que la pandémie engendre du stress et fait ressurgir certains incidents à caractère racial, un peu partout au Québec et ailleurs. L’engouement a été inespéré pour le SPAL, qui pensait initialement susciter l’intérêt de quelques classes. Pas moins de 150 questions ont été envoyées aux invités. Tous différents Chacun à leur façon, les quatre personnalités publiques ont ressenti cette différence au cours de leur vie. Samian, métis d’un père blanc et d’une mère algonquienne, a grandi sur une réserve en Abitibi. «Les jeunes sur la réserve me battaient car pour eux, j’étais un Blanc. Et les Blancs me battaient car pour eux, j’étais un Amérindien. Beaucoup de choses se sont brisées [en moi], mais j’ai appris à faire ma personne avec ma différence.» «Être différent» fait partie depuis longtemps de la vie de Kim Thúy, témoigne-t-elle. Non seulement à cause de ses origines, mais aussi en raison d’une timidité maladive qui, enfant, la faisait pleurer et perdre connaissance avant de grandes réunions familiales. D’origine libanaise, Fady Dagher a vécu pendant plusieurs années en Côte-d’Ivoire. Contrairement à Kim Thúy qui se disait «invisible» durant son secondaire, M. Dagher était «très visible». «J’étais le seul Blanc sur 33 étudiants noirs», illustre-t-il. Isabelle Racicot a témoigné de son sentiment, adolescente, de n’appartenir parfaitement à aucun groupe, alors qu’elle voyait peu de gens de couleur dans son entourage ou à la télévision et dans les magazines. Bâtir des ponts [caption id="attachment_111831" align="alignright" width="377"] Samian[/caption] À la question «Avez-vous déjà nié vos origines pour être accepté dans votre entourage?», Samian s’est prononcé. «Je n’ai jamais renié qui j’étais, mais je savais que j’aurais moins d’amis», a-t-il partagé. Vers l’âge de 12 ans, il a déménagé à Sherbrooke… en pleine crise d’Oka. Lorsqu’ils apprenaient ses origines, les parents disaient à leurs enfants de ne pas jouer avec lui. C’est avec des jeunes venus du Nicaragua, à ce moment en pleine guerre civile, qu’il s’est ainsi lié d’amitié. Samian a aussi décrit le passage à l’école secondaire comme l’un des plus grands défis de sa vie. Celui qui fait aujourd’hui carrière grâce à ses mots subissait des échecs en français. «Je composais de la poésie, mon cerveau fonctionnait de cette façon. Alors j’ai dû travailler plus fort, relate-t-il. Je n’arrivais pas à exprimer quoi que ce soit. C’est l’écriture qui m’a appris à me connaître, à me faire grandir. Et avec l’art, j’ai réussi à bâtir des ponts, à être un pont pour ces cultures.» Pour Fady Dagher, trouver sa passion, que ce soit la musique, le sport ou autre, «permet de passer à travers les tempêtes». Être différent a mené le chef de police à devenir agent double au début de sa carrière. Loin de nier les difficultés qui peuvent en découler, il croit qu’au final, c’est devenu une force. «Cela dépend toujours comment tu conjugues avec ça.» Grâce à… [caption id="attachment_111842" align="alignright" width="382"] Kim Thúy[/caption] Un élève de l’école Saint-Jean-Baptiste a demandé s’il serait mieux de faire comme si l’on était tous pareil et de ne pas remarquer les différences? Kim Thúy a répondu par une anecdote. L’auteure de Ru avait été invitée au sein de la délégation officielle du Canada en Malaisie. Elle ne savait jamais quoi répondre lorsqu’on lui demandait pourquoi elle avait été choisie pour faire partie de ce groupe restreint. «Il y avait des critères. Dans ce groupe de huit, ça prenait une femme, une francophone, une personne d’une minorité visible… énumère-t-elle. C’est grâce à ces différences que j’ai été choisie.» Cette visite revêtait aussi un caractère hautement symbolique pour elle. «Trente-cinq ans plus tard, je retournais de cette façon dans un pays où j’avais amerri illégalement», relate-t-elle, en référence à son exil pour fuir la guerre au Vietnam.

«On a le droit d’être différent, mais pas seulement le droit, on a la fierté d’être différent.» – Kim Thúy
Fady Dagher a quant à lui insisté sur la nécessité de préserver cette différence, d’épouser sa communauté d’accueil, tout en se souvenant d’où l’on vient et des valeurs qui nous ont été inculquées. «Va, vit, devient, mais revient», a-t-il cité, pour exprimer cette idée. L’animatrice Isabelle Racicot, qui est derrière le documentaire Pour mes fils, mon silence est impossible, s’est dit bien consciente d’avoir eu des opportunités de carrière «parce qu’elle est noire». Une situation avec laquelle elle est bien à l’aise. «Je m’en fous des raisons pour lesquelles j’ai été choisie. J’ai toujours voulu ensuite prouver que j’avais raison d’être là. Des fois, être choisie pour sa différence, c’est une opportunité extraordinaire.» https://www.dailymotion.com/video/x80y3ab Fady Dagher explique ce qui a mené le SPAL a vouloir réaliser cette rencontre, c'est-à-dire notamment de montrer aux jeunes que tout est possible, qu'ils ont le droit de rêver.   

Une autre invitation

L’ensemble des élèves qui ont assisté à l’événement avait pris part à une activité préparatoire en classe, afin de découvrir les invités et engager la réflexion et la discussion sur le vivre-ensemble. Une activité de suivi sera aussi proposée. «Un tel événement permet non seulement aux élèves d’entendre des témoignages inspirants et positifs, mais aussi d’échanger entre eux sur des thèmes qui les touchent de près, observent Cynthia D’Itri et Marie-Hélène Mathieu, médiatrices interculturelles au CSS Marie-Victorin. Nous souhaitons ardemment qu’il ait un impact positif qui s’étendra au-delà des murs de la classe.» À la lumière du succès de cet événement, une invitation a été lancé aux écoles du CSS des Patriotes, à celles de la commission scolaire Riverside ainsi qu’aux établissements privés.