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Violence conjugale: avec Transit Secours, Geneviève Caumartin rend hommage à sa mère

le lundi 11 mai 2020
Modifié à 7 h 53 min le 12 mai 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

L’organisme Transit Secours souhaite offrir un service d’aide au déménagement aux femmes victimes de violence conjugale. Visant ultimement à desservir la grande région de Montréal, il collaborera d’abord avec Carrefour pour Elle, à Longueuil, et avec la Maison Simonne-Monet-Chartrand, à Chambly. À lire aussi: Carrefour pour Elle adapte son offre de service | Système judiciaire: des préjugés et pratiques qui mettent les victimes à risque Cela fait plusieurs années que Geneviève Caumartin, instigatrice de Transit Secours, veut trouver une façon d’aider les femmes victimes de violence conjugale. En juin 2016, sa mère Francine Bissonnette a été assassinée par son conjoint, après avoir été victime de violence conjugale durant plusieurs années. «Toutes les complications que ça entraînait de devoir déménager, c’était l’une des choses qui lui faisait hésiter de quitter», évoque Mme Caumartin, pour qui Transit Secours est une façon de rendre hommage à sa mère. Lorsqu’elle a appris l’existence à Toronto de Shelter Movers, un service d’aide au déménagement et à l’entreposage de biens s’adressant aux femmes et enfants qui vivent une situation de violence, elle a voulu faire de même ici. L’organisme pourrait être en opération à la fin de l’été. Résidente de Chambly, Mme Caumartin a approché la Maison Simonne-Monet-Chartrand, puis Carrefour pour Elle, à Longueuil. Ces centres d’hébergement réfèreront des femmes pour qui ce coup de main gratuit pourrait être bien utile. Elles pourraient recevoir l’aide de deux à cinq bénévoles. «Selon le niveau de risque, un agent de sécurité et un policier seront aussi sur place», explique-t-elle. Transit Secours interviendra dans trois types de situations: aider en urgence les victimes à sortir du milieu où elles vivent de la violence; aider les femmes en maison d’hébergement à aller chercher des effets personnels à la maison; et soutenir celles qui sont prêtes à déménager ou à vivre dans une maison de deuxième étape. Leurs biens pourront aussi être entreposés durant leur séjour en centre d’hébergement. Un soutien précieux Ce soutien, peu importe sa forme, peut s’avérer bien précieux.

«Si ça peut sauver une vie, ce sera déjà utile. Une vie perdue ne peut jamais être retrouvée.» -Geneviève Caumartin
Adjointe à la direction chez Carrefour pour Elle, Marie-Christine Plante ne peut qu’applaudir une telle initiative. «Ça fait tellement de sens. Il y a un vide en ce moment, note-t-elle. Si ça peut aider une femme à briser une dynamique de violence conjugale, tant mieux. Tout ce qui représente un obstacle de moins à gravir peut devenir un incitatif à s’en sortir.» La violence économique entre souvent dans l’équation et le fait de ne pas avoir à débourser ni à entreprendre les démarches en lien avec un déménagement enlève un fardeau. Clara*, qui s’est confiée au journal au sujet de la situation de violence conjugale qu’elle a vécue, confirme qu’il avait été complexe et éprouvant de retourner au domicile qu’elle avait quitté pour récupérer des effets personnels. Elle avait dû se présenter à la maison uniquement en compagnie d’un policier «qui n’a pas le droit de t’aider, et qui te le fait sentir. Tu as quelques minutes pour prendre tes affaires. Tu essaies d’en prendre le plus possible. Mais une fille seule ne peut pas ramasser des meubles.» Pendant ce court temps, son ex-conjoint lui criait des insultes. Il s’était de plus débarrassé de plusieurs de ses biens, «une manière, encore, d’avoir une emprise sur moi», constate-t-elle. Partenaires, dons et bénévoles recherchés Des partenaires financiers, tant pour la location de voitures et de camions, l’entreposage et les services de sécurité, sont recherchés. Une somme de 20 000$ est nécessaire pour la première année d’opération. L’appel est lancé tant aux entreprises qu’à l’ensemble de la communauté. Mme Caumartin espère trouver des bénévoles pour effectuer et coordonner les déménagements, ainsi que pour recevoir les appels. La page Facebook Transit Secours a été lancée le 10 mai, à l’occasion de la Fête des Mères. Une trentaine d’influenceurs ont été invités à parler de leur maman et de celles «qui n’ont pas la chance d’être fêtées» à cause de la violence conjugale. Pour faire un don: sheltermovers.com/francais *Nom fictif