Opinion
Tribune libre

Vivre en dignité

le mardi 24 avril 2018
Modifié à 7 h 00 min le 24 avril 2018
Depuis les dernières années, nous sommes témoins de dénonciations des conditions choquantes dans lesquelles vivent les résidents dans les CHSLD. Nous avons remarqué une inaction du ministre de la santé face aux scandales des ratios de couches, des chutes, de la surmédicalisation, de la maltraitance, pour n’en nommer que peu d’exemples. Nous avons remarqué, lors de nos recherches, que les piètres conditions de vie des résidents des CHSLD relèvent principalement d’un manque flagrant de financement. Ainsi, nous revendiquons un réinvestissement massif dans les fonds destinés aux CHSLD du réseau public. Nous sommes tous au courant, particulièrement vous M. Barrette, que la population du Québec est vieillissante et que les besoins se font grandissants. Les effets du manque de fonds se font déjà sentir, qu'adviendra-t-il si vous ne cessez de couper? D’ici 15 ans, un Canadien sur quatre aura plus de 65 ans, l’augmentation du nombre de personnes en perte d’autonomie qui s’en suit apporte une forte demande de lits en CHSLD. Actuellement, les listes d’attente débordent, car le nombre de places est insuffisant. La réduction du nombre de lits en CHSLD, depuis les années 1980, résulte du désengagement de l’État. Nous manquons de lits au point où l’État loue des lits aux établissements privés afin de désengorger les hôpitaux en attendant que les patients soient hébergés de façon permanente. Est-ce vraiment une solution durable? Nous ne croyons pas, il faut plus de CHSLD publics puisque le vieillissement est inévitable et nous souhaitons tous vivre en dignité. Comme le récent mouvement des infirmières nous l’a montré, les conditions de travail du personnel soignant sont désastreuses, et ce, surtout en raison du manque de financement. Il manque de personnel, le ratio aidant/résident ne cesse d’augmenter et le personnel a de moins en moins de temps à allouer aux patients. Selon nos recherches, le ratio s’élevait à 25 patients pour un(e) seul(e) infirmier(ère) en 2013, mais sur le terrain le nombre de résidents peut s’élever à 40. Le nombre bien trop élevé de patients force les intervenant(e)s à donner les soins le plus rapidement possible au détriment de la qualité de ceux-ci. Les contraintes de temps, causées par le manque de personnel soignant et de financement, ont entraîné certaines des situations les plus scandaleuses comme les “ratios” de couches et le nombre de bains alloués aux résident(e)s. Le ratio de couches découle bien plus d’un manque de temps que d’un manque de matériel! Il en va de même pour les bains, saviez-vous que lorsqu’on mentionne un bain complet par semaine, il s’agit en fait d’un lavage complet à la mitaine? Pourquoi contraindre nos aînés à ces conditions? Docteur Barrette, au nom des résidents en CHSLD actuels, nos parents et nous-mêmes, nous vous demandons de réinvestir dans les fonds destinés aux CHSLD puisque les besoins se feront grandissants et vous peinez à répondre à la demande actuelle. En plus de contraindre le personnel soignant, déjà épuisé vu le manque d’effectifs, à exécuter leurs tâches en toute vitesse au détriment de la qualité de vie des personnes résidents en CHSLD. Et notez ici que le blâme n’est pas dirigé vers les infirmier(ère)s, mais envers votre ministère. Nous avons pu observer que malheureusement, la gestion des fonds en santé est teintée par l’âgisme: les personnes vieillissantes sont perçues comme étant moins importantes que les jeunes et elles sont traitées de façon méprisante. En 2018, on ne devrait pas avoir peur de se retrouver dans de telles conditions et méritons de vivre en dignité. Nous avons utilisé les termes «personnes âgées» et «aînés» afin de parler des résidents par souci de simplifier la tâche, nous n’excluons pas les personnes résidant en CHSLD qui ne s’identifient pas à cette catégorie d’âge. Pour en savoir plus, consulter la page Facebook Les conditions de vie en CHSLD. #vivreendignité Valérie Bastien, Audrey Bouchard, Jasmine Comeau, Karine Grenier et Marilou Provost. Les signataires sont étudiantes en techniques de travail social au cégep du Vieux-Montréal.