Automobile
Actualité

Voici le Porsche Cayenne décapotable qui n’a jamais existé

le vendredi 05 août 2022
Modifié à
Par Luc Gagné

Un Porsche Cayenne décapotable, ça vous dit quelque chose ? Eh bien, sachez qu’il y en a eu un. Juste un. Et voici son histoire.

Dès la fin des années 80, Ferry Porsche (1909-1998) avait flairé un potentiel commercial pour un utilitaire portant son nom. En 1989, il affirmait à des collègues : « Si nous construisons un véhicule tout-terrain conforme à nos critères de qualité et qu’il arbore un écusson Porsche à l’avant, il se vendra. » L’histoire lui a donné raison puisque, depuis son lancement en 2002, le Cayenne est devenu un pilier du succès mondial de la marque. De là naquit l’idée de multiplier les variantes de cette vache à lait.

En vingt années d’existence, le Cayenne a vu sa carrosserie changer trois fois. L’actuelle troisième génération a même été dédoublée lorsqu’on a créé une variante au pavillon plus arrondi qualifiée de « coupé »; une expression du vocabulaire des carrossiers que les gurus du marketing galvaudent à qui mieux mieux !

Quoi qu’il en soit, dès la création du Cayenne, son constructeur a étudié d’autres formes de carrosserie développée à partir de celle plus classique d’un VUS à cinq portes. Peu de temps après le lancement du modèle initial, en décembre 2002, trois variantes ont été mises à l’étude dans ses studios de design : un coupé à 3 portes (un vrai!), une version à empattement allongé de 20 centimètres dotée d’une troisième rangée de sièges et un cabriolet.

Chaque variante a eu droit à une maquette en argile à l’échelle 1:1, mais seul le cabriolet a eu droit à une version de démonstration grandeur nature. Basé sur un Cayenne d'environ 4,8 m de long, ce prototype unique n’a pas de moteur. Il fait désormais partie de la collection du musée Porsche à Stuttgart, en Allemagne.

Un prototype qui n’a jamais roulé

Ce prototype n’a donc jamais roulé. Il s’agit en quelque sorte d’un prototype servant à évaluer l’efficacité de l’aménagement et de la conception. Chez Porsche, on appelle ça un « package function model » ou PFM.

Dans un communiqué qui raconte l’histoire de ce prototype, le constructeur nous apprend qu’il devait aider ses stratèges à évaluer le potentiel commercial d’un véhicule de ce genre sur la base de quatre aspects importants :
Le confort de chaque place avec un toit plus courbé à l’arrière et des montants de pare-brise raccourcis;
L’aspect pratique d’un habitacle n’ayant que deux portes, quoique plus longues de 20 cm;
La possibilité d’avoir une capote élégante et de haute qualité conçue pour s’escamoter rapidement;
Enfin, la manière de concevoir les places arrière.

Puisqu’il y avait, entre autres, un désaccord sur ce dernier point, deux design différents pour la partie arrière ont été réalisés, d’où cette maquette en argile dotée d’un feu arrière bas à gauche et haut à droite.

Un mécanisme de capote comme celui de la 911 Targa actuelle

Si le véhicule avait atteint le stade de la production, sa capote aurait eu un mécanisme semblable à celui utilisé pour la 911 Targa depuis 2014. Le couvercle du coffre à bagages du Cayenne-PFM aurait été conçu pour s'ouvrir dans les deux sens et la capote se serait repliée en Z, en se déplaçant au-dessus d’un arceau de sécurité fixe, pour aller se ranger dans le coffre à bagages.

À l’époque, ce concept de cette capote n’en était toutefois qu’au stade des simulations informatiques, ce qui explique pourquoi le prototype n’en a pas. La capote en tissu qu’on lui avait préparée est désormais rangée dans son coffre et des employés du musée doivent la poser manuellement si nécessaire !

On sait aujourd’hui que Porsche n’a pas poursuivi l'idée de produire ce cabriolet. Les prévisions concernant sa rentabilité n’étaient vraisemblablement pas très prometteuses. Certains membres de la direction doutaient aussi qu’il soit possible de rendre un éventuel modèle de série aussi attrayant qu'un produit Porsche se doit de l’être !

Le patron actuel du Design de Porsche est peu convaincu par les VUS décapotables

« Faire d’un VUS un cabriolet constitue un défi à la fois esthétique et technique », explique Michael Mauer, qui a succédé à Harm Lagaay à la tête du département de Design en 2004, deux ans après que ce prototype ait été mis au rancart.

En l’examinant aujourd’hui, il ajoute : « Un VUS a toujours une carrosserie large et lourde. Vous combinez cela avec une petite moitié supérieure, puis vous coupez le toit. Alors, vous obtenez des formes très étranges qui en émergent ».

Un concept testé par d’autres constructeurs

Porsche n’est pas le seul constructeur qui a eu l’idée de faire d’un utilitaire un cabriolet depuis le tournant du 21e siècle et la montée en popularité des VUS. Cependant, la piètre performance de certains semble donner raison à M. Mauer.

Nissan est allé plus loin que Porsche avec le Murano CrossCabriolet. Cette variante décapotable à deux portes du Murano de seconde génération a été offerte aux États-Unis exclusivement, à partir de 2011. Le constructeur nippon n’en aurait cependant vendu qu’une poignée, soit environ 6 000 tout au plus, avant d’annoncer son retrait du marché en avril 2014.

Puisque les goûts et l’attitude des consommateurs changent au fil du temps, deux autres constructeurs ont emboîté le pas par la suite. Land Rover a tenté sa chance en lançant le Range Rover Evoque cabriolet en 2017, un modèle qui a eu un succès mitigé. Au Canada, par exemple, pas plus de 21 exemplaires de ce modèle décapotable ont été livrés au Canada en 2018, année où le constructeur britannique a décidé de mettre un terme à sa production.

Cette triste expérience n’a toutefois pas découragé Volkswagen de faire de même en lançant le cabriolet T-Roc en 2020. Ce modèle qui remplace tout à la fois l’Eos, la Golf Cabrio et la Beetle décapotable semble jusqu’ici bénéficier d’un accueil plus chaleureux.

Photos : Porsche, Nissan, Land Rover et Volkswagen

Le texte Voici le Porsche Cayenne décapotable qui n’a jamais existé provient de L'annuel de l'automobile - Actualité automobile