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Voix migrantes: des élèves immigrants se racontent en français

le mardi 21 juin 2022
Modifié à 12 h 30 min le 22 juin 2022
Par Lilian Largier, Initiative de journalisme local

redactioncd@gravitemedia.com

Juanita Medina Angarita (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Des immigrés scolarisés à Longueuil âgés de 15 à 29 ans, qui ne parlaient pas français à leur arrivée au Québec, ont participé durant trois mois à des ateliers d’écriture. Parmi eux, Muna Al-Sayyed, qui a quitté la Jordanie, admet que «c’est difficile, mais que ça s’arrange avec le temps». Non sans fierté, l’élève de classe d’accueil affirme qu’elle pourra intégrer le cursus régulier l’an prochain. 

«Ma famille était déjà ici depuis cinq ans, je suis venue il y a un an pour les rejoindre et poursuivre mes études ici», a raconté l’adolescente de 17 ans, lors d’un 5 à 7 au Théâtre de la ville à Longueuil, le 15 juin. 

Durant l’événement, les jeunes écrivains sont montés sur scène, face aux familles, pour présenter leur travail.
Originaire de Colombie, Juanita Medina Angarita, a raconté son histoire en quelques phrases.

«Je suis arrivée récemment au Canada à l’âge de 17 ans, toute seule. À l’aéroport cela a été très difficile, car je ne parlais qu’espagnol et pas français ou anglais, a-t-elle relaté. Personne ne me comprenait, je me suis dit ce n’est pas grave. J’ai trouvé des gens pour me guider et me souhaiter "Bienvenue au Canada".»

Après quatre mois de cours, elle reconnait que «le français est difficile».

Juanita, tout comme Muna, fréquente l'école secondaire Jacques-Rousseau à Longueuil.

Écriture identitaire

Les participants de Voix migrantes, projet du Centre de services scolaire Marie-Victorin (CSSMV), font partie de trois classes des écoles secondaires Jacques-Rousseau, Saint-Edmond et Saint-Jean-Baptiste, ainsi que de deux groupes du Centre d’apprentissage du français langue seconde Camille-Laurin.

Ils sont originaires de pays comme la Colombie, l’Ukraine, le Tchad, la Syrie, le Mexique ou la Jordanie.
«Avec des collaborateurs, nous avons eu la volonté de faire vivre des ateliers d’écriture identitaire à nos élèves, permettant de développer chez eux un sentiment de fierté, mais aussi une reconnaissance de leur bagage personnel», exprime Charlène Ouellette, coordinatrice au service des ressources éducatives du CSSMV. 

«Ils vont d’abord chercher des histoires dans leur langue d’origine, celle de leur cœur, poursuit-elle. Puis ils ressentent rapidement le désir de les transcrire en français. Nous apportons en complément un soutien aux professeurs.»
Au secondaire, les séances ont été réparties sur trois demi-journées en salle de classe, dans un parc ou lors d’une sortie au Musée des beaux-arts de Montréal.

Une animatrice interculturelle, Salima Moussini, a mené les ateliers en leur proposant d’abord des thèmes, puis en leur laissant la liberté d’aborder leur histoire et celle de leur famille ou d’autres sujets.

Les jeunes ont entre autres écrit sur le racisme, la place des femmes dans nos sociétés, la guerre, l’apport d’une mère et des parents ou encore leur interprétation d’une œuvre réalisée lors de la visite organisée au Musée des beaux-arts.

«Les élèves ont produit des choses extraordinaires, en si peu de temps.»
-Geneviève Dion, enseignante en classe d’accueil à l’école Saint-Jean-Baptiste. 

«Ils ressentent des émotions, mais ne sont pas outillés en vocabulaire, souligne Geneviève Dion, enseignante en classe d’accueil à l’école Saint-Jean-Baptiste. Nous les accompagnons et estimons qu’il est important de leur donner la parole. Il s’agit d’un beau projet et il leur a fallu beaucoup de courage.»

Le CSSMV a obtenu des fonds du Plan d’action jeunesse 2021-2024 du gouvernement du Québec pour réaliser ce projet. 

 

Élargir la diffusion

Lors du 5 à 7, chaque visiteur qui s’est promené dans l’assistance avec un téléphone cellulaire a pu découvrir, grâce à un code QR, le récit des élèves sous le format d’un livre numérique. Les élèves ont aussi pu envoyer leur récit à leur famille, dans leurs pays d’origine.

«Nous sommes en recherche d’une solution pour diffuser plus largement les livres numériques auprès de la communauté, a expliqué Charlène Ouellette. Pour l’année prochaine, nous avons des idées pour faire des demandes de fonds. Il s’agit d’un point de départ.»

Marie-Hélène Mathieu et Marie-Michèle Filion (médiatrices interculturelles), Soizic Blanchard (conseillère pédagogique), Sonia Sentchenkoff (enseignante), Muna, Fatime, Sonia Tioui (enseignante), Salima Moussini (médiatrice interculturelle), Pauline, Geneviève Dion (enseignante), Kiara, Félix, Juanita, Erick, Eva, Maria, Charlène Ouellette (coordonnatrice, service des ressources éducatives, Philippe Georgiades (enseignant), Rimma Osadceaia (conseillère pédagogique) - élèves adultes : Blanco Perez, Paula Alejandra, Franco Perez, Sofia Estefania, Franco Romero, Andrea Victoria, Ramirez Lopez, Maria Paula Razaiarimanana, Marie Luna Silva, Rocio Susana, Cepeda Salce, Laysha Mabell, Merchan Buitrago, Amanda Consuelo, Torres Castro, Sthephanie Sarai, Iduwa Esperance, Alina Smeu (enseignante) et Mounia Hacib (enseignante) (Photo: Le Courrier du Sud – Lilian Largier)