Sports

Woody Belfort, une inspiration

le lundi 06 mai 2019
Modifié à 16 h 51 min le 06 mai 2019
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

«J’aimerais laisser ma marque sur cette Terre. J’aimerais qu’on dise: Mohamed Ali? Je le connais! Bruce Lee? Je le connais! Woody Belfort? C’est le gars en fauteuil roulant qui fait du culturisme? Ouais, je le connais!» Portrait d’un jeune homme qui refuse de s’imposer des limites et qui incite tout le monde à faire de même. À sa naissance, Woody Belfort a été diagnostiqué avec la diplégie spastique, une forme de paralysie cérébrale. «J’ai constamment des spasmes, que ce soit dans les épaules, les bras, les jambes, explique-t-il au Courrier du Sud. C’est tannant, mais à la longue, tu t’habitues. C’est comme quand tu vas au gym; tu as été vraiment intense, tu reviens et tu as des petits spasmes partout. Moi, c’est en permanence. Donc, je n’ai pas besoin d’aller au gym!» lance le sympathique jeune homme en riant. Son handicap ne l’empêche pas de s’entraîner et de se surpasser quotidiennement. Le jeune homme inspire de plus en plus d’internautes à travers le monde, alors qu’il publie des vidéos des exercices de musculation sensationnels qu’il réalise avec son fauteuil roulant autour de la taille. Le culturiste soulève son poids de toutes les façons; les acrobaties qu’il peut accomplir sont spectaculaires. Se surpasser Par ces exploits, le Longueuillois souhaite montrer que s’il est capable, «tout le monde est capable». «J’ai toujours admiré le corps humain, raconte-t-il. J’ai toujours trouvé ça beau à voir, quelqu’un qui se pousse physiquement et mentalement.» Mais elle est où, la limite? «Ma mère me pose la question chaque année!, s’exclame-t-il. Elle me posait déjà la question quand je descendais une marche. Honnêtement, je ne sais pas c’est quoi la limite, et j’espère ne pas la trouver bientôt!» Rejoindre la communauté Woody Belfort voue un amour inconditionnel au basketball, sport qu’il pratique évidemment en fauteuil roulant. «Ça fait plus de la moitié de ma vie que je joue au basket, souligne-t-il. Si le basket était une personne, je serais marié à elle! Il n’a aucun défaut!» Du 26 avril au 5 mai, le jeune homme de 22 ans participait au Défi Altergo, le plus grand événement multisport annuel au Canada rassemblant des milliers d’athlètes de toute limitation fonctionnelle. Un défi auquel il prend part depuis 11 ans. Sa participation, année après année, représente beaucoup pour lui. «Gagner, c’est dans mes buts, mais ce n’est plus mon but numéro un, qui est vraiment de rejoindre la communauté de basketball en fauteuil roulant et de rencontrer tout le monde, indique-t-il. Je veux essayer de recruter d’autres joueurs, d’inspirer les jeunes qui ne connaissaient pas le sport et d’élargir la communauté.» Une inspiration «Je ne connais personne qui n’aimerait pas ça!» lance Woody Belfort lorsqu’on lui parle de l’attention médiatique dont il fait l’objet depuis quelques semaines. En plus d’apparaître dans une publicité télévisée du Barreau du Québec, l’athlète a été interviewé par plusieurs journalistes. Il a entre autres été invité à l’émission Tout le monde en parle, à Radio-Canada, et au Steve Harvey Show, à la télé américaine. Woody reçoit de nombreux messages de gens d’un peu partout à travers le globe qui le voient comme une inspiration. «Je suis béni de pouvoir inspirer d’autres personnes avec mes exploits, mon histoire. Je reçois même des messages vocaux de personnes qui pleurent, qui disent: «Woody, merci beaucoup pour ce que tu m’as montré, je n’ai vraiment pas d’excuse pour atteindre mes buts». C’est vraiment beau à voir. Ça me touche. Pour moi, c’est la vie de tous les jours…»
«Un jour, tu vas me voir sauter en parachute avec mon fauteuil en faisant des backflips jusqu’à l’arrivée.»
Accessibilité Dès son plus jeune âge, Woody Belfort a été confronté à toutes sortes de défis. Des défis qui semblent banals pour les gens qui n’ont pas à utiliser un fauteuil roulant pour se déplacer. «Chaque fois que j’étais dehors, il fallait que je fasse un détour pour aller trouver la rampe, se souvient-il. Ça me dérangeait, quand j’étais petit, parce que tout le monde montait pour aller au X. Il fallait qu’on arrête de s’amuser le temps qu’on trouve une rampe. Il y avait un moment d’arrêt pour que moi, le kid en fauteuil roulant, puisse monter pour retrouver ses amis.» C’est à force de devoir faire des détours pour entrer dans les bâtiments qu’il a décidé de trouver une façon de monter les escaliers par ses propres moyens, en se soulevant à l’aide des mains-courantes. C’est d’ailleurs ce qu’il fait dans le métro de Montréal, alors que l’accessibilité est moindre pour les personnes à mobilité réduite – seulement 14 des 68 stations disposent d’un ascenseur. Sans parler de sa ville de résidence, Longueuil, où «c’est horrible» de se déplacer, affirme Woody. «Longueuil, c’est la prochaine cible sur ma liste après la Société de transport de Montréal», affirme-t-il. «Comme la majorité des bâtiments à Longueuil sont anciens, je comprends que ça risque d’être difficile de changer les choses, note-t-il. Mais juste d’installer une rampe, au pire faite à la main, en bois, pour l’été… Juste rendre ça un petit peu plus accessible.» Motivateur improvisé Woody Belfort faisait partie de l’équipe québécoise de basketball en fauteuil roulant lors des Jeux du Canada, qui se sont tenus à la fin février, en Alberta. En plus de remporter la médaille de bronze, le Longueuillois a été invité à faire un pep talk à l’équipe de hockey masculine avant son match de demi-finale contre la Saskatchewan. «C’était mon premier pep talk à vie. Moi qui ne connais pas le hockey, je ne savais pas quels conseils donner. Je disais «Il faut faire un strike, un home run!» Je disais n’importe quoi, mais je savais que les gars avaient juste besoin d’encouragements, parce que c’était un match très important pour eux. Il fallait juste que je les motive.» L’équipe a finalement remporté la partie, puis la finale, s’emparant de la médaille d’or. «C’était un honneur pour moi d’aider mes coéquipiers en hockey. Je suis content que ça ait porté fruit», ajoute-t-il.