Justice
Faits divers

5 millions de fichiers de pornographie juvénile

le mardi 12 juillet 2016
Modifié à 0 h 00 min le 12 juillet 2016

Un pédophile et important consommateur de pornographie juvénile a été déclaré délinquant dangereux et condamné à une peine indéterminée. Jacques Valiquette pourrait ainsi passer le reste de sa vie en prison.

Valiquette, 49 ans, a fait l'objet d'une vaste enquête débutée en 2009 de l'autre côté du continent, par la police fédérale du Brésil. Celle-ci s'intéressait aux sites de partage de contenu et aurait déterminé que trois Canadiens y auraient accédé à au moins 185 fichiers de pornographie juvénile.

L'information a été transmise au Centre national contre l'exploitation des enfants, puis à la Gendarmerie royale et enfin à la Sûreté du Québec, qui a procédé à l'arrestation de Valiquette à son domicile de Greenfield Park le 27 septembre 2011.

En octobre 2012, Valiquette s'est reconnu coupable de possession et de production de pornographie juvénile, ainsi que d'avoir accédé et rendu accessible de la pornographie juvénile.

Un autre Québécois, Jean-Philippe Muratori, a été arrêté à Sherbrooke dans le cadre de la même enquête. Il a reçu une peine de six mois pour possession de pornographie juvénile.

Attouchements sur un bébé

Valiquette était déjà connu des milieux policiers. En 2001, il a été condamné à une peine de 42 mois de prison pour des gestes sexuels commis sur un bébé alors que celui-ci était âgé d'à peine 4 mois. Les gestes auraient continué jusqu'à ce que l'enfant ait 3 ans.

Selon la preuve retenue par le juge Marc Bisson, il aurait commencé à visionner de la pornographie juvénile à peine quelques semaines ou quelques mois après la fin de sa peine, en 2004.

5 393 051 fichiers visionnés

Selon la preuve retenue, l'accusé détenait plus de 200 000 fichiers de pornographie juvénile sur son ordinateur. Au total, il aurait accédé à plus de 5 millions de fichiers, sans nécessairement les télécharger.

Il aurait également produit 20 DVD pornographiques et imprimé 10 cartables contenant environ 3440 photos.

Ces fichiers ne seraient qu'une partie des documents consultés par Valiquette. Il affirme avoir détruit tout ce qu'il a consulté entre 2004 et 2008 parce qu'il avait peur d'être dénoncé par sa conjointe.

«Manifestement, sa vie était axée sur sa sexualité déviante, indique le juge Bisson. L'accusé consacrait un nombre incalculable d'heures à classifier les fichiers de pornographie juvénile qu'il téléchargeait.»

Incapable de se contrôler

L'avocat de l'accusé a plaidé que le temps purgé en détention préventive, soit l'équivalent de 85 mois à cause du temps compté en double, devrait faire office de sentence. Jacques Valiquette aurait ainsi été libéré dès le 30 juin dernier, mais le juge Marc Bisson ne l'a pas vu ainsi.

«La première peine, quand même significative, n'a pas eu l'effet dissuasif escompté, pas plus que les différents programmes auxquels il a pris part, et ce faisant, l'accusé démontre qu'il est incapable de contrôler ses actes», affirme-t-il dans son jugement.

Le juge Bisson va encore plus loin, ajoutant que cela «permet de croire qu'il causera vraisemblablement [...] des sévices ou des dommages graves à d'autres personnes».

Il a imposé une peine indéterminée à Valiquette, ce qui signifie que celui-ci ne sortira pas de prison tant que la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) n'est pas convaincue qu'il ne pose plus de risques pour la société.

La CNLC évaluera son dossier tous les deux ans.