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Papas en action: « Il y a une définition de l’équité et elle est bonne pour tous »

le jeudi 23 août 2018
Modifié à 15 h 04 min le 23 août 2018
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

ORGANISME. À bord d’un voilier en été et d’une roulotte en hiver, les Papas en action organisent de multiples activités pour parents et enfants afin de faire valoir que «les pères sont des parents à part entière». «Il y a une définition de l’équité et elle est bonne pour tous», lance d’entrée de jeu le fondateur de l’organisme sans but lucratif Marc Patenaude, en entrevue avec Le Courrier du Sud. Ses trois voisins et lui, des résidents de l’Île-des-Sœurs, ont créé l’organisme il y a un peu plus d’un an. «Il n’y avait que des activités pour les mères, comme du zumba mamans-enfants, par exemple. Ce n’était pas de mauvaise foi, mais il n’y avait aucune activité pour les pères parce qu’on tient pour acquis que ce sont les mères qui s’occupent des jeunes enfants.» Éliminer les stéréotypes Les hommes ne sont pas le «deuxième parent», comme la société tend à le laisser paraître, selon Marc Patenaude. «Il y a encore des préjugés comme quoi un homme est moins compétent pour s’occuper des enfants et que c’est le rôle de la femme», explique l’enseignant de carrière. Au Palais de justice de Longueuil, par exemple, il n’y a des tables à langer que dans les toilettes des femmes, fait-il remarquer. «Ça ne nous enlève pas notre masculinité si on s’occupe des enfants, poursuit-il. On reste des gars.» Les Papas en action tentent de faire comprendre que les hommes aussi peuvent être en détresse, et qu’il devrait être primordial de les aider, comme il est primordial d’aider les femmes. «On a des émotions, on est fait en chair et en os. Quand on a des difficultés, on fait quoi?» Se faire entendre Le grand souhait des Papas en action est «qu’il y ait une réforme du droit de la famille, ce qui n’a pas eu lieu depuis 1980 au Québec», explique Marc Patenaude. Dans les cas de séparation, rares sont les hommes qui ont droit à la garde partagée, dénonce les Papas.. «Un enfant a besoin de temps de qualité avec ses deux parents, mentionne le propriétaire du voilier. C’est comme si c’était plus facile pour un homme de voir son enfant une fin de semaine pour deux, alors que pour une femme, c’est impensable dans notre société.» «La plupart des hommes ne savent pas comment demander la garde de leurs enfants. Ils n’ont jamais eu affaire au système juridique ou n’ont pas l’argent pour avoir des avocats.» Les Papas ont récemment témoigné à la Chambre des notaires du Québec pour faire valoir leurs points. Ils ont aussi discuté avec le député fédéral de Ville-Marie – Le Sud-Ouest – Île-des-Sœurs Marc Miller et souhaitent rencontrer le premier ministre Justin Trudeau et le ministre de la Famille Luc Fortin à l’automne. «On essaie de se faire entendre de façon positive, avec le côté ludique et l’entraide», soutient M. Patenaude. Une foule d'activités Tours de voilier, aide aux devoirs, sports et bricolage ne sont que quelques-unes des activités organisées par les Papas sur la Rive-Sud et à Montréal. Au total, une cinquantaine de parents – hommes, femmes ou couples accompagnés de leurs enfants – prennent part aux activités de façon régulière. Il n’y a aucun critère pour y participer; tout le monde est invité. Les Papas s’associent avec divers organismes. Par exemple, le 16 septembre, en collaboration avec la Fondation Charles Bruneau, des jeunes atteints du cancer profiteront d’un tour à bord du voilier. Dans la roulotte, couches, lingettes et jeux sont disponibles. Les dons de livres et de vêtements sont fort appréciés; ils font l’objet d’une redistribution aux parents dans le besoin. Qui plus est, trois entrepôts pleins de fournitures ont été préparés afin d’aider les papas qui se retrouvent à la rue lors d’une séparation. «On est très débrouillards à la gang, affirme Marc Patenaude. Quand un père a des difficultés, il n’est pas seul. Les ressources offertes ne sont que pour les femmes. Avec nous, ils brisent l’isolement.»

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