Culture

75 ans de LeMoyne : un kilomètre carré et une histoire à raconter

le lundi 04 mars 2024
Modifié à 14 h 46 min le 04 mars 2024
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

L'ancien hôtel de ville. (Photo: Gracieuseté – Ville de Longueuil)

Il fallait un solide sentiment de fierté pour qu’à peine 4000 personnes se motivent à fonder une ville sur un territoire enclavé d’à peine un kilomètre carré. C’est ainsi qu’a commencé, il y a 75 ans, l’histoire de LeMoyne, ancienne ville aujourd’hui secteur de l’arr. du Vieux-Longueuil.

«C’est tout un acte! Ça témoigne d’un grand sentiment de communauté, ça prend une confiance en soi de fonder comme ça une ville sur un si petit territoire», relate Carl Lévesque, président de l’arr. du Vieux-Longueuil, responsable associé au Patrimoine et féru d’histoire, tout particulièrement de celle de sa ville. 

C’est en quelque sorte en opposition à Ville Jacques-Cartier, née en 1947, tout juste à côté, que LeMoyne a pris forme. «Ville Jacques-Cartier était totalement anarchique, alors que LeMoyne  était plus organisé, soutient M. Lévesque. Les gens se sont dit : ok, on va développer de notre côté.»

Cette ville n’avait d’autre choix que de se développer de l’intérieur, étant coincée de part et d’autre par le boul. Taschereau, le chemin de fer, Saint-Lambert et un quartier industriel. 

«C’est l’histoire de deux territoires enclavés», résume le conseiller, à propos des paroisses Saint-Josaphat et Saint-Maxime, qui constituaient LeMoyne. Deux paroisses qui ont évolué aussi de manière distincte, la première étant plus résidentielle, et la deuxième, davantage commerciale.

Ironiquement, fait remarquer M. Lévesque, ce territoire enclavé était un lieu de transit, d’aussi loin qu’à l’époque de la Nouvelle-France. Plus «récemment», le chemin de fer [la St-Laurent Railway est arrivée en 1847] et le pont Victoria ont contribué à ce rôle.

Carl Lévesque (Photo: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Haut et bas démographique

LeMoyne a elle aussi connu le boom démographique suivant la Deuxième Guerre mondiale. Elle a atteint les 8500 habitants… avant de décliner quelque deux décennies plus tard.

«Quand Taschereau a ouvert en 1932, ç’a amené beaucoup de travailleurs, des familles nombreuses, plus pauvres, explique M. Lévesque. Vingt ans plus tard, les enfants étaient devenus grands. Ils ont quitté, car il n’y avait plus de terrain à développer. Et le taux de natalité a baissé.»

La ville qui avait ses propres services (police, piscine, bibliothèque…), va graduellement conclure des ententes de services avec les municipalités voisines, dès 1975.

Une femme au pouvoir

Sur le plan politique, l’élection en 1981 de la mairesse Louise Gravel marque un jalon, alors qu’elle est la première femme à la tête d’une ville au sein de ce qui est aujourd’hui l’agglomération de Longueuil. Elle a été au pouvoir jusqu’en 1993.

En 2002, Saint-Lambert-LeMoyne est devenu un arrondissement de Longueuil. Quatre ans plus tard, lors du référendum sur les défusions, Saint-Lambert a quitté Longueuil, mais LeMoyne y est demeuré. Par voie de référendum, la population a choisi dans une proportion de 60% d’intégrer l’arrondissement du Vieux-Longueuil.

 

 


LeMoyne : anniversaire et démarche participative

6 mars : atelier sur le patrimoine de Ville LeMoyne impliquant la co-création d'une visite d'exploration urbaine, de 10h à 12h, à l'organisme La Mosaïque. L'activité s'adresse aux résidents de longue date du secteur, mais aussi aux résidents actuels du quartier. 

10 mars : Conférence virtuelle de l’historien Michel Pratt, auteur d’un ouvrage sur la question. 

Démarche participative: mandaté par la Ville, l'Office de participation publique de Longueuil a lancé une démarche participative sur l'identité et le devenir du secteur LeMoyne.

Son mandat est de consulter la population du secteur «afin de révéler et reconnaître les références et sensibilités identitaires propres aux citoyens, commerçants et groupes communautaires du secteur Le Moyne». Une vision de revitalisation sera élaborée avec les différents groupes du quartier à partir des enjeux vécus.