Adolescent tiré par un policier : un bâton de baseball et des cagoules saisis

Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) qui enquête sur la mort de Nooran Rezayi, atteint par balle par un policier à Longueuil le dimanche 21 septembre en après-midi, a saisi l’arme du policier, un bâton de baseball, un sac à dos et des cagoules. 

L’ensemble des articles saisis sont présentement analysés par le laboratoire de science judiciaire.

En conférence de presse mardi matin, la directrice du BEI, Brigitte Bishop, n’a pu confirmer si le bâton, le sac à dos et l’une des cagoules appartenaient à la victime. Elle ne pouvait non plus dire ce qui se trouvait dans le sac à dos.

Le BEI a également récolté sept vidéos de l’événement, captées par le voisinage. Elles sont aussi actuellement sous analyse. Mme Bishop a confirmé qu’au moins l’une d’entre elles montrait l’entièreté de l’événement. 

Une quinzaine de témoins, tant civils que policiers, ont jusqu’ici été rencontrés, 36 heures après le déclenchement de l’enquête indépendante. «Dans le groupe de jeunes, nous avons rencontré quelques témoins», a indiqué Mme Bishop.

Dès le déclenchement de l’enquête, le BEI a rencontré la famille et les proches de la victime. «Nous avons répondu aux demandes, dans les limites que nous avons pour ne pas altérer la preuve.»

Lundi dans la journée, le père de Nooran, Sharif Rezayi, a déploré à des médias être tenu dans l’ignorance sur les circonstances qui ont mené à la mort de son fils. Le BEI n’a d’ailleurs pas confirmé l’identité de la victime, en conférence de presse. 

Pas moins de 15 enquêteurs sont mobilisés dans ce dossier, en plus d’un analyste et de spécialistes en identité judiciaire. 

Deux policiers de l’identité judiciaire du Service de police de la Ville de Montréal se sont joints au BEI, en soutien. Un drone a capté des images des lieux afin de montrer l’étendue de la scène de crime.

Demande à la collaboration

Pratique rare du BEI, la tenue d’une conférence de presse visait notamment à sensibiliser les potentiels témoins de l’événement à transmettre toutes informations ou tout élément de preuve.

«Je suis un peu préoccupée par le fait que certaines petites enquêtes se font, de manière privée ou indépendante, a soulevé Mme Bishop. S’il vous plait, donnez-nous la preuve telle que vous l’avez. N’essayez pas de faire de concertation. Notre but est d’avoir la preuve la plus claire possible.»

Des citoyens tentent par exemple de chercher de la preuve sur les lieux. Elle a invité aussi les témoins à ne pas se rencontrer entre eux, afin de ne pas altérer leur témoignage. 

Constatant une «certaine incompréhension» du rôle du BEI sur le terrain, Mme Bishop a aussi rappelé que sa mission est de faire la lumière sur les circonstances de l’événement. Ce n’est pas une enquête criminelle «Pour faire la lumière, nous avons besoin d’éléments de preuve qu’on obtient de la façon la plus rigoureuse», a-t-elle précisé. 

Une fois complétée, l’enquête sera transmise au coroner et au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), qui déterminera s’il y a des éléments criminels. Si tel est le cas, «l’enquête deviendra une enquête criminelle et d’autres éléments pourraient s’ajouter». 

Rappel des événements

Le dimanche 21 septembre à 14h48, un appel a été logé au 911 rapportant la présence d’un groupe de personnes «cagoulées et armées» dans un lieu public, à l’intersection des rues Joseph-Daigneault et de Monaco, dans l’arr. de Saint-Hubert. Les policiers sont arrivés sur place à 14h58.

«Une personne aurait été atteinte par au moins un tir policier», a décrit Mme Bishop.

Les premiers soins ont été prodigués sur place. Le décès de Nooran Rezayi a été constaté à l’hôpital. 

Le Service de polkcie d'agglomération de Longueuil a confirmé que le policier impliqué est en congé de maladie pour une durée indéterminée. «Son statut sera réévalué à l’issue de cette absence, le cas échéant, en fonction des éléments de l’enquête qui nous seront communiqués par le BEI», a-t-il signifié.