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Aéroport de Saint-Hubert : les groupes d’opposants ont identifié des impacts négatifs

le mercredi 22 mai 2024
Modifié à 10 h 15 min le 27 mai 2024
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

La Coalition Halte-Air Saint-Hubert et le Comité antipollution des avions Longueuil (CAPAL) ont exprimé leurs inquiétudes à propos du nouveau terminal de l'arr. Saint-Hubert. (Photo Le Courrier du Sud : Archives)

La Coalition Halte-Air Saint-Hubert et le Comité antipollution des avions Longueuil (CAPAL) ont exposé des impacts négatifs que pourraient avoir le développement en cours à l’aéroport de Saint-Hubert, lors d’une présentation publique, le 7 mai. Selon eux, la pollution sonore et atmosphérique aura des incidences sur la santé, tandis que la dépréciation des maisons riveraines est aussi évoquée.

La présentation de différentes études a réuni une centaine de citoyens au Centre Labrosse de l’arr. de Saint-Hubert le 7 mai.

«Ce qui m’a frappé, c’est le désespoir, la détresse de certaines personnes, a indiqué  le professeur Julien Keller de la Coalition Halte-Air Saint-Hubert. Il y a un papa qui m’a dit que son fils ne pouvait pas dormir la nuit. D’autres me disent qu’ils vont vendre leur résidence. Les gens ne savent pas quoi faire. Ils ont aussi cru aux discours des politiques qui promettaient mieux.»

Stress sonore

L’aéroport de Saint-Hubert aurait indiqué vouloir respecter le seuil de 60 décibels (dB), a ajouté le professeur Keller. Ce niveau sonore se compare à une machine à laver ou un ventilateur. Or, le citoyen a cité des études qui témoignent qu’une exposition à plus de 47 dB la nuit contribuerait à réduire l’espérance de vie.

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) mentionne pour sa part que 50 dB représente le seuil de ce qui est considéré comme une nuisance. «Selon l’Organisation mondiale de la santé, le dérangement a un effet sur la santé et la qualité de vie des populations, même s’il n’est pas une maladie comme telle, peut-on lire sur le site de l’INSPQ. Sur le plan psychosocial, le dérangement, le mécontentement et le stress vécus à cause d’un environnement sonore bruyant peuvent donner lieu à des plaintes, à des poursuites ou à des problèmes d’acceptabilité sociale.»

Dans des études acoustiques qui comparent le niveau sonore actuel de celui projeté un an après l’ouverture du terminal, la firme Stantec affirmait en décembre dernier qu’«un niveau sonore de l’ordre de 70 dB au passage d’un avion n’est pas incompatible avec une activité résidentielle. En effet, le niveau de bruit ambiant dans un quartier résidentiel dense atteint régulièrement ces niveaux.» 

L’étude avançait aussi, à propos du moment où le terminal sera en fonction, que «la réduction de la courbe Ldn [niveau sonore jour/nuit sur une période de 24 heures] 60 dB est d’environ 20 %, soit une baisse significative».

Pour le professeur Keller, les données de Transports Canada, au sujet des normes NEF [prévision de l'ambiance sonore] sont obsolètes.

Perturbations atmosphériques

Selon des études consultées par le professeur Julien Keller, des molécules de sulfure, de benzène et de monoxyde de carbone, notamment, qui s’échappent des avions ont des impacts sur la qualité de l’air. Le citoyen cite une étude publiée par la revue scientifique Elsevier. «Les impacts sur la santé peuvent être nombreux et comprendre des naissances prématurées, des troubles pulmonaires ou la leucémie chez les enfants, a-t-il avancé. On estime qu’il y a beaucoup plus de morts par pollution atmosphérique que par accidents d’avion.»

Il dit être tombé en bas de sa chaise lorsqu’il a entendu la mairesse de Longueuil Catherine Fournier parler de la construction de 2000 logements près du site de l’aéroport. «C’est une hérésie à proximité d’un aéroport de quatre millions de passagers», a-t-il résumé.

Rappelons que quatre millions de passagers annuels est la capacité que pourrait attendre le futur terminal présentement en construction. 

Perte de valeur résidentielle

Finalement, le professeur Julien Keller prétend que le Noise depreciation index, étudié dans quelques pays, entre autres le Canada, les États-Unis et en France, fait perdre de la valeur aux résidences à proximité d’un aéroport. «Ça dépend des pays, mais au Canada, on parle de 1 % de perte par décibel au-delà du seuil, affirme M. Keller. Ce qui s’observe parce qu’ici, les gens veulent profiter de leur cour.»

D’autres thèses lues par le militant laissent croire à un renforcement des inégalités sociales autour des aéroports.