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Aéroport de Saint-Hubert: « On est écoeurés du bruit »

le mercredi 17 avril 2019
Modifié à 19 h 58 min le 17 avril 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

LONGUEUIL. L’arrivée des Boeing 737-200, dont des vols de nuit, à l’aéroport de Saint-Hubert n’est pas passée inaperçue. Les citoyens riverains, qui composent déjà avec les posés-décollés des écoles de pilotage, redoutent la multiplication des vols commerciaux, qui ne ferait qu’aggraver le «supplice de la goutte» qu’ils disent subir. Ils demandent aux élus d’agir. «Quand avez-vous l’intention d’arrêter d’en ajouter du bruit dans cet aéroport? On est écoeurés», a clairement exprimé Chantale Nicole, applaudie par de nombreux citoyens. Mme Nicole n’en est pas à sa première intervention à ce sujet au conseil municipal. Mais ce qui a changé depuis mars, ce sont les vols de Boeing 737-200. «C’est vraiment l’fun, se faire réveiller à 3h26 par un Boeing, a-t-elle ironisé. Ça donne des sueurs, des palpitations, on n’est pas capable de se rendormir avant l’avion du courrier de 4h05.» Le nombre de vols des Boeing 737-200 de Chrono Aviation semble respecter ce qui avait été annoncé, soit un décollage de nuit par semaine et quelques atterrissages. Mais il ne s’agit pas du seul transporteur à voler après minuit. Selon la porte-parole et présidente du Comité anti-pollution des avions de Longueuil (CAPA-L) Johanne Domingue, jusqu’à huit vols peuvent être entendus en une nuit. À quel prix? Les déclarations du président du C.A. de DASH-L Charles Vaillancourt au cours des dernières semaines ont suscité de vives réactions chez les citoyens. Ils ont également ciblé des propos qui avaient été prononcés par le vice-président de Chrono Aviation Dany Gagnon. Ce dernier avait avancé que l’aéroport de Saint-Hubert ne pouvait se permettre d’instaurer des mesures telles que des couvre-feux, comme c’est le cas à Dorval, étant donné qu’il cherche à se développer et à attirer de nouveaux joueurs. «C’est désolant qu’on soit rendu là pour développer un aéroport. À quel prix pour les citoyens?» a questionné Mme Domingue. Citoyen de la rue Rougemont, Jacques Morin y voit un «appauvrissement involontaire», alors qu’il a pu remarquer au fil des ans que le doux chant des oiseaux qui le réveillait a fait place à celui «des oiseaux d’acier de la volière DASH-L». Comme d’autres citoyens, il s’est inquiété des impacts du bruit et de la pollution de l’air sur la santé publique. Il a appelé la mairesse Sylvie Parent à utiliser son «pouvoir d’influence [...] pour faire en sorte que le développement aéroportuaire respecte le bien-être des résidents, qu’il se fasse avec discernement et précaution, dans le contexte d’urgence climatique qui est le nôtre». Un résident de Saint-Lambert a aussi joint sa voix au débat, invitant la Ville et DASH-L à développer un stratégie de «transparence et d’imputabilité» à l’égard des citoyens. «Souvent, il suffit de peu pour arriver à une meilleure acceptabilité sociale», a signifié Claude Ferguson. Qui est redevable? Les citoyens ont aussi questionné le réel pouvoir d’intervention de la Ville de Longueuil dans le dossier, DASH-L étant l’OBNL en charge de la gestion de l’aéroport. Rappelons que seule la conseillère municipale Nathalie Boisclair siège au conseil d’administration de DASH-L. «Je doute du pouvoir des élus dans la structure de DASH-L, [qui profite] de subventions et qui distribue généreusement les inconvénients en retour aux citoyens et les profits aux entreprises privées, a estimé M. Morin. Qui est redevable, imputable, responsable devant la population?» Le CAPA-L, voix des citoyens La porte-parole du CAPA-L a fait écho aux propos de Charles Vaillancourt qui questionnait la représentativité du regroupement citoyen. Il s’appuyait notamment sur les nombreux commentaires d’internautes qui se prononcent en faveur du développement de l’aéroport. «Le CAPA-L, c’est un conseil d’administration de huit membres et un regroupement de plus de 300 membres», a-t-elle illustré. Mme Domingue espère vivement que le comité consultatif sur le climat sonore puisse reprendre ses activités. Les courbes de bruit, le nombres de mouvements à l’aéroport et le niveau sonore sont des éléments qui doivent être analysés par le comité, a-t-elle identifié. «Développement intelligent» Le chef de l’opposition Xavier Léger s’est dit en faveur d’un développement économique «intelligent». Il a cité à ce titre le projet d’incubateur d’entreprises que Nolinor compte mettre en place dans le hangar H18 acquis l’an dernier. Il s’est dit dérangé par les propos du président du C.A. de DASH-L, qui avait rappelé par voie de communiqué que les aéronefs sont autorisés à voler en tout temps. «À Dorval, tout est encadré, il y a un couvre-feu, mais ici, on veut du développement économique a tout prix», a déploré M. Léger. Le chef de l’opposition a aussi appris que des Boeing 737-200 font des vols Montréal-Iqaluit en passant par l’aéroport de Saint-Hubert. «En une journée, ils ont fait trois fois un aller-retour Montréal / Saint-Hubert. C’est un autre vice caché de DASH-L, a-t-il accusé. L’aéroport est utilisé comme un parking d’avions.» Interpellée à quelques reprises par les citoyens, la conseillère Nathalie Boisclair a assuré qu’une «cohabitation la plus harmonieuse possible» ainsi que l’écoute dont DASH-L doit faire preuve sont de grandes préoccupations à ses yeux. «L’aspect du bruit doit faire l’objet d’une attention constante, et c’est en ce sens que j’agis», a-t-elle assuré. Concernant le traitement des plaintes, elle a rapporté que DASH-L avait réagi à la suite de celles portées contre des tests d’essais effectués le 10 avril, entre 18h et 18h30. Les tests d’essai pour les entretiens seront dorénavant réalisés près du boul. Clairevue, plus loin du secteur résidentiel.