Opinion
Tribune libre

Apollo 11 et le Québécois ingénieux

le mercredi 17 juillet 2019
Modifié à 13 h 24 min le 17 juillet 2019

Il y aura bientôt 50 ans, le 20 juillet 1969, que l’homme a marché sur la Lune. À LIRE AUSSI: Il y a 50 ans, Longueuil touchait le sol lunaire Nous nous souvenons aujourd’hui de notre père Fernand Michon (1916-2008), qui a fait partie de cette grande aventure d’Apollo 11 en tant que responsable de la fabrication des pattes du module lunaire. Il était alors surintendant de l’outillage et de la machinerie chez Héroux Machine Parts à Longueuil (aujourd’hui Héroux-Devtek). Contrairement à la compagnie Grumman, qui n’avait pu livrer le module lunaire à temps pour la mission préparatoire d’Apollo 8 en décembre 1968, Fernand Michon, lui, avait fait expédier, dans les délais prévus, 17 séries de quatre pattes destinées aux différents vols habités du programme Apollo. Parmi toutes les compagnies qui avaient répondu à l’appel d’offre de la NASA, seule la compagnie Héroux avait réussi à fabriquer ces éléments indispensables à l’alunissage. Plusieurs compagnies américaines, concurrentes d'Héroux, avaient tenté de relever le défi, mais sans succès. Fabriquées dans un alliage ultraléger fourni par l’agence spatiale américaine, les pattes du module lunaire avaient tendance à se déformer au cours de leur fabrication. L’opération consistait alors à amincir progressivement ces cylindres afin d’en arriver à l’épaisseur prescrite par la NASA. Parmi tous ses concurrents nord-américains, notre père a été alors le seul à pouvoir fabriquer la machine capable d’accomplir cette tâche. Pour contrôler la pression exercée sur les cylindres lors de leur fabrication, il avait imaginé un dispositif simple et ingénieux, constitué à partir d’engrenages d’une roue de bicyclette. Il pouvait ainsi facilement régler la vitesse de la machine et éliminer le problème de la déformation des pattes. Le 3 décembre 1969, six mois après le vol historique d’Apollo 11, notre père eut le plaisir de rencontrer à Montréal les trois astronautes, Neil Armstrong, Edwin "Buzz" Aldrin et Michael Collins. À son intention, Buzz Aldrin lui remit ce petit mot écrit de sa main: «Thanks for your beautiful legs». Pour les trois astronautes qui avaient la réputation de ne pas être trop loquaces, ces cinq petits mots en disaient long sur leur gratitude à l’endroit de notre père, artisan modeste, compétent et ingénieux, entièrement dévoué à ce travail dont il ignorait d’ailleurs au départ l’affectation. Jacques Michon et Claude Michon, Longueuil, juillet 2019